Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Merle emportait Napoléon dans ses bras. Typhenn n'avait pas le cœur à le suivre.Elle força ses jambes flageolantes à la supporter et ramassa le couteau d'ivoire qu'elle essuya sur son pantalon. Elle avait besoin d'une douche bouillante qui la débarrasserait de la substance collante et de toute la terre qui la recouvrait.
Dans sa chambre minuscule, Typhenn n'aurait pu dire combien de fois elle vérifia que la fenêtre était fermée.
Yan se remettait lentement de son périple, ses blessures ne guérissaient pas aussi vite qu'elles l'avaient fait par le passé. Elle comptait lui en parler discrètement. La présence de Ronan dans sa chambre reporta cette conversation indéfiniment.
Le dos à la fenêtre, il empêchait la lumière d'entrer dans la chambre. Il faisait froid, presque plus derrière les murs épais que dehors. À plusieurs reprises, elle avait senti un courant d'air passer sous sa porte. La forte fièvre n'avait pas dissuadé Yan de fermer sa fenêtre.
Yan l'accueillit avec un entrain forcé, et pointa le visage de Typhenn.
— Whoa. Tu as été attaquée par un chat ?
Elle porta une main aux croutes qui couvraient ses joues. Elles ne lui avaient pas semblé si terribles.
— Il s'en mord les doigts, lui garantit Typhenn.
— On dirait une déterrée. J'espère que cela te servira de leçon, ajouta Ronan depuis la fenêtre.
Cela résumait bien comment elle se sentait.
— On... hum,parlait de ton duel, hésita Yan. Il tirait sur ses bandages, soudain trop serrés.
Et ? Elle se tourna vers Ronan, s'attendant à ce que d'autres reproches tombent.
— Je ne suis pas sourd. Ce n'était un secret pour personne. Te faire botter les fesses aurait fait du bien à tes priorités.
Elle tiqua,appréciant peu son sourire en coin lorsqu'il la dévisageait. Ce bâtard était persuadé qu'Isla l'avait écrasée. Le match avait fini sur un exæquo, grâce à l'intervention de Merle, qu'elle omettrait de mentionner par pure mauvaise foi. Elle s'apprêtait à le contredire lorsqu'on frappa à la porte.
Typhenn tressaillit. Quelque chose la faisait sursauter depuis son réveil. Elle ne pouvait s'empêcher de se retourner au son de bec contre les vitres, aux envolées de plumes. Elle se sentait épiée dans chaque coin sombre. Quelque chose qui n'était pas lié aux marques rouges faites par les racines autour de ses jambes et de sa taille.
Orlène entra sans attendre de réponses. Elle les observa l'air étonné de les trouver serrés dans la petite chambre. Typhenn l'aurait applaudi, tout paraissait tellement vrai.
— Vous êtes tous là, parfaits.
Ronan lui offrit sa courbette habituelle, ce qui agaça profondément Typhenn qui croisa les bras, obligeant la druidesse à la contourner.
— Suite à l'accident d'hier, nous avons convenu qu'une faveur de notre part serait appropriée pour nous excuser de ce comportement inadmissible.
— Les excuse sne changeront rien, Typhenn ne quittait pas la druidesse des yeux. Elle ne se ferait pas acheter par une faveur. Encore moins, quand on blâmait une autre pour avoir voulu la servir en dîner à un arbre. Je l'ai déjà dit et je le répète : je n'irai pas.
Orlène n'abandonna pas si facilement, elle se tourna vers Yan dont les yeux pétillaient.
— Voyez là l'occasion parfaite de sortir du fort. Je vous assure que vous ne craindrez rien. Chaque fort convié ajoute ses propres protections. Personne ne pourra entrer sans y être invité. Il y aura plus de barrières qu'on puisse en compter. Je ne vous oblige à rien, si vous préférez rester par souci de sécurité, vous pourrez vous joindre aux jeunes qui resteront au fort.
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La porte d'Aker
FantasyDeux millénaires d'absence n'ont pas amoindri leur loyauté. Tous sont prêts à sacrifier leurs vies pour un seul être : Pharaon. Malgré son obstination, les aînés de Typhenn lui refusent sa place parmi les gardiens du roi disparu. Et les dieux n'ont...