La flèche du traître - part3

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Le ciel se teintait du bleu précédant l'aube au-dessus de la forêt d'un noir d'encre. Ils se prenaient les pieds dans les racines, ou se tordaient les chevilles dans les cavités couvertes de feuilles et d'épines de pin. Titus ne ralentissait pas pour autant son allure infernale. Sans les druides,les restes des anciens sorts planaient comme une présence oppressante. Parfois, elle pouvait voir une femme en noir au-devant d'eux, se déplaçant trop vite pour être autre chose qu'une illusion destinée à effrayer les voyageurs égarés.Elle ne parvenait pas à surveiller les alentours et en même temps à prendre garde où elle posait les pieds.

Ils progressaient depuis plus d'une heure sur un sentier de plus en plus étroit, lorsque Yan, dans son dos, la héla,encore une fois. Typhenn ralentit avec un horrible sentiment de déjà vu.

— C'est quoi le plan ? Parce qu'on ne sait toujours pas où il nous conduit, s'inquiéta-t-il.

Typhenn le toisa. Le plan ? Le plan était de se débarrasser de lui pour son propre bien sans qu'il prévienne Ronan.

— Retrouver Rafe et stopper le rituel,d'une manière ou d'une autre.

Son plan relevait davantage d'une idée, d'une intention tout au plus. Elle ne pouvait pas risquer leurs deux vies sur un coup de poker. Elle devrait trouver un moyen de le laisser derrière eux.

Yan la gratifia de marmonnements mécontents parce qu'elle ne voulait pas partager. Le reste du chemin, ralentis parleur tâtonnement se fit dans un silence morne, et Titus qui avançait inlassablement.

Lorsque Titus s'arrêta enfin, elle le rejoignit. Avec son aide, Typhenn pourrait cacher le garçon quelque part. Typhenn comprit qu'il tendait l'oreille. Elle l'imita, puis Yan fit de même. Jusqu'à présent, son cousin n'avait pas prêté attention aux ombres qui les suivaient. Autre chose au-delà de la limite des arbres le préoccupait.

Un claquement de tonnerre secoua la forêt,dénudant les branches des dernières feuilles. Le son roula sur le tapis d'humus. Chaque poil sur ses avant-bras se dressa.

Titus s'effaça. Une chose bleue surgit des fourrées et disparut de l'autre côté. Les fougères remuaient à sa suite. Une meute d'une dizaine d'individus courrait droit sur eux. Des morceaux de peau bleutés apparaissaient entre les feuilles et disparaissaient aussi vite.

Typhenn reconnut la pupille blanche qui se braqua sur elle. Des ondins.

— Ils auraient dû retourner au lac.

Elle pensa à une attaque puis leur course chaotique lui sauta aux yeux. Ils rampaient à moitié entre les ombres de la végétation. Rien ne semblait pouvoir ralentir leur mouvement de meute. Le petit groupe désarmé, à l'exception du poignard de Typhenn, dut se mettre à couvert derrière des troncs.

Une odeur écœurante de chair brûlée dans le sillage grattait la gorge. Avant de disparaître, les rayons matinaux agressaient la peau fragile de leur dos qui se couvraient de cloques et suintait de liquide blanc.

—  Ils doivent fuir le soleil, suggéra Yan avec un toussotement.

Un second claquement, plus proche, gratta les branches, arrachant des cris de paniques aigus aux ondins.

Soudain, un oiseau piqua du ciel. Il fondit droit sur eux, toutes serres dehors. D'abord petit, il devint plus gros qu'un aigle, déployant l'envergure de ses ailes rougeoyantes à la dernière seconde.

Les dieux se foutaient d'eux...

Yan gémit et se baissa immédiatement face contre terre.

— Un bennou, un rire nerveux échappa à Typhenn.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant