35. Toujours.

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"I can't understand
What makes a man
Hate another man
Help me understand"

-Depeche Mode, People are the people

...

Raison de ce chapitre surprise à la fin... Veillez à bien avoir lu celui qui a été posté ce matin (numéro 34).

...

Nina. Monaco.

Le noir. Celui qui nous enveloppe lorsque nous sombrons dans l'inconscient. Celui dans lequel nous espérons trouver un réconfort. Un monde imaginaire dans lequel nous nous sentons bien. Dans lequel nous nous sentons nous-mêmes. Une histoire enchantée. Un endroit où s'échapper. Un rêve.

Un lieu que le cerveau de Nina n'arrivait pas à recréer cette nuit là. Une évasion qui lui était refusée et qui laissait place à l'horreur. Une angoisse qui faisait trembler tout son corps. Et qui l'empêchait d'ouvrir les yeux. Elle voyait son visage. Ses pupilles dilatées. Elle pouvait sentir la main qui serrait son poignet. Et qui continuait de le comprimer malgré ses protestations. La prise était de nouveau renforcée. Alors elle n'arrivait même plus à parler. Elle fermait les paupières pour oublier ce qu'elle ressentait. Mais il lui était impossible de ne pas entendre son coeur battre la chamade. De pas percevoir sa peau moite. En sueur. Et elle s'en remettait au ciel pour que ça n'aille pas plus loin. Ou pour que ça se termine très vite.

« Nina ! »

Une voix lointaine. Son imagination qui essayait de lui faire penser à autre chose. De détourner son esprit en mélangeant plusieurs réalités.

« Réveille-toi. »

Pour vivre ce cauchemar ? Hors de question. Nina s'efforça de maintenir ses yeux clos.

« Ce n'est qu'un mauvais rêve. »

Quoi ? Tout se superposait dans sa tête. Elle n'était plus capable de distinguer le vrai du faux. Elle avait peur de se réveiller et de retomber dans une situation qui serait encore pire.

« Ninouche ! »

Il n'y avait que deux personnes qui l'appelaient ainsi. Et il était impossible qu'elles lui causent le moindre tord ou qu'elles lui fassent le moindre mal. Alors, dans l'espoir de quitter ce monde angoissant et de trouver du réconfort, elle se força à ouvrir les paupières.

Un homme se tenait devant elle. Mais pas celui de ses cauchemars. C'était Pierre. Juste Pierre. Elle hoquetait. A court de souffle. Rassurée. Soulagée.

« Hey, c'est rien ! »

Il s'approcha de l'adolescente et elle ouvrit les bras pour quémander une étreinte réconfortante. C'était le seul endroit où elle voulait être à ce moment précis. C'était comme un rêve. Il s'éloigna d'elle et la regarda dans les yeux. Il glissa son imposante main sur sa joue pour sécher les larmes qui y coulaient.

« Qu'est-ce qui te cause un si grand chagrin ? Il tourna la tête vers la porte qui s'ouvrit sur Aria, paniquée dès que les pleurs de Nina reprirent.

- Qu'est-ce qui t'arrive tesora ?

- Je... Je... sanglota-t-elle. Je dois vous dire quelque chose, lâcha-t-elle finalement. Les deux adultes froncèrent les sourcils et prirent place autour d'elle tandis que la blonde s'emparaient de leurs mains pour se donner du courage. Elle avait porter ce secret beaucoup trop longtemps, elle aussi. Je... Je suis allée le voir. Quand je suis allée à Rouen pour l'anniversaire de Barth'.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? l'interrompit sa soeur.

- Je... J'avais peur. Et je voulais lui dire que... Elle avala sa salive. Peu importe ce qu'il voulait, ou ce qu'un juge dirait, moi jamais je ne vivrais avec lui. Parce que il m'avait déjà pris trop de chose. Il m'a volé ma maman. Il m'a volé mon enfance. Il m'a volé la relation qu'une fille doit avoir avec son père. Et il n'y a qu'une personne qui m'a rendu tout ça. Qui a fait en sorte de m'élever comme sa fille. Qui a fait en sorte que je connaisse les mêmes choses que mes amis à l'école. Qui m'a offert une figure paternelle. C'est toi Aria. Alors, je voulais qu'il ait conscience de ça. Et je voulais lui dire ce que moi je désirais. Vivre avec toi. Avec vous. Même si vous êtes séparés. Elle avait déballé tout ça, d'un coup d'un seul. C'est exactement ce qu'elle lui avait dit. Mot pour mot. Il ne serait jamais un père pour elle. Et elle ne supporterait pas de quitter tout ce qu'elle avait connu. Le seul élément positif de sa vie. Sa soeur. Son pilier.

- Ninouche, murmura Aria, émue.

- J'ai pas fini, coupa-t-elle précipitamment. Je... Je lui ai dit tout ça. Et... Et il n'a pas apprécié. Je voyais bien lors des dernières visites qu'il n'aimait pas quand je parlais de Pierre et de toi, de la famille qu'on était. Mais là... Il m'a fait tellement peur. Son regard était noir. L'adolescente sentit la poigne du pilote se raffermir autour de sa main. Le regard de la brune se voila. Les tâches dorées qui pétillaient dans ses iris semblaient s'éteindre. Et... Il avait ses doigts sur mon poignet. Et il l'a serré. Fort. »

Elle renifla avant de relever sa manche gauche. Sa peau arborait des tâches violacées qui avait jauni par endroit, commençant à effacer ce cauchemar. Elle ne pouvait plus contenir les larmes qui noyait sa vision. Mais elle trouva le courage de lever les yeux vers les deux personnes qui comptaient plus que tout elle. Nina était honteuse. Et elle culpabilisait de ressentir une telle chose. La mâchoire de Pierre était contractée. Ses poings tellement serrés que ses jointures étaient blanches. Les joues d'Aria étaient mouillés. Ses prunelles, effarées. Et vides.

« Je vais le tuer, laissa échapper finalement le pilote.

- Non, opposa la jeune fille. Quoiqu'il se passe, quoique le juge décide dans quelques semaines, je voulais vous remercier. Ils la regardèrent, interloqués. Vous avez rendu ma vie meilleure. Et ce mois passé avec toi, Pierre. Je t'en ai fait bavé. Un petit peu. Mais tu m'as rappelé ce que c'était d'avoir une figure paternelle. D'avoir quelqu'un qui veille sur toi même si rien ne t'y oblige. Même si rien ne nous lie vraiment.

- Ninouche, on sera toujours lié, corrigea-t-il. Si tu savais comme je n'en ai rien à faire du sang, de l'administration et de tout le reste.

- Et tu as aussi contribué au bonheur de nos vies. C'est tout ce qui compte, confirma Aria. Mais... Ça n'empêche qu'il ne peut pas te faire ça. Il n'a pas le droit.

- Tu as pu faire notifier ce qu'il s'est passé à un gardien ? demanda le pilote.

- Je... Elle se sentit tellement idiote de ne pas y avoir pensé. Non, avoua-t-elle. Je... J'ai eu tellement peur. J'ai eu peur que mes journées ressemblent à ça si je devais aller vivre avec lui. Alors, je suis partie rapidement. Et vite. Je voulais retrouver Pierre. Être une fille normale. Sans problème. Sans avoir à me soucier de savoir si j'étais aimée ou non. Encore quelques jours.

- Tu seras toujours aimée, reprit Aria. Toujours. On se retrouvera. Et on va se battre, affirma sa soeur.

- Ensemble, reprit le châtain. »

...

Annonce de la prochaine partie plus tard dans la soirée.

Ce chapitre surprise parce que... (promis j'ai vraiment une raison!) J'ai mis un point final à ce tome hier (et donc à toute cette histoire) non sans émotions... Il me reste quelques relectures à faire mais ça y est. Tout est là...

J'ai tellement hâte que vous découvriez tout ce que je vous ai préparé. On a encore quelques chapitres à écrire ensemble.

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LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant