Une brève éclaircie traversa la couche cotonneuse qui couvrait le ciel, un flash sur une fenêtre l'éblouit. Elle se retourna pour savoir si quelqu'un d'autre l'avait aperçu.
Elle se tenait seule dans le silence oppressant de la chambre redécorée par l'accès de folie du sorcier. Une mouche cognait de manière répétitive à la vitre, espérant finir par passer au travers. Quelqu'un avait eu la merveilleuse idée d'allumer les mèches minuscules noyées dans la cire.
Six coups de tonnerre.
Six impacts résonnèrent dans la chambre, couvrant la frénésie de la mouche. Typhenn se coucha au premier, protégeant sa tête de ses bras. Les éclats de verre lui piquèrent la peau et rebondirent sur le plancher.Des griffes invisibles raclaient frénétiquement le bois dans le cercle. Les sillons s'illuminèrent d'une lumière chaude, dévoilant un autre monde à l'intérieur, plus clair, moins réel, qui ondulait à l'intérieur d'un halo.
Les griffes ne s'attaquaient pas plus loin que les six trous parfaitement espacés qui délimitaient sa prison. Six impacts de balles.
Le plancher vibrait sous ses pieds. Le bois craqua jusqu'à ce que les fissures relient les trous entre eux. Un cercle qui n'existait pas une minute plus tôt, apparu.
— Toujours en un seul morceau ? demanda Ronan dans le combiné. Sa voix sortait étouffée, à peine audible derrière le vacarme du bois qui se fissurait.
Typhenn comprit. Il avait utilisé les cercles pour ouvrir une porte. Dans un même temps, elle débita une salve d'obscénité dans le téléphone, auquel la tonalité répondit. Il avait raccroché.
Une créature gronda, certainement un akhou, un esprit mineur du Noun qui patientait de l'autre côté que le calme revienne. Or Ronan venait de lui faire le cadeau de lui défoncer la porte.
Typhenn releva la tête, un air chaud lui souffla au visage, une pluie de verre tomba de ses cheveux en poussière de fée, irritant sa peau.
Deux cornes enroulées sortirent des gribouillis, emportant un peu de craie au passage. La créature mythologique était beaucoup plus impressionnante que dans ses livres. La peau de sa face plate étrangement humaine formait un triangle noir qui descendait des tempes aux fentes des narines. L'akhou s'ébroua, secouant la magnifique crinière grise qui descendait dans son dos, les griffes acérées de ses quatre pattes grinçaient sur le bois.
Il chargea vers la fenêtre, rabotant les planches de ses griffes, avec une telle force qu'il serait stupide de le retenir. Typhenn se trouvait entre lui et la sortie.
La bête ne devait pas quitter le studio.
Typhenn se saisit de sa dague, se jeta en avant, juste assez pour l'éviter et la blesser d'un seul mouvement. La dague s'enfonça dans le cuir épais. La bête détendit une patte, envoyant Typhenn valser sur le côté. Son épaule heurta la commode dépourvue de tiroir. Ses rotules jouaient toujours aux castagnettes alors que la bête se redressait. Elle boitait, sa patte inutilisable, les traits plissés et furieux, déterminée à transformer Typhenn en petits morceaux.
Elle chercha à tâtons la dague qu'elle avait laissé tomber. Son épaule douloureuse rendait ses mouvements patauds et lents. La chose cornue secouait lentement ses cornes, sa tête décrivant un mouvement de balancier menaçant.
Un sifflement aigu traversa la chambre et sa gueule s'écrasa, ses incisives raclant le plancher. Incapable de se relever, la créature paniquait, grattant le sol de ses griffes,une terreur primale dans ses yeux jaunes.
Typhenn se redressa s'appuyant au mur d'une main. Elle s'approcha de la bête, son akhamé en main.
Un second tir retentit, la créature ne bougea plus.
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La porte d'Aker
FantasyDeux millénaires d'absence n'ont pas amoindri leur loyauté. Tous sont prêts à sacrifier leurs vies pour un seul être : Pharaon. Malgré son obstination, les aînés de Typhenn lui refusent sa place parmi les gardiens du roi disparu. Et les dieux n'ont...