« Confronté à une épreuve, l'homme ne dispose que de trois choix : 1. combattre, 2. ne rien faire, 3. fuir. »
-Henri Laborit
···
Aria. Paris.
« Tu vois, je t'avais dit que nous ne vivions pas dans le même monde. Je t'intéressais seulement parce que j'étais la petite lumière mystérieuse qui courait dans la nuit. Mais maintenant, tu sais la vérité. Je m'en vais, et cette fois, je ne me retournerai pas. Et je ne te laisserai pas m'avoir. »
Elle avait débité tout ça, les larmes aux yeux. Et il restait là, à la fixer. Un instant, elle regretta d'avoir prononcé ces paroles et d'avoir révélé d'où elle venait. Elle n'était pas entrer dans les détails et avait préféré ces mots crus. Devant là non-réaction du pilote, elle tourna les talons pour rentrer. Elle avait perdu la notion du temps et sa sœur devait déjà être éveillée à l'attendre, impatiente de passer une journée avec Pierre, ce qui ne se produirait finalement pas. Elle allait devoir gérer sa déception, en plus de ses propres sentiments.
« Aria, attends... S'il-te-plaît. »
Il lui avait saisi le poignet pour la retenir et son ton sonnait comme une supplication. Elle leva les yeux au ciel pour essayer d'en chasser ses larmes. Pourquoi il rendait ça si difficile.« Pierre, je...
- Non, laisse moi parler. Je suis prêt à t'aider, à être présent pour toi, pour Nina, à t'écouter, à aller à ton rythme.
- Tu ne fuis pas ? le questionna-t-elle, surprise. Tu devrais.
- Pourquoi tu me repousses ? Je croyais qu'on avait dépassé ça.
- Pierre, écoute. Je suis désolée si je t'ai fait espéré quelque chose. Je me rends simplement compte que je ne peux pas te faire rentrer dans ma vie et dans celle de Nina. C'est compliqué pour nous en ce moment, et elle a besoin de stabilité.
- Mais... tenta-t-il de répliquer. La jeune femme ne le supportait plus, elle ne pourrait pas résister indéfiniment à ses yeux bleus azur qui pétillait sous la menace de larmes qui n'attendait qu'un nouveau coup de sa part pour couler sur ses joues. Elle lui en voulait, certes. Après tout, il lui avait menti et il avait racheté sa maison d'enfance dans son dos. Mais elle voyait également la pureté et la tristesse qui se dégageaient de son regard. Il était sincère quand il disait vouloir l'aider et être présent dans sa vie.
- Pierre, le coupa-t-elle. Je suis désolée mais si mon histoire ne te fait pas fuir. Moi, je vais devoir le faire. C'est trop dur. »
Cette fois, elle partit sans se retourner. Elle suffoquait. Elle avait pourtant appris qu'un jour ou l'autre, les personnes de son entourage finissaient par la quitter, parfois, malgré elles. La jeune femme courait pour échapper à cette peine qui l'envahissait et surtout, à ce sentiment de culpabilité. Elle s'était laissée aller à penser qu'il était possible qu'ils restent en contact, qu'ils partagent quelque chose, n'importe quoi. Mais la peur de sortir de cette routine qu'elle essayait de bâtir était bien trop forte. Elle ne pourrait jamais lui rendre tout ce qu'il lui donnait. Ses poumons la brûlaient. Elle suffoquait et perdait pied à nouveau. Impossible de respirer ou de calmer son souffle.
« Aria ! Attention ! »
Elle tourna la tête pour lui lancer un dernier regard d'adieu mais ne put l'apercevoir. Elle entendit des pneus crisser. Un freinage brusque. Un klaxon lointain. Des phares aveuglant l'obligeant à fermes les yeux. A maintenir ses paupières closes. Comme si ça pouvait stopper le temps. Empêcher l'inévitable. Tout son corps se contracta. Sa mâchoire se serra. Un frison parcourut son échine. Et le choc. La douleur qui atteignait son paroxysme et qui balayait tout sur son passage. C'était une souffrance qui, cette fois, était bien réelle. Elle paraissait presque saine car elle pouvait déterminer d'où elle venait. Le sol froid. L'odeur du bitume. Des cris. De l'agitation. Une main qui frôlait la sienne. Une main chaude. Et puis, le noir. Le vide. Rien. Plus rien.
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LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY
RomanceLui est pilote en F1 et ne pense qu'à travailler pour son avenir. Elle est étudiante et a tout perdu. Ou du moins, elle a beaucoup perdu et elle vit pour échapper à son passé. Une frontière sépare leurs deux mondes. Mais pourtant, ils se rencontrent...