Chapitre 21 - La dame du Lac

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1er octobre,

— Comment ont-ils pu la laisser partir ? répéta Ronan encore une fois.La question tournait sans réponse, plus frustrante à chaque répétition et agaçait sa tante de plus en plus.

La retrouver pour la reperdre. À croire que cette forêt ne leur appartenait plus. Et, les druides refusaient de leur donner une explication valable.

Elle ne pouvait pas disparaître, terrifiant la moitié des druides, et exaspérant Orlène au passage. À croire que la magie d'Isis s'était emparée d'elle.

— Tu vas devoir informer les vénérables, tu le sais. Au moins, Andraste sera là pour leur apporter Titus, le rassura Cécilie. Elle essayait toujours de voir le bon côté des choses. Sans elle, le duo de jumelles n'aurait pas ses étincelles de fantaisie. Elles se rapprocheraient de la paire chaotique des jumeaux Césaire.

—  S'ils ne s'entre-tuent pas avant, ricana la voix plus grave de Charlie un peu plus loin devant, à qui rien de la conversation n'avait échappé. Elle se concentrait davantage sur les traces animales que sur celle de Tina. La jeune femme n'était qu'une athama, après tout. Il devait la présence de Charlie que par pure solidarité filiale. Elle n'arrêtait pas de froisser un message dans son poing, le papier aussi lisse qu'un morceau de tissu.

Ronan ne lui avait pas demandé la teneur du message. Il venait de son père, cela lui suffisait.

Ils enjambèrent les fleurs des morts. De la bruyère qui poussait sur les tombes des druides qu'ils nommaient sang de dragon. Elles poussaient partout sur le chemin du fort, sustentant le pouvoir du gardien jusque dans les sous-bois. Un grand mal pour un peu de bien, le monde est ainsi fait. La nature est injuste, disait souvent Merle. Qui d'autre que lui pouvait mieux juger le monde ?

Merle dévia du chemin. Il contournait la bruyère pourpre. L'inquiétude marquait son visage juvénile. Il avait déjà par deux fois manqué de se faire avaler par une porte djet. Malgré les avantages de l'avoir dans le groupe, Ronan continuait de penser que c'était une mauvaise idée. Le garçon affaibli et secoué par l'attaque n'en avait fait qu'à sa tête. Il avait choisi son pire moment pour lui réclamer de tenir sa promesse faite avant Samhain.

Ronan le retient d'entrer dans une porte, piétinant sans vergogne la bruyère qui s'écroula en petit nuage de cendre.

— Regarde devant toi bon sang ! Si tu es incapable de rester concentré, retourne auprès d'Orlène, tempêta Ronan, exaspéré. Il avait suffisamment à penser entre les rôdeurs qu'ils avaient laissé filer et la petite armée de Vaugren qui battait la forêt à la recherche d'une gamine qui se volatilisait à l'instant où elle réapparaissait. En plus des druides qui ne manqueraient pas de venir se plaindre de cette battue à grand renfort de faveurs.

— Ce n'est pas ma faute, d'accord ! s'injuria Merle sans raison.

Ronan le lâcha, mal lui en prit, car le garçon s'enfuit. Il ressentait le besoin urgent de lui tirer dans les pattes, mais le garçon n'était pas un de ses hommes à qui il pouvait donner une leçon. Il expira, un long soupire inhabituel pour lui.

Cécilie se porta à sa hauteur.

— Le pauvre a beaucoup de pression sur ses épaules. Voir les siens se faire massacrer a dû le bouleverser. Ils ne sont pas aussi durs que nous.

— Il aurait dû rester au fort.

— Tu l'as accepté, lui rappela Charlie. Si en plus on perd son gardien, Orlène n'acceptera plus jamais de nous recevoir. D'un geste sarcastique, sa tante intima au meilleur pisteur de passer devant. Elle n'appréciait pas que les druides se joignent aux recherches. Les Chepesou ne se satisferaient pas de détenir un autre Alexandre que Typhenn. Surtout après s'être montré un otage de valeur si médiocre.

Ronan suivit le jeune druide à petites foulées,veillant à garder une distance. Très vite, il reconnut le chemin. Les traces les conduisaient aux colonnes du poète.

Andraste se tenait immobile sur les marches du temple. Son ombre s'étirait dans son dos, infiniment longue. Si son père l'entendit approcher, il ne lui prêta pas attention. Sa main ne bougea pas de la garde de l'akhamé accroché à sa ceinture.

Merle était à genoux dans l'eau. Il tenait Typhenn dans ses bras.

—  Nous devons parler, Ron.

Ronan se figea, n'entendant pas son père lui parler. Sous l'eau, un nuage écarlate s'écrasait sur la berge.

Il sauta dans l'eau glacée.

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Voilà, cher/ère lecteur/ice, c'était le dernier chapitre de La porte d'Aker. Le suivant étant l'Épilogue, et ne sert qu'à lancer le début de l'intrigue pour la suite.

Finir sur Ronan et aussi mon petit teaser pour annoncer que la suite aura deux points de vues! Ahh...encore plus de travail pour moi. Tous ça c'est la faute de Ronan qui s'incruste et me pose sans arrêt des problèmes.

Merci encore de m'avoir suivit jusqu'ici, moi et mon trio, (devrai-je dire duo, maintenant?) plus que bancale.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant