Le fort - part10

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En le croisant, un pied sur les marches, Isla se figea alors que le rouge lui montait aux joues. Le veilleur lui accorda à peine un regard lorsqu'il la salua. Typhenn en aurait presque plaint la gamine.

— Il n'y a rien pour toi, ici,ajouta-t-il rapidement sans détourner son attention de Ronan, si bas qu'elle dut tendre l'oreille pour comprendre ce qu'il avait dit.

— Pardon ? Son exclamation se termina dans une intonation aiguë incontrôlée. Typhenn maudit sa voix.

Une chose à quatre pattes grise et duveteuse se faufila entre ses jambes.

Nalpoléon sauta par-dessus des piles et disparut entre les rayonnages donnant la chasse à une mouche.

— Merle ! l'interpela Ronan,complètement aveugle à la réaction qu'il avait provoquée chez la jeune fille qui disparut, sa longue jupe balayant les marches de l'escalier. Il allait ajouter quelque chose, mais se retient en remarquant la présence de Typhenn et Yan qui aidait à remettre l'autel en place.

Typhenn dévisagea le garçon au visage fin.

Merle était son nom ? Le garçon se redressa,érigeant sans ménagement une énième tour de livres qui se balançaient dangereusement. Il la stabilisa d'une main, mais donnait l'impression de vouloir la jeter à terre. L'expression qui traversa ses yeux en amandes hurlait à tous qu'il n'appréciait pas son nom. Plusieurs émotions se disputaient la place sur son visage à une vitesse effarante, si loin de la sérénité qui l'entourait de lui lorsqu'il profitait du soleil à la fenêtre.

— Il s'est passé quelque chose ? Ronan indiqua le chaos qui régnait dans la bibliothèque déjà en désordre. Ses yeux ne manquèrent pas de revenir plusieurs fois se poser sur Typhenn, qui comprit le message accusateur : Qu'est-ce que tu as encore fait ?

—  Rien, répondirent Merle et Typhenn en même temps. Le garçon offrit un sourire amical à Ronan et décocha un regard assassin dans sa direction.

Typhenn eut un mouvement de recul, ce gamin lui donnait des frissons.

Ronan se tourna vers elle.

— Puisque tu es là, Orlène demande à ce que nous ne nous promenions plus avec nos akhamés. Des créatures frappent le mur extérieur. S'il y a encore une crise de pleurs, Gwenaëlle deviendra folle, et je ne tiens pas à ce qu'on crache dans mon verre. Elles sont attirées par nos auras, je ne prendrais donc pas de risque, lui expliqua Ronan, raide et sec comme si ce simple effort exigeait beaucoup de lui.

Typhenn remarqua seulement le vide à la place de ses doubles lames qui dépassaient habituellement de son dos. Il devait sûrement cacher un autre sur lui.

—  Je peux le ranger dans ma chambre.

Ronan tendit une main et patienta. Autant pour la confiance, pensa Typhenn. Elle leva les yeux au ciel, et lui remit son arme qui disparut aussitôt.

Quelque part, la cloche retentit. Avant qu'elle finisse de sonner, Merle appelait Napoléon. Le renard jaillit des rayonnages et fut sur ses talons en rien de temps.

— Je vous conseille de vous dépêcher si vous souhaitez avoir quelque chose à manger, leur conseilla-t-il en se dirigeant vers la porte.

Les cris joyeux des enfants s'élevèrent dans la cour.

Typhenn fut ravie de constater qu'ils ne se privaient pas de viande. Elle savoura son assiette, mais rinça deux fois son verre en surveillant la grosse druidesse, qui devait être la Gwenaëlle mentionnée par Ronan. Pendant que Yan engloutissait plusieurs assiettes avec l'appétit implacable des adolescents,elle tendait l'oreille à ce que disait Merle et Ronan. Bien qu'assis à côté, il discutait à voix basse. La colère d'Isla qui creusait un trou entre ses omoplates, rendant sa concentration laborieuse. Pour un peuple qui s'efforçait à la tolérance, la jeune druidesse semblait bien remontée.

Par réflexe, Typhenn s'assura que son akhamé était en place. Elle rencontra du vide. Elle se trouvait complètement nue au milieu de tous ces druides, sans akhamé pour repousser leurs sorts.

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Vous voici donc à la moitié de l'histoire, cher/e lecteur/ice. 

Les forêts des Druides sont un passage plus calme pour Tina, Ronan et Yan. Il faut qu'ils se reposent un peu. Mais tout aussi riche en informations, alors promis, ce n'est que le calme avant la tempête.

Comme d'habitude, n'hésitez pas à commenter. Même le négatif, c'est la nourriture de l'auteur pour progresser!

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant