Les lois d'Anubis - part4

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Typhenn se trouva un coin tranquille et s'assit dans l'herbe fraiche du jardin. Elle avait secoué son manteau,mais l'odeur des catacombes s'accrochait encore à la fibre. Le coin reculé lui permettrait de contacter Rafe, mais il ne décrochait pas. Il devait être trop occupé, ou refusait toujours de lui parler.

Les doigts gourds, elle rangea promptement son téléphone. Yan approchait, les pieds traînant dans l'herbe. Il s'installa à son côté.

La Lune venait de plonger derrière l'horizon.Le froid ne mordait plus seulement son nez rouge et le bout de ses doigts. Typhenn tremblait, gelée jusqu'à l'os et s'en moquait. Yan pouvait posséder un cœur assez bon pour pardonner à Ronan. Typhenn n'avait pas cette chance. Elle finit par vider ce qu'elle avait sur le cœur, les jambes ramenées contre elle en un geste protecteur.

— Il ne respecte rien. Il ne voit que son devoir, rien d'autre ne compte.

Yan prit le temps de peser sa réponse avec soin.

— Vous formez une petite communauté attachée à ses traditions. Ronan ne veut pas que vous viviez trop dans le passé, à attendre quelqu'un.

Typhenn releva la tête. Elle ne s'attendait pas à ce que cet adulte remplace l'adolescent peureux qui la suivait partout en quête de réponses.

Le garçon lui rendit calmement son regard.

— Cette histoire de pharaon ressemble un peu à la légende d'Arthur. Ton pharaon est sans doute confortablement installé en Avalon et ne reviendra pas.

— La contrée de Lumière, acquiesça Typhenn préférant ignorer le fait qu'il compare leur pharaon aux contes des druides.

La contrée de Lumière aussi appelée la grande vallée, l'équivalant du Paradis qui avait été transformé en prison pour les dieux devenus incontrôlables. Yan avait raison. Tousles anciens rois se reposaient à jamais sur des terres verdoyantes et riches, éternellement jeunes.

— Pourquoi ne connait-on pas l'existence de... ces choses et de la magie ? Yan n'osa pas nommer les spectres par leur nom. Il ne parvenait surement pas à assimiler ce qu'il avait vécu dans les catacombes.

Le monde ne croyait plus en l'invisible.Lorsque les gens regardaient le ciel, ils ne voyaient que des étoiles dans le noir. Typhenn, elle, contemplait une contrée lumineuse. Ils ne voyaient plus le reflet des rivières céleste, l'eau tranquille que seul le ka pouvait naviguer. Pour protéger Per-aâ, Maât avait baigné des enfants, les premiers gardiens, dans la lumière créatrice. Elle avait renforcé leurs os avec du métal céleste.Dès lors, ils avaient un pied de chaque côté. Un dans le monde des vivants, l'autre dans celui des esprits.

Comme tous veilleurs perdus qui restaient à distance des endroits à plus forte puissance spirituelle, Yan n'avait jamais été inquiété par des ombres avant de la connaitre. Les lames akhamés, forgée par la maison d'or,brillaient du bleu des étoiles lorsqu'elles entraient en résonance avec leurs ka, créant un akh, une lumière plus forte.

Elle tendit son kriss, la poignée vers lui. Il n'avait rien d'un akhamé, plus petit et pourtant plus lourd. Il ne servait qu'aux cérémonies et aux rituels. Yan le prit entre ses longs doigts, surpris par le poids du métal.

— Pourrai-je devenir comme toi et Ronan ?Aussi fort ? Une lueur sombre habitait son regard bleu acier, trop semblable à la lame. Dire qu'elle avait pris le bleu pour du vert sous une lumière jaune. Il effleura le lotus sur la lame, un modèle plus détaillé que celui qui resterait à jamais entre ses omoplates.

Typhenn secoua la tête.

— Nous nous battons pour nos vies et contre le chaos. Pas pour la vengeance, elle nous éloigne de notre tâche.Elle posa une main sur son épaule, comprenant son sentiment d'impuissance. Le responsable sera mené devant les Chepesou. Les dieux le jugeront.

Yan pesa le kriss entre ses mains, s'habituant à son poids.

Ronan vint les trouver dans leur coin de jardin,chargé de deux sacs d'objets métalliques.

— J'espère que vous avez l'estomac bien accroché.

En moins d'une minute, Ronan remit tout son beau discours en question. Il était temps de partir. Comme prévu, ils feraient un détour, car il voulait vérifier une piste en chemin.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant