sang pour sang - part4

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Une expression féroce apparut dans les ombres du visage de son cousin. À cet instant, Typhenn put voir le démon que les autres voyaient en lui. Un démon qui baissa les yeux, refusant d'affronter les siens.

Typhenn ne voyait plus rien, n'entendait plus rien. Elle fit volte-face, attrapant Ronan par le col.

—  Qu'est-ce qu'il a dit ? Qu'est-ce qu'il vient de dire ?! Une terreur glacée s'emparait de son ventre. Ronan, ma famille devait être en sécurité ! C'est ce que tu avais dit !

—  Cette information, tu ne l'as tiens pas de moi. Cécilie n'a pu trouver que leurs sangs. Ils sont morts.Ronan attrapa ses poignets comme pour la faire lâcher, mais n'exerça aucune pression.

Typhenn se dégagea. Elle sortit, bousculant Yan sur son passage.

Ils lui avaient menti. Tous les deux. Au moins, Yan avait la décence de paraître géné. Par nous, Typhenn pensait que son père, son oncle, et sa tante avaient besoin d'elle.Alors qu'il ne restait plus qu'eux trois. Rafe, Titus et elle. Si elle comptait vraiment pour un.

La voix de Titus la poursuivait à travers le tunnel. Il lui disait de retrouver Rafe. Elle devait le retrouver.

Un mal de tête tambourinait à ses oreilles,brouillant sa vision. L'air rance des sous-terrains l'oppressait.Elle étouffait. Elle avait besoin de respirer hors des tunnels. Elle accéléra, arrivée aux escaliers, elle courrait.

Ronan et Yan étaient sur ses talons, comme si elle s'apprêtait à se volatiliser.

—  Ton sang est la dernière pièce qu'il lui manque. Ne les laisse pas te bercer par de belles paroles sur les liens filiaux, rugissait Ronan. Il la rattrapa alors qu'elle ouvrait la lourde porte des cachots.

—  Tais-toi ! Tu me mens depuis le début. Je ne veux plus rien entendre.

Au fond, elle le savait. Dire qu'elle avait osé croire qu'il voulait l'aider !

—  Tina, ne protège pas un meurtrier.

— Nous serons deux. Elle ne s'arrêta pas, parlant toujours plus fort sans se retourner. Tu sais ce que Merle a fait, pas la peine de poser la question, hein ?

Un silence. Il ne niait même pas. Il savait.

Typhenn se stoppa net, les poings serrés, ses pieds refusaient de se soulever, comme collés au sol. Sa frustration monta d'un cran.

—  Il est le gardien. Il possède simplement les souvenirs de celui qui l'a précédé. Ne mêle pas Merle à la mort de ta mère. Ce n'est qu'un garçon.

Il savait.

—  Il y a autre chose que tu me caches ? Typhenn ne criait plus, elle n'était plus que colère sourde et froide.

Un second silence lui répondit.

Merle s'était déjà emmêlé lorsqu'il lui avait avoué l'implication du gardien dans le meurtre de sa mère. Typhenn ne l'écoutait plus. Elle ne savait plus que penser. Mais elle savait qu'elle ne se montrerait ni faible ni indécise.

Elle ouvrit la porte d'un coup de pied.

Typhenn marchait sans direction. Elle avançait à petits pas non assurés, allant machinalement à droite ou à gauche,sans direction, comme une enfant perdue dans une chambre obscure.

Elle eut vaguement conscience d'éviter les druides qui enterraient leurs morts à la lueur de la lune.

Le froid engourdit les tremblements de ses mains.

Elle sortit le coin déchiré d'une page de sa poche. Un message écrit à elle-même sur la première version d'une lettre. Il n'y avait qu'un mot. Le même que Rafe voyait tous les jours en se levant, celui qu'il contemplait avant de se coucher. Honneur. Un simple mot qui prenait un sens nouveau, une justification pour son sacrifice, et tous les autres avant elle.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant