La flèche du traître - part4

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—  Une quoi ?

Elle savait ce que signifiait la flèche dans le langage des runes. La flèche servait à transmettre un message. Rafe l'avait harcelée pour qu'elle la connaisse. Que si elle devait en connaître une, ce devait être celle-ci ! Elle savait aussi que pour donner leur position, ils auraient besoin de bien plus qu'une flèche et du sang. Un entrelacs complexe devait désigner celui qui tirait la flèche et sa cible. Rafe lui avait préparé des tracés pour qu'elle les complète en cas de besoin. Ils avaient tous disparu avec sa maison.

— La flèche au-dessus du mur. Le reste est déjà sur ton dos.

Son cerveau refusa d'assimiler l'information. Elle resta la bouche ouverte sans pouvoir formuler un mot complet.

—  Il viendra si c'est toi, insista Titus.

Avant qu'elle ait le temps de réagir, il lui prit le bras. Il trancha une entaille d'un pouce dans la chaire avec la pointe, juste assez pour faire couler le sang. La rune tracée, il recula.

Typhenn observa stupidement son sang couler dans la mare. Les gouttes ne faisaient pas des tourbillons, elles se rassemblaient et filaient au fond de l'étang, comme attirées par un aimant.

Elle entendait son sang battre dans ses veines, jusqu'à sa respiration frotter dans sa gorge et produire de petits nuages chauds.

Des formes noires furetaient contre le ciel bleu électrique et se dissipaient entre les chutes de feuilles éparses et les troncs, incapables d'approcher le val.

Une plus imposante que les autres, mi-homme,mi-animal, se détacha soudain du groupe et sauta dans la cuvette du val. Elle heurta Yan, propulsant le garçon en arrière. Son dos percuta le mur de pierre. Le choc sourd se réverbéra dans l'espace clos, amplifiant jusqu'à faire trembler la surface de l'eau.

Des chiens de cendre et d'humus sortaient de terre et lui barrèrent la route. Des molosses noirs aux oreilles dressées les encerclaient. Typhenn battit en retraite face aux énormes masses de muscles de plus d'un mètre au garrot. Tendus,les oreilles couchées en arrière, ils étaient prêts à bondir su reux. Ils reniflaient l'air, même aveugle, les petits os pointus qui leur servaient de crocs ne quittaient jamais leurs proies. En comparaison les gardiens du temple ressemblaient à des akhou domestiqués et abâtardis.

Des gardiens de la pesée d'Anubis, seul heka,la magie perdue de leurs ancêtres, possédait assez de puissance pour les invoquer.

Titus l'attira à lui avec son bras blessé. Il serra plus fort que nécessaire, sa main glissant sur le sang.

L'ombre ressemblait à une aberration sortie des portes djet. Un homme imposant se dégagea de la substance noire.D'une main, il souleva Yan par la gorge. Le garçon vira rapidement au rouge vif. Encore sonné par le choc, il battait faiblement des jambes dans le vide, luttant pour respirer.

Anubis réalisa Typhenn.

Tétanisée par la présence du dieu en chair et en os, Typhenn sentit toute sa belle confiance s'effondrer surelle-même. Quel sacrifice avait pu invoquer un dieu hors d'une porte scellée depuis des millénaires ?

— Laisse-le !

L'ordre stoppa le dieu aussi surement que s'il était taillé dans du granit.

Yan tomba en toussant et roula dans l'eau saumâtre. Il s'engluait, glissant dans la vase. Il parvenait néanmoins à dévisager le dieu avec des yeux exorbités. Sa gorge écrasée ne lui permettait pas assez d'air pour se tenir debout.

Typhenn se dégagea d'un geste brusque grâce au sang gluant qui maculait son avant-bras. Elle se précipita vers le garçon, lui souleva la tête hors de l'eau.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant