Saminos - part4

1 0 0
                                    

Il ne rêvait pas.

Typhenn le força à se redresser.

—  Yan, reprends-toi. C'est une attaque !

Elle ne voyait que la lumière jaune sur les colonnes du temple. Sa voix se perdrait derrière les tambours de la fête, personne n'entendrait. Typhenn allait les devancer sur la rive. Elle heurta à un mur invisible, la tête la première. Yan, sur ses talons, la retient de tomber à la renverse. Sans le savoir, ils avaient traversé le mur. Ils ne pouvaient pas le retraverser dans ce sens.

À présent, elle pouvait compter les silhouettes blanches. Ils étaient si près du ponton, quelqu'un devrait les voir. Les druides étaient trop occupés à faire la fête. Personne ne sentit la chose qui frappa la barrière, doucement, comme pour tester sa résistance. La répercussion fit vibrer l'air, secouant les sapins, un frottement d'épine passant d'arbre en arbre.

—  Qu'est-ce que c'était ? demanda Yan.

Typhenn pria Isis que les protections résistent. Ses prières ne retiendraient pas le mur.

À la deuxième onde, la musique s'arrêta. Le troisième résonna comme un gong au-dessus de la surface du lac. Typhenn recula. Elle perdit l'équilibre, attiré vers le sol parian.

Une fissure partant de la forêt monta très haut au-dessus du temple. Le mur se brisa comme du verre.

Les torches rassemblées sous les sapins s'enfoncèrent à l'intérieur du mur en file indienne.

D'une main, Typhenn testa la barrière. Elle résistait toujours sur la rive. Les intrus se dispersèrent. Ils ne pouvaient pas attendre. Elle décrocha le poignard d'ivoire et frappa la barrière de plus en plus fort. Des éclats d'os chaud sautaient, noirs. Le mur céda en premier. Elle finit par créer une ouverture et s'y glissa. Ses points de suture tiraient. Typhenn s'empêtra dans ses jupes alors que les galets roulaient sous ses pieds.

À l'intérieur, Yan passa rapidement devant. Il ralentit, lui jetant des coups d'œil par-dessus son épaule. Typhenn le poussa en avant.

—  Ne m'attends pas, idiot.

Dans le temple, la fête avait cédé la place à la panique. Peu de druides fuyaient en criant, la plupart restaient figés à regarder la pluie de verre sombre qui tombait sur leurs têtes.

Typhenn remonta le ponton et coupa au plus court.Le temps qu'elle arrive, la foule sortit de sa torpeur lorsque les premiers druides tombèrent sous les coups. Typhenn ne le vit pas,elle reconnut le son qu'une mort violente produisait. La panique s'empara de la fête plongeant Typhenn au cœur du chaos. Elle devait le traverser pour récupérer les akhamés de Ronan. Son poignard minuscule ne la sauverait pas longtemps. Typhenn n'hésita pas à distribuer sans distinction coups de coude et crochets pour ne pas finir piétinée.

Les battleurs tiraient sur leurs brides. Elle approcha doucement celui de Ronan. Ils ruèrent comme des fous en sentant l'odeur du sang. Typhenn dut faire un bond en arrière.

Un chien apparu dans la lumière, les babines retroussées. Puis un autre, ramassé et prêt à bondir. Des chiens d'Anupet, énorme et noir. Comment des chiens, que personne n'avait invoqués depuis un millénaire, chassaient-ils sur le territoire des druides ? Ceux du temple ne quittaient pas les murs dus anctuaire. Ce qui voulait dire qu'un de leur maître se trouvait ici, dans la forêt. Elle recula, à choisir entre sacrifier les battleurs ou sa propre vie, elle n'y réfléchirait pas à deux fois.

Nora apparut de l'autre côté. Elle les attrapa chacun par une corne qu'elle poussa vers le sol. D'un mouvement vif, elle jeta les couvertures à terre et lui lança le seul akhamé sanglé en dessous.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant