LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY

53. Quelqu'un.

« Coldest winter for me
No sun is shining anymore
The only thing I feel is pain
Caused by absence of you »

-Milky chance, Stolen dance

···

Pierre. Paris.

La brune venait de lâcher sa main et lui imposa un rythme de course pour regagner son appartement. Dès que ses doigts lui échappèrent, Pierre fut déçu. C'était la fin de cette histoire, il devait se faire une raison. Il avait essayé de lutter une dernière fois, espérant avoir encore une chance. Mais à quoi bon s'il était désormais le seul à y croire ? Le seul à se battre ? Le soleil finit toujours pas se lever et il emporte avec lui tous les rêves de la nuit.

Les deux jeunes adultes arrivèrent devant la porte. Alors qu'Aria la déverrouillait, il attrapa son poignet pour la regarder dans les yeux une dernière fois. Il aurait aimé y voir de la colère envers lui, du dégoût, de la déception, quelque chose qu'il l'aiderait à se conforter dans l'idée que sa décision était ferme et que l'amour qu'elle avait pu ressentir laissait maintenant place à une profonde aversion. Mais il ne perçut rien de tout ça dans ses iris qui mélangeait à la perfection vert et marron, deux couleurs sublimées par des taches dorées. Seule la tristesse transparaissait. Elle n'avait pas menti. C'était dur pour elle aussi mais c'était sans doute la plus sage décision.

« Merci, dit-il simplement. »

Et elle hocha la tête pour toute réponse. Elle n'était pas obligée de lui accorder cette faveur. Mais Pierre ne voulait pas partir comme un voleur, d'autant plus que Nina s'était attachée à lui et elle avait déjà connu trop de déceptions dans sa vie pour qu'il lui donne une raison supplémentaire de ne plus croire en l'amour et en l'humanité. Et par dessus tout, le pilote savait que la petite fille était la corde sensible de la franco-italienne et que même si ça lui faisait du mal de le revoir, elle le ferait pour que sa sœur se sente bien.

Ils pénétrèrent dans l'appartement qui était plongé dans la pénombre. Aria ouvrit les volets à moitié pour laisser une douce lumière réchauffer la pièce.

« Tu veux aller la réveiller ? Demanda-t-elle. »

Pierre se contenta de faire un signe de la tête. Il n'en demandait pas tant. Il ouvrit délicatement la porte de la chambre et ne put retenir un sourire en voyant seulement sa chevelure blonde dépasser des draps. Il s'approcha et caressa son crâne.

« Debout mon équipière ! Nina ouvrit difficilement les yeux. Elle les frotta plusieurs fois et ses pupilles s'écarquillèrent, comme si elle ne croyait pas ce qu'elle avait devant elle. Elle soupira et se laissa tomber sur le lit. Il faut te lever Miss, Aria te prépare un bon petit-déjeuner, reprit-il. Elle se leva d'un bond.

- Pierre ? C'est toi ? S'exclama-t-elle.

- Et oui Madame Blanchard, ria-t-il.

- Tu es revenu pour de vrai ? Le coeur de Pierre se serra instantanément. Il n'avait pas pensé une seule seconde aux faux espoirs que sa présence pouvait lui insuffler. Il avala difficilement sa salive.

- On va en parler, tu viens déjeuner. Il ne faudrait pas être en retard à l'école... »

Elle se leva alors rapidement de son lit et se dirigea vers la cuisine en courant. Le châtain la suivit et s'imprégna de la joie qui s'emparait de la fillette lorsqu'elle s'attabla devant les pancakes réchauffés par sa sœur.

« Aria... commença-t-elle en laissant traîner la dernière syllabe d'un air espiègle.

- Oui ma puce ? L'aînée leva un sourcil.