khepri - part3

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— Redis ça ! ordonna-t-elle. Je veux tout savoir, dans les moindres détails !

— Je, je les ai vues entrer. Ils ont essayé de me tuer. Yan se racla la gorge, se frottant la nuque nerveusement.Ils ont pensé m'avoir... Je me suis réveillé alors que la maison brûlait... Tout est flou. La douleur n'arrêtait pas de me faire perdre connaissance... Ils avaient tous les mêmes peintures.

Typhenn se laissa retomber, dépitée.

— Quel genre de peinture ?

Yan secoua la tête négativement.

— À part ce que je t'ai montré. Je n esais pas. J'ai une bonne mémoire d'habitude. Mais, on ne peut pas dire que j'étais au meilleur de ma forme. Des lignes, des animaux peut-être.

— Un peu faible, commenta Typhenn.

— J'ai pensé qu'ils laisseraient des cicatrices, comme dans les films, se défendit-il en marmonnant. Il se détourna, préférant observer les fêtards titubant devant eux.

Typhenn devina à son regard qu'elle n'avait pas besoin d'enfoncer les portes ouvertes. Elle ne saisit pas sa référence, mais Yan insista. Tu sais, des hommes à moitié anges qui utilisent des cailloux magiques pour tracer des runes et combattent des démons avec des poignards qui brillent.*

Elle l'observa sceptique. Un enchantement qui s'effaçait indiquait des tours de charlatans. Imbibé d'unetelle culture populaire, Yan aurait dû se prendre pour un héros. Au contraire, ses habilités semblaient le terrifier.

Typhenn lui proposa de mener des recherches sur les différentes marques et les runes druidiques. Rafe devait avoir des archives sur lesquelles il s'inspirait pour créer les siennes.Avec de la chance, certaines lui reviendraient en mémoire.

— Tu as un moyen de me contacter ? Ils se levèrent en même temps. Typhenn fronça des sourcils en remarquant qu'il avait lui aussi deux têtes de plus.

— C'est pas dur de faire plus grand, se moqua-t-il avec un sourire en coin en lisant son expression comme un livre ouvert.

Sentant que le garçon en avait besoin, Typhenn se retint de lui faire manger ses chaussettes sales, et croisa les bras.

— Alors ?

Il secoua négativement la tête en haussant les épaules. Il vivait à la rue depuis trop longtemps pour avoir conservé son téléphone.

***

Une longue nuit s'annonçait, une compagnie l'aiderait à rester éveillée. Avec un soupir résigné, au lieu de lui donner rendez-vous le lendemain matin, Typhenn se retourna vers lui et proposa de l'accompagner chez elle. Le garçon déclina l'offre avec un sourire qui n'atteignit pas ses yeux. L'intention lui faisait plaisir. Il refusa tout de même. Typhenn ne s'attarda pas sur ses raisons, elle avait d'autres chats à fouetter.

Elle rentra comme si le grand serpent Apophis rampait à ses trousses.

Lorsqu'elle repassa par la fenêtre des toilettes, en sentant la chaleur lui rougir le visage, sa conscience ne lui épargna pas l'image de Yan dormant sous les ponts.Aurait-elle dû insister ? Le claquement de la fenêtre fit taire sa conscience. Le garçon avait choisi, il survirait une nuit de plus dehors !

Elle s'éveilla dans la bibliothèque qui contenait leurs maigres archives familiales. Cela n'avait pas retenu un de ses ancêtres de la décorer outrageusement. On pouvait trouver des lotus partout sur le bois des étagères, les visages des déesses les surveillaient au-dessus des portes et au plafond.L'essentiel des revues traitait de leurs liens avec les dieux, leur histoire, l'arbre familial. Plusieurs tomes qui retraçaient toutes les familles depuis leurs départs des sepats. Ainsi les Alexandre venaient de la ville éponyme de Menefer, le sepat de la muraille blanche, qui devint Memphis. Les origines des Vaugren remontaient de Shas hotep, le Lévrier de Haute-Égypte.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant