LE SOLEIL & LA LUNE - PIERRE GASLY

23. Les meilleurs réflexes.

« Il n'a plus rien. Tout est à lui. »

-André Gide, Les Faux-monnayeurs

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Pierre, Milan.

Le français se regarda une nouvelle fois dans le miroir afin d'arranger sa tenue. Il avait passé un simple jean noir ainsi qu'un pull fin blanc qui rappelait la couleur de ses baskets. Le tout était surmonté d'une épaisse veste de couleur verte. Il passa sa main dans ses cheveux et lâcha un profond soupir en fixant son reflet quelques secondes. Pierre réalisa qu'il était en train d'appliquer sa méthode de respiration pré-course pour calmer son stress. Il se trouva ridicule, là à stresser pour un rendez-vous alors qu'il vivait des situations bien plus dangereuses tous les week-ends.

Il se décida finalement à quitter son appartement et à affronter la foule qui arpentait les rues de la ville. Il jeta un œil à sa montre et pressa le pas pour ne pas être trop en retard, puis ralentit dans les derniers mètres pour ne pas être trop à l'heure. C'était vraiment tout un art ! En arrivant sur la place, il se dirigea au coin d'une ruelle qui symbolisait le point de rencontre qui avait été fixé. Il repéra rapidement la chevelure brune de celle qui tentait de l'apercevoir. La jeune femme tournait la tête, l'air inquiet sur son visage. Elle semblait aussi stressée que lui et Pierre ne put s'empêcher de trouver mignonne la moue qu'elle arborait.

« Ciao Marta ! S'annonça-t-il en tentant de perfectionner son accent italien. Je suis désolé pour le retard.

- Aucun soucis, je viens d'arriver ! »

Un silence s'installa alors entre les deux jeunes adultes. Ils ne se connaissaient pas vraiment. Ils s'étaient croisés lors d'une fête il y a quelques jours et avaient échangés quelques regards. Pierre avait finalement pris l'initiative de la contacter pour passer un moment ensemble.

« Euh... reprit-il en se passant une main dans les cheveux. On va boire un verre ? Je connais une petite terrasse sympa ? proposa-t-il.

- Avec plaisir, sourit-elle en lui emboîtant le pas. Ils déambulèrent dans les rues bondées alors que le soleil commençait à faiblir, laissant place à un ciel bleu nuit dégagé. Je suis étonnée que les gens ne t'arrêtent pas... fit-elle remarquer pour engager la conversation.

- Déjà, je ne suis pas si connu que ça. Je suis un français dans une écurie de bas de tableau... Et puis, quand on marche comme ça, je pense qu'ils n'ont pas le temps de réaliser qui ils ont en face d'eux. »

Le sujet le dérangeait un peu. Il avait déjà l'impression de passer pour une bête de foire, d'être catalogué comme le pilote de F1. Bien qu'il aimait ce qu'il faisait au quotidien, il ne pouvait s'empêcher de penser que couper un peu était agréable.

Ils s'installèrent alors à une table extérieure pour profiter de la douceur de la soirée qui s'annonçait bien que l'air était encore plutôt frais. L'endroit était assez cosy, de nombreuses plantes grasses imposantes meublaient l'espace et permettaient à Pierre de se cacher un peu des passants. Il tendit la carte à Marta afin qu'elle choisisse ce qu'elle souhaitait boire puis fit un signe au serveur pour passer commande.

« Ce sera un Mojito pour moi,

- Et une pinte de blonde s'il-vous-plaît, compléta le pilote. Alors raconte-moi, si je me souviens bien, tu bosses pour une compagnie aérienne ?