LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY

7. En guerre.

"And if the sun's upset and the sky goes cold
Then if the clouds get heavy and start to fall
I really need somebody to call my own
I wanna be somebody to someone
Someone to you"

-Banners, Someone to you

...

Pierre. Monaco.

La main encore serrée sur la poignée, le châtain regrettait de se retrouver dans cette situation. Il consulta rapidement son téléphone et rouvrit la porte pour se lancer à la poursuite de la jeune femme qui venait de quitter son appartement. Il la trouva assise dans les escaliers alors qu'elle passait ses mains sur ses joues, sûrement pour essuyer les larmes qu'elle s'était retenue de verser.

« Aria... soupira-t-il.

- J'ai oublié un truc ? Nina a besoin de quelque chose ? Demanda-t-elle en tournant la tête vers lui, se forçant à esquisser un sourire.

- Je vois que tu n'as pas changé hein ?

- C'est gentil, t'as un peu vieilli toi par contre.

- Seulement un peu de maturité, relativisa-t-il. Tu sais, la trentaine...

- Aoutch, commenta-t-elle. Il se laissa finalement tomber à ses côtés en restant à une distance qu'il jugeait respectable.

- Je suis désolé de te revoir dans ces circonstances.

- Je l'ai bien cherché... Je fais en sorte de t'éviter dès que tu passes à Paris pour revoir Nina. Elle avait raison, elle s'était arrangée pour ne jamais être de nouveau confrontée à lui depuis qu'ils s'étaient dits adieu. Et il lui en était secrètement reconnaissant car il ne savait pas s'il aurait eu la force de la regarder dans les yeux. De toute façon, il n'aurait eu aucune idée du comportement à adopter. Aujourd'hui la situation était différente. Il avait digéré ce qu'ils avaient pu traverser. Mais près de deux ans après, il lui était toujours aussi difficile de voir des larmes sur son visage. Après tout, Aria avait énormément compté pour lui. Et en faisant partie intégrante de la vie de Nina, il se souciait forcément du bien-être et du bonheur de sa sœur.

- Je n'ai pas beaucoup essayé de te contacter moi aussi, reconnut-il.

- Disons qu'on a fait comme on a pu, avec ce qu'on avait, conclut-elle. Pierre était surpris de voir qu'elle ne semblait nourrir aucune haine contre lui. Mais c'était ce qu'il ressentait également. Il était bien incapable de la détester.

- C'est vraiment sans espoir que tu obtiennes sa garde ? Demanda-t-il finalement.

- On ne sait même pas ce qu'il va demander. Normalement j'ai sa tutelle seulement parce qu'il est en prison... Je ne sais pas comment ça peut se passer. J'aimerai ne pas y penser. Mais je dois me préparer à toute éventualité.

- Si tu as besoin d'aide, je peux demander à mon staff... Tu sais, s'ils connaissent un bon avocat...

- C'est gentil Pierre... commença-t-elle. Le jeune homme savait ce qui allait suivre. Elle allait décliner. C'était évident. Il la connaissait trop bien. Mais je vais me débrouiller. Je me débrouille toujours.

- Je sais... soupira-t-il dans un long silence. Le pilote fixa la jeune femme qui se tenait à ses côtés. Il l'avait connue par cœur, partageant sa vie avec elle pendant trois ans. Et il se demandait si ce qu'il savait avait pu évoluer, si elle avait toujours les mêmes habitudes, si elle avait changé quelque chose. Ses cheveux étaient plus courts. Un carré qui encadrait parfaitement son visage. Elle semblait encore plus indépendante. Encore plus mûre. Il n'osait pas prononcer à haute voix les idées qui lui passaient par la tête. Mais il n'aurait probablement pas d'autre occasion. Je sais que le contexte n'est vraiment pas favorable... commença-t-il. Mais je suis vraiment heureux de passer un peu de temps avec Nina. Pierre ne s'était pas aventuré jusqu'à expliquer que revoir Aria était aussi un soulagement. Il pouvait ainsi constater qu'elle allait bien et qu'elle avait continué sa route. Son bonheur lui importerait toujours, rien qu'un petit peu.