« C'est impossible, dit la Fierté.
C'est risqué, dit l'Expérience.
C'est sans issue, dit la Raison.
Essayons, murmure le Coeur. »-William Arthur Ward
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Aria, Paris.
La jeune femme regardait frénétiquement sa montre. Elle s'était postée au plus proche du portail, attendant impatiemment que sa soeur sorte de l'école. La sonnerie indiquant la fin de la semaine retentit et elle ne pouvait s'empêcher de guetter une tête blonde parmi les enfants. Enfin, Nina la délivra de son empressement et elle s'abaissa pour lui tendre sa joue.
« Pourquoi tu as une valise ? demanda la petite.
- Il faut qu'on se dépêche, expliqua-t-elle en prenant sa main pour la tirer vers la bouche de métro la plus proche. On prend le train pour Rouen dans 45 minutes.
- Mais, pourquoi ? Le rendez-vous a été avancé ? Je... Je... n'ai pas la robe que j'avais prévue de mettre pour voir papa, paniqua Nina.
- Ne t'inquiète pas, je l'ai prise. La visite sera bien demain. On va dormir sur place ce soir.
- Pourquoi ? On va chez les parents de Thomas ? se renseigna-t-elle.
- J'avais envie. Et non ce n'est pas chez les parents de Thomas.
- Chez qui alors ? La plus grande esquissa un sourire. On va chez Pascale et Jean-Jacques ? L'aînée acquiesça. Pierre est au courant ?
- Non, je sais que tu es son équipière mais c'est une surprise.
- Il va être content de te voir.
- J'espère, se murmura-t-elle pour elle-même. Ça lui fera plaisir que tu sois là aussi, fit-remarquer la brune. »
Une fois qu'elles furent toutes les deux installées dans le train, Aria se laissa aller à l'analyse de ses pensées, tandis que Nina s'endormait en se blottissant contre elle. Elle n'avait aucune raison d'agir ainsi. Et Pierre n'était sûrement pas obligé de l'accueillir à bras ouverts. Mais elle en avait envie. Et ce sentiment surpassait tout le reste. Tant pis s'il décidait de la chasser de sa vie une bonne fois pour toutes. Elle était prête à encaisser les coups tant qu'elle savait qu'elle aurait tout donner pour sauver cette relation avec un homme qu'elle aimait et qui lui apportait tellement. Et surtout, elle était prête à réparer le mal qu'elle avait causé. Elle lui avait promis qu'elle soutiendrait toutes les parties de son être, parce qu'elle aimait le vrai lui, mais aussi le Pierre pilote. Et elle avait failli. Elle avait eu peur. Elle avait repoussé les contraintes de sa vie de célébrité alors que lui-même en subissait les conséquences. Elle avait été égoïste, agissant comme quelqu'un qui ne prendrait que le meilleur de la situation. Désormais, elle savait qu'elle avait eu tord, et elle regrettait ses actes bien qu'ils lui avaient permis de se rendre compte qu'elle tenait terriblement à lui. Cependant, elle avait trahi sa promesse alors que c'était selon sa Nonnina, la chose la plus importante. Le témoin d'une humanité certaine. La plus belle preuve d'amour. Et elle se devait de lui réaffirmer tout ce qu'elle éprouvait.
Un immense stress envahit son corps alors qu'elle remontait la rue de la maison d'enfance de Pierre, une main dans celle de sa sœur. Elle vérifia une dernière fois l'adresse qu'elle avait obtenue en expliquant son projet à Charles. Ce dernier l'avait d'ailleurs encouragée à foncer et à arrêter de se poser des questions. Aria n'aimait pas se sentir vulnérable. Malgré toutes les épreuves qu'elle avait traversées, elle ne s'était jamais sentie autant au bord du gouffre. La vie l'y avait souvent précipitée et elle en était toujours revenue. Mais cette fois, elle s'y jetait de son plein gré. Et elle avait compris que ça ne pouvait pas fonctionner si elle n'y plongeait pas toute entière, la tête en avant.
La jeune femme se demanda ce qu'elle faisait là. Alors, elle chercha un peu d'encouragements dans le regard de sa sœur et se décida à appuyer sur la sonnette. L'attente ne dura que quelques secondes mais elle lui sembla une éternité. La plus longue de toute sa vie. Elle venait de sauter. Sans parachute.
La porte s'ouvrît. Aria ne croisa pas les yeux bleus océans qui lui manquaient tant. Le père du rouennais se tenait sur le pallier. Il les détailla du regard avant d'esquisser un léger sourire et de faire demi-tour, laissant la porte entrouverte. La panique. Le souffle de la brune se coupa. Elle aurait aimé trouver les mots qu'il aurait été poli de prononcer. Mais rien. Elle se remit simplement à respirer lorsqu'elle entendit la voix grave du patriarche annoncer « Pierre, c'est pour toi ! ».
Le soulagement. Elle se reprit bien vite en pensant qu'elle n'avait aucune idée de la manière dont il allait réagir. Tout restait à jouer. La main de Nina tremblait dans la sienne trahissant toute son excitation. Et la porte finit par s'ouvrir à nouveau. Il baissait les yeux, et elle fut déçue de ne pas pouvoir le contempler. Il releva la tête, s'arrêtant un très court instant sur Nina puis la fixant intensément. Ses lèvres s'étirèrent ce qui provoqua une bouffée de chaleur dans tout son corps qui devait être perceptible par ses joues qui chauffèrent immédiatement.
Il ne dit rien, se contenta de la regarder. C'était à elle de parler, Aria le savait. C'est elle qui avait pris la décision de revenir.
« Salut, elle se trouva ridicule dès que les mots sortirent de sa bouche. Je t'avais promis de te soutenir. Je me suis juste un peu perdue en chemin. Je suis désolée. C'était mieux et elle fut rassurée lorsqu'elle le vit sourire un peu plus si c'était possible. Il se baissa rapidement pour prendre la fillette dans ses bras et lui murmurer quelques mots à l'oreille qui échappèrent à l'aînée. Il se redressa, toujours une main sur l'épaule de la petite.
- Nina, les monstres sont en train de manger à l'intérieur. Je suis sûr qu'ils seront contents de te voir. Et que tu dois avoir très envie de manger le plat que maman a préparé ! Elle hocha la tête et il l'invita à entrer avant de refermer la porte sur elle. Il se tourna alors vers la brune. Tu es revenue ? Elle se contenta d'agiter sa tête de haut en bas pour approuver.
- Pierre... Je suis désolée. Je n'ai pas été à la hauteur. J'ai été injuste avec toi. Je ne sais même pas si j'ai vraiment le droit de me pointer comme ça, sur un coup de tête, chez tes parents...
- Aria...
- Non, laisse moi finir s'il-te-plaît. Je t'aime. Je t'aime tellement et ça m'a fait peur. Ça m'a fait mal. Mais je crois que ce sont des sentiments plutôt sains. Il y a une citation qui dit que si nous n'avons pas peur, cela signifie que nos rêves ne sont probablement pas assez grands... expliqua-t-elle.
- Et toi ? De quoi tu rêves Aria ?
- Que tu me pardonnes. Et d'un avenir avec toi. De ce que tu voudras bien me donner. Les larmes montaient déjà à ses yeux, elle qui s'était promis de ne pas craquer. Mais ses émotions la submergeaient. Elle avait encore du chemin à faire pour combattre son hypersensibilité.
- Je pense que c'est un rêve qu'on peut réaliser, répondit-il simplement avant de faire un pas vers elle. »
C'est le signal qu'elle attendait pour s'approcher de lui à son tour et lever les yeux vers son visage. Ses iris d'un bleu profond. Sa barbe de trois jours. Ses lèvres rosées. Elle se mit sur la pointe des pieds pour coller son front au sien et partager ainsi un regard rempli d'intensité. Et puis, Aria ne savait même plus qui avait pris l'initiative de déposer un baiser sur la bouche de l'autre mais elle profita de cet échange aux mille et une saveurs. C'était des excuses. Des pardons. Des réconciliations. Des promesses. De l'amour. De la passion. Du bonheur.
Lorsqu'ils se séparent, la jeune femme eut plaisir à sentir la main du pilote essuyer les pleurs qui perlaient sur ses joues.
« Il n'y a rien à pardonner, murmura-t-il. Je t'aime, et c'est tout. Je priais les étoiles de me rendre ma lune pour éclairer mes nuits.
- Sans mon soleil, je n'étais pas capable de briller assez pour te montrer que j'étais toujours là, affirma-t-elle.
- Je propose qu'on ne s'éloigne plus dans ce cas, sourit Pierre.
- Je t'aime aussi. »
Et leurs lèvres se retrouvèrent. Ce soir, le ciel était à nouveau complet. Tous les astres qui le composaient avaient repris leur place. Et ils étaient alignés. En parfaite symbiose.
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Mes petits cœurs sont réunis ♥️
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LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY
RomanceLui est pilote en F1 et ne pense qu'à travailler pour son avenir. Elle est étudiante et a tout perdu. Ou du moins, elle a beaucoup perdu et elle vit pour échapper à son passé. Une frontière sépare leurs deux mondes. Mais pourtant, ils se rencontrent...