La flèche du traître - part5

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Il trancha les tresses de cuir qu'il jeta dans l'eau, puis se tourna vers Yan qui tendait ses poignets devant lui en un geste de défiance. Typhenn essaya de lui faire comprendre en silence de ne rien faire de stupide.

Rafe commença par le fouiller. Il tira un kriss de la ceinture du garçon.

Toute une suite symphonique d'injures et de questions plus ou moins rhétoriques et lyriques se bouscula dans la tête de Typhenn. Une dominait pourtant les autres : pourquoi n'avait-il pas pensé à en prendre un pour elle ? Elle dut faire appel à tout son contrôle pour se retenir de plonger le récupérer dans la mare.

Rafe trouva deux lanières de cuir aux poignets de Yan. Le garçon se tourna vers elle avec un clin d'œil pensant qu'il avait fini. Mais Rafe tira une chaîne de son col. Yan voulut la retenir. La médaille allait déjà augmenter le nombre des offrandes oubliées dans le limon.

— Très bien, nous pouvons y aller. Il adressa un signe de tête à son chien qui le força à marcher avec lui d'une main sur la nuque, la tête vers le sol.

— Nous ? Tu as dit qu'il resterait derrière ! Pointa Typhenn, sachant qu'il mettait toujours un point d'honneur à tenir parole.

Rafe qui se mouvait avec une lenteur contrôlée fit brusquement volte-face, braquant ses yeux droits dans les siens. Elle se stoppa dans son élan, glissant dans la vase. Elle ne s'était pas aperçue le suivre.

— Je n'ai rien promis. Je ne sais pas qui il est, et son identité m'importe peu. Tu as choisi qu'il t'accompagne, maintenant, ne repousses pas la responsabilité de sa vie entre mes mains. De plus, inutile de préciser qu'il ne peut pas rester derrière et informer une connaissance que nous préférerions éviter d'avoir à nos trousses. Cela dit, il peut toujours s'exprimer. Préfères-tu rester ici ? demanda doucement Rafe, comme si servir de cure-dent à un bennou pouvait se révéler une alternative plus attrayante.

Toujours maintenu en place par Anubis, Yan tiqua.Ses yeux allaient de Rafe à Titus, l'étau d'Anubis ne lui permettait pas plus de mouvements, pour enfin venir se poser sur le maître qui attendait patiemment sa réponse. De honte, il n'osa pas croiser celui de Typhenn qui, d'un geste de tête imperceptible, lui intimait de refuser. La présence de Yan ne servirait qu'à assurer sa coopération. Tant que la nuque du garçon se trouvait entre leurs pattes, elle ne tenterait rien qui le mettrait en danger.

Yan secoua la tête négativement, le mouvement fut surtout visible par ses pupilles allant de droite à gauche.

—  Nous pouvons donc partir, conclut Rafe avec un regard appuyer vers Typhenn.

Le dieu noir ouvrit un passage.

L'anomalie ne possédait pas de véritable contour, comme faite de la matière d'un mirage. Elle existait sans être. Contrairement à la nuit précédente, aucun son n'en provenait, aucune voix des morts agonisants depuis des siècles, aucun écho ni grondement de bataille éternelle. Le silence. Lorsqu'elle tendait l'oreille, il y avait le son du vent. Le goût salé de l'océan lui piquait le bout de la langue.

Rafe traversa le premier.

À cet instant, alors qu'elle contemplait son dos disparaître dans le portail, Typhenn ne put associer l'image de Rafe avec l'homme absorbé par le vortex surnaturel. Les souvenirs de son cousin s'étiraient et se superposaient avec celui qu'elle voyait sans se mélanger. Il y avait son cousin, puis il y avait Rafe portant le soleil noir des rôdeurs au bras. La vision la laissait dans un état de totale confusion. Serait-elle seulement capable de mener son plan à bien, de lui faire du mal, ou simplement de se mettre en travers de sa route ?

Anubis la projeta à l'intérieur d'une simple poussée entre les omoplates.

Dans un premier temps, rien de particulier ne se produisit. Elle eut la sensation de tomber suivie du choc brutal à la sortie d'un rêve. Il y eut l'herbe rase et drue craquant sous ses pieds.

Yan tituba à sa droite. Il essayait de contenir le tremblement de ses mains. Titus suivit. À peine sorties, ses enjambées incertaines suivaient son aîné sur le sentier étroit. Le dieu ferma la marche. Il attendit que les deux prisonniers passent devant, comme une ombre dans leurs dos.

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Nous approchons de la fin, mes chers/ères amis/es wattpadiens. Tous les fils se ressert autour de Tina et Yan. Nous verrons lequel de Rafe ou Ronan est le plus malin au bout du Val.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant