Saminos - part6

1 0 0
                                    

Le monde craquait et gémissait. Partout le sol se creusait, les arbres étiraient leurs branches, et les troncs se fracturaient et emportaient celui qui osait s'approcher. La magie des druides n'avait rien de plaisant, la nature mutait en un piège mortel.

Un peu plus loin, des druides fuyaient péniblement les chiens, ralentis par des blessés, les rôdeurs gagnaient du terrain sur eux. Ils assisteraient à la scène impuissante.

Elle secoua la tête, intimant à Yan de ne pas bouger. Ils profiteraient de la diversion pour avancer. Les hurlements de terreur des druides percèrent la nuit, comme un coup de poignard.

Typhenn essaya de les pousser en avant. Merle, qui tenait à peine debout, s'ébranla. D'un sursaut, il se jeta dans une porte au dernier moment.

Affaibli, à un contre une demi-douzaine, Merle n'avait aucune chance. Yan partit à sa suite, puis Typhenn en jurant. Sans guide, cela tenait du suicide. Ils frôlaient les anomalies, s'agrippant aux troncs et se tirant pour ne pas être absorbés. Alors que Merle sautait de porte en porte et faisait des bonds de plusieurs mètres comme s'il était capable de prévoir ses déplacements. Soudain, il se retrouva exactement où il voulait, encerclé par les rôdeurs et leurs chiens.

Un carnage suivit, une succession désordonnée de corps déchiquetés et propulsés dans les airs. Lorsqu'elle l'eut rejoint, Merle se tenait à l'épicentre. Il pressait le ventre d'un garçon dont les tripes sortaient. Tout était fini.

—  Nous pouvons encore en sauver un, articula le garçon. Il essayait de faire rentrer les boyaux, mais rien ne restait à sa place.

—  C'est fini, Merle, dit Typhenn d'une voix blanche.

Merle ne se débattit pas.

Ils l'éloignèrent lentement du massacre, entre les troncs lacérés et les corps démembrés. Typhenn guida Yan, qui prenait soin de regarder le sol, entre les troncs couverts de substance brillante.

Une chose bleue et humanoïde la frôla, soufflant son haleine putride au visage. Typhenn retient sa respiration jusqu'à ce que son cœur ne le supporte plus. Des lèvres bleues, les yeux étoilés et vides, des ongles assez solides pour briser l'écorce des troncs et arracher les bras d'un corps. Une chose plus proche d'un démon que d'un être humain.

—  Un ondin, ne les regardez pas, leur intima Merle dans un souffle. Ils passeront leur chemin.

Merle tira sur sa robe pour qu'elle baisse les yeux. Typhenn força son regard vers le sol, priant en secret, alors qu'elle serrait l'akhamé dans son poing.

La chose renifla l'air, puis continua sa route,invisible et silencieuse, emportant son odeur de vase avec elle.

Merle saisit le bras de Yan si fort qu'il grimaça.

—  Nous sommes suivis, dit-il juste assez fort pour qu'ils comprennent.

—  Des ondins ? demanda Typhenn.

Merle secoua la tête.

Ils ne pouvaient pas rentrer avec des rôdeurs à leurs trousses.

—  On doit se débarrasser d'eux.

— Orlène pourrait les chasser, fit Yan, pressé de s'éloigner.

—  Elle ne peut pas nous sauver. Elle n'est pas là ! Typhenn détourna les yeux et avala le peu de salive qui lui restait avec difficulté.Le fort était tout proche, elle le sentait. S'ils devaient porter Merle dans la plaine, à découvert, ils n'iraient pas loin. C'est moi qu'ils veulent. Je les attirerais au mur est.

Les fées, ou quoi que soit cette chose qui gardait le mur, s'occupera d'eux.

Yan redressa Merle sans mal, son dos blessé ne le gênait plus.

—  On vint de se mettre d'accord. On restait ensemble, résista Yan presque farouchement. S'il n'avait pas peur au point de trembler, elle aurait presque pu se laisser convaincre.

Typhenn comprenait son refus de la laisser courir au-devant du danger seul. Mais les deux garçons devaient continuer tant que Merle pouvait indiquer le chemin de retour.

Yan ne comprenait pas qu'il n'était plus question des veilleurs. Il

était question de lui, de Merle, et de leur avenir. Les rôdeurs frappaient fort pour obtenir le dernier sang qui les séparait du pharaon. La présence de Typhenn les condamnait tous à mort. Lorsque les druides seraient obligés de la céder, elle ne pourrait plus rien faire. Elle se serait plus qu'un trophée. Ils devaient se séparer, maintenant.

—  Je suivrai un autre groupe jusqu'au fort, mentit Typhenn. Comptes sur moi, je sais être rapide.

Yan serra les dents.

—  Fais attention.

Avant qu'il ne change d'avis, Typhenn se détourna en premier. Elle ne se retourna pas.

Les aboiements des chiens étaient partout.Impossible de savoir s'ils se rapprochaient. Des cris stridents à faire grincer les dents ne s'arrêtaient jamais. Les ondins, ils ne pouvaient venir que de la gorge de ces choses.

Seule, elle pouvait entendre les brindilles se casser quelques mètres derrière, lorsqu'on la prit en chasse.

Typhenn glissa le long d'une pente, roula et se cacha derrière un arbre, son akhamé le long du corps.

— Yan, j'espère que tu en profiteras, murmura Typhenn à la mousse.

Une chaussure écrasa les feuilles de l'autre côté du tronc. Il cherchait sa trace.

Elle jaillit hors de sa cachette, glaive en premier.

Une poigne repoussa son poignet. Typhenn savait qu'il ne servait à rien de s'acharner sans l'avantage de l'effet de surprise. Elle lança une série de frappes et recula hors de portée.

— Qui est Yan ?

Le cœur dans la gorge, battant d'espoir, Typhenn leva les yeux, forçant sa vue à voir le visage de cet homme.

Il fit un pas hors des arbres vers elle. La peur tomba comme un poids dans son estomac. Il était si différent, sans qu'elle puisse dire comment. D'instinct, elle recula encore.

Titus se figea, stupéfait par sa réaction de rejet.

*           **           ***            **             *

BOUYA!

La grosse révélation est tombée! Vous le croyez vous, Rafe et Titus sont les grands coupables? Tueurs en série de plusieurs familles entières? Ou vous le saviez depuis longtemps?

Dites-le moi dans les commentaires.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant