Au bout du val -part9

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Ronan et Rafe échangeaient entre deux passes. Se déstabiliser semblait être le seul moyen de prendre le dessus.

— Je sais pour les charmes défaillants du temple. Cependant, tu te trompes. Je n'ai rien à voir avec ces accidents, termina Rafe.

À l'intérieur, les luttes continuaient, moins bruyantes.

— La prochaine fois, élimine Landier et dresse-les toi-même. Ils n'ont aucune loyauté. Ils préfèrent sauver leurs peaux ! pointa Léodic qui observait l'extérieur à travers les planches des fenêtres.

Dehors, une voiture démarrait au quart de tour, glissant sur l'herbe.

Le vieux décida de mettre les voiles. Il se rapprocha aussi vite qu'il le put de l'unique sortie, rasant les murs.

Soudain, on ouvrit la porte fermée de l'intérieur. Sophie s'écrasa au sol, les bras en croix. Le visage zébré de griffures comme si elle s'était roulée dans un rosier. Son nez pissait le sang. Des branches accrochées dans ses cheveux blonds piquaient en tous sens.

Sophie s'ébroua, des épines tombèrent de ses cheveux.

Charlie entra à son tour, tout autant couverte de terre et d'égratignure. Elle laissa Léodic filer à l'anglaise.

— J'ai trouvé un parasite qui te cherchait, cher neveu, déclara Charlie, la traînant sur quelques mètres supplémentaires pour le plaisir de l'humilier.

Son cher neveu ne lui accorda pas une seconde. Elle se tourna, une exclamation dépitée vers eux.

— Aide-le,Ronan ne... commença Typhenn entre ses dents. Elle contenait mal les élancements dans sa main.

Charlie la foudroya du regard.

— La ferme ! Les enfants ne devraient pas s'immiscer dans les affaires des grands. Mon neveu à des comptes à régler. N'imagine même pas intervenir.

Les couinements annoncèrent le retour forcé de Léodic qui reculait mené par la pointe de l'akhamé de Cécilie sur la gorge. Elle ne fut satisfaite que lorsqu'il s'écrasa en grimaçant à côté de Sophie.

Il houspilla immédiatement la jeune fille à faire quelque chose. Sur quoi, Charlie lui ordonna sèchement de fermer sa grande gueule s'il voulait continuer à utiliser un dentier. Personne ne bougerait tant qu'ils n'auraient pas terminé. Elle cloua Typhenn sur place d'un regard pour appuyer ses propos.

Cécilie se pencha sur Sophie. Elle lui demanda doucement où elles pouvaient trouver Detire. Le contraste avec sa sœur était effrayant.

Typhenn jeta un œil vers les deux guerriers qui s'affrontaient. De la sueur perlait du front de Rafe.

Avant que Typhenn ait pu répondre, l'interrogée ricana. Elle essuya la coulure de salive rouge de sa bouche d'un revers de main, lui confiant doucement.

— Quelle importance ! Toutes les deux, vous devez les sentir ! Nous sommes pareils. Nous sommes plus proches du Noun que tous les autres.Vous devez sentir ses vagues s'écraser contre la frontière du monde. Et lorsqu'il n'y aura plus de porte, il ne restera rien, ni bâ ni kà ni corps. Il sera comme votre nièce, et tous les autres. Ils nourriront la porte et disparaîtront purement et simplement.

Le bras de Charlie décrivit un arc. Il balaya l'air. Le mouvement aurait pu décapiter Léodic.

— Espèce de folle ! beugla Léodic, une main grêle sur sa joue. Il s'enfuit en rampant, traînant sa patte folle du mieux qu'il pouvait. Cette fois personne ne retient l'infirme. Il fonça vers la sortie.

— Vous le laissez partir, s'écria Typhenn alors que Sophie prise d'un accès d'hystérie riait à ne plus pouvoir se retenir.

— La ferme ! La ferme ! Fermez-la tous ! gronda Charlie, elle respirait à grande peine. Il n'ira pas loin avec une jambe boiteuse. Elle se retourna vers Sophie. Toi ! Dis-moi pourquoi un rat tournerait autour des pierres au lieu de se terrer ?

À cet instant, Ronan marqua une hésitation. Il se détourna une fraction de seconde de trop.

Rafe s'engouffra dans la brèche. Il balaya sa défense précipitée, frappa sa jambe et cloua son épaule au mur.Sous le choc, Ronan lâcha son dernier akhamé.

Sophie profita du chaos, et de la diversion. Les jumelles prêtes à le défendre l'oublièrent une seconde de trop. Elle frappa la rotule de Charlie d'un coup de talon, et lui asséna un uppercut au visage.

Elle bascula, tenant sa jambe entre ses mains.

— Tu peux te prendre pour un dieu, tu ne seras jamais Per-aâ !rugit Ronan, il tempêtait, immobilisé alors que Rafe s'enfuyait avec un de ses akhamé. Cécilie, ne le laisse pas quitter la maison. Sans les protections des Artisans, il va appeler Anubis.

Tous s'arrêtèrent une fraction de seconde. Des grondements entouraient la maison, annonçant que la meute d'Anubis venait de franchir les dolmens.

Cécilie redoubla d'efforts. Un pied sur le mur, elle libéra le kepesh d'un coup sec, sous les blasphèmes de sa sœur qui serrait un bandage à sa jambe.

— C'est trop tard pour ça. On ne sera pas trop de trois pour sortir d'ici !Et il faudra être plusieurs pour le traîner. Elle indiqua le corps inconscient de Titus. Sous son ordre, Yan vint l'aider à le redresser.

Typhenn contemplait la scène, dans un état second, puis le l'akhamé de Nora qui rappelait la lame noire avec tous les noms des sepats.

Elle avait eu l'occasion d'en finir. Elle l'avait eu à portée de main. Pourtant, une seule idée l'avait emporté sur les autres. Elle avait voulu retarder l'inévitable. À présent, ils en payaient tous le prix. Typhenn serra le poignard jusqu'à ce que ses ongles lui entrent dans la paume.

Perdue dans ses sombres contemplations, elle ne reconnaissait plus toutes les voix aboyant des ordres autour d'elle.

Dans son poing, le cuir du manche était tiède et glissant.

L'honneur de Ronan le retiendrait de porter le coup fatal. Mais rien ne retiendrait sa main à elle, si elle laissait sa colère la guider.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant