LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY

39. Poids.

"or those with guilt
For those who wilt under pressure,
No tears over spilt milk
Sunday
Sunday"

-Sia, Sunday

...

Nina. Monaco.

Aria terminait de signer les derniers papiers. La délivrance sonnait enfin pour l'adolescente qui était autorisée à quitter l'hôpital après que son hématome à la tête se soit correctement résorbé. Elle était contente de rentrer et de retrouver un environnement plus familier bien que sa soeur et Pierre avaient tout fait pour rendre cette semaine un peu plus agréable, notamment en étant présents tous les jours pour elle.

« Andiamo tesora ! s'exclama la brune après avoir posé le stylo et remercié l'infirmière.

- Pierre vient nous chercher ? demanda finalement Nina alors que son aînée prit place derrière son fauteuil roulant pour la pousser vers le parking.

- Il nous prépare un petit plat pour fêter ton retour à la maison, répondit-elle. La blonde sourit. "La maison." Cela témoignait qu'une certaine fluidité était revenue entre les deux adultes.

- Mais on va rentrer comment ? Sa soeur agita un trousseau de clés devant les yeux la benjamine qui put apercevoir un médaillon sur lequel figurait un "A". Elle reconnut instantanément le logo de l'écurie pour laquelle courait le pilote. Elle savait que le rouennais aimait d'autant plus les produits dérivés qu'ils arboraient aussi l'initiale de celle qu'il avait aimée. Il te laisse son bijou ? sourit-elle finalement.

- Il me laisse son trésor pour transporter son autre trésor, précisa Aria.

- C'est une belle preuve de confiance.

- J'ai déjà conduit l'Alpine, tu sais ? se sentit-elle obligée de demander. »

Nina se souvenait de la première fois qu'elle avait pris le volant et de Pierre qui essayait de cacher son léger stress en donnant tout un tas de conseils à la brune. Il fallait le comprendre en même temps, elle-même n'avait que rarement vu sa soeur conduire.

Le trajet passa rapidement et l'adolescente ne pût s'empêcher de prendre une grande inspiration en passant la porte de l'appartement. La douce odeur d'un repas qui dorait au four lui lécha les narines. Et elle s'insinua dans son corps, emplissant chacun de ses organes et surtout, comblant son coeur de bonheur. Cette sensation d'être à la maison. Ces petites attentions qui se superposaient à tout ce qu'elle avait connu il y a des années.

Elle avança difficilement dans le couloir pour rejoindre le salon en s'appuyant sur ses béquilles. Elle aperçut Pierre dans la cuisine qui dodelinait de la tête sur le rythme de la musique qui avait envahi la pièce. Il leva les yeux vers elle.

« Bienvenue à la maison Ninouche ! »

Il s'approcha d'elle pour l'éteindre sous le regard attendri de Aria. Tout était enfin parfait.

« J'espère que tu as faim, reprit-il en ouvrant le four pour en sortir des lasagnes aux légumes et les déposer au centre de la table.

- J'en rêvais... soupira la jeune fille. Vous m'avez habituée à trop bien manger. Les repas de l'hôpital, c'était vraiment pas pour moi ! se plaignit-elle sous le rire des deux jeunes adultes. »

Ils s'installèrent tous les trois autour de la table pour déguster ce plat si symbolique. Il avait perdu de son goût il y a quelques semaines, alors que Pierre et Nina l'avaient partagé avec quelqu'un d'autre. Une trahison. Aujourd'hui, il retrouvait la totalité de ses saveurs. Celles du passé qui laissaient espérer la découverte de nouveaux horizons à l'avenir.