Les serviteurs d'Isefet - part1

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Typhenn se raidit, jurant intérieurement, seuls les deux clans les appelaient ainsi. Une peur s'insinua, comment connaissait-il son identité ? Et, s'il avait conscience de son avantage ?

Des pas légers clapotèrent sur l'eau. Ils ne laissèrent plus de place pour la réflexion.

Sans perdre de temps, elle balaya les jambes du plus proche. Il tomba en arrière sur le bitume. Il s'affala au sol. Typhenn eut presque mal pour lui. Un téléphone avec des écouteurs turquoise tomba de la poche avant de son pull à carreaux délavé dans une flaque. Il se roula en boule sur le côté. Il avait eu son compte.

Typhenn fit volte-face, son akhamé en main. Le rôdeur avait profité de la distraction pour s'approcher furtivement. Plus que deux enjambées les séparaient. Elle feinta vers le haut, puis pivota au dernier moment pour le frapper sur la droite.

Le kriss contre son akhamé fit des étincelles. Il avait enchanté le métal purifié. Une chance qu'elle ait pris son akhamé. La lame bénite par les prêtres pouvait résister aux sorts.

Il sortit une lame fantôme de nulle part. Typhenn l'arrêta avant qu'elle lui ouvre les tripes, se retrouvant face à face. Si près qu'il lui soufflait son haleine chaude au visage.

— Petite maligne. Le rôdeur grimaça un sourire, son visage couvert de peintures rituelles se tordit en une expression grotesque.

Typhenn ne comprenait plus. La lame pouvait être volée, mais un rôdeur avec des marques druidiques, cela n'avait aucun sens. Les druides ne leur offriraient jamais ce savoir. Même les sorciers sans croyance, qui s'associaient déjà rarement aux autres, partageraient encore moins leurs savoirs avec les gens d'Isefet qu'ils ne considéraient pas mieux que des déchets. À raison, puisque les rôdeurs les traquaient pour le sport, comme des prédateurs qui s'attaquent aux faibles.

— Tu vas finir comme ton petit copain !

Avant qu'il réplique, Typhenn changea ses appuis, les lames crissèrent l'une contre l'autre. Elle retourna son akhamé et frappa au plexus. Il tomba à genoux, elle finit par un coup de poing. Sa tête tourna, et il cracha le sang qui ruisselait de son nez. Sa droite bien sentie n'avait pas suffi à le sonner.

— On frappe un homme à terre, s'étonna-t-il soudain plein d'honneur,comme s'il s'attendait à mieux de sa part, alors qu'il avait volé et ensorcelé une lame sacrée.

Typhenn marmonna un flot de parole inintelligible. Ne point frapper  un homme sans défense arrivait très loin dans sa liste de priorités. Pour faire bonne mesure, elle lui épingla la jambe au sol avec sa lame souillée. Une façon simple de s'assurer qu'il ne bougerait plus.

Elle secoua ses livres dans un état innommable qui lui vaudrait de se faire encore bannir.

Son portable sonnait, encore et encore. Typhenn l'ignora. Lorsqu'elle leva les yeux, les deux hommes s'étaient volatilisés. Il n'y avait aucune trace de leur présence. La sonnerie continuait de hurler les sirènes de Sabotage, associées au numéro de Titus, son plus jeune cousin. Typhenn pouvait voir Rafe paniquer à l'autre bout du fil. Il spammait son numéro de manière compulsive. Loin de la sombre ruelle, Typhenn finit par décrocher.

— Rien... je vais bien... répondit-elle prédisant toutes ses questions.

— Tina, il s'est passé quelque chose ?Tu ne répondais pas. Tu n'as rien ?

Comme prévu, il paniquait.

— Pas loin, je suis en chemin.

— Où...? 

Typhenn raccrocha sans le laisser terminer. Elle avait besoin d'une excuse pour expliquer son retard à l'entrainement et comment un deuxième portable avait miraculeusement atterri dans son sac. Il lui restait encore une bonne demi-heure de marche sous la pluie avant d'arriver à la salle où Rafe donnait des cours d'arts martiaux. Elle devrait courir pour rattraper son retard.


La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant