Ipenou -part2

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Un loup énorme apparut entre les herbes hautes. Du sable s'égrainait de son échine et de ses pattes immenses dévoilant des jointures en rose des sables.

— Il nous a suivis, dit Yan, tendu comme un arc.

Un mauvais pressentiment lui soufflait que non.

— Récupère le kepesh, lui intima Typhenn.

Ils se séparèrent, roulant chacun d'un côté. La bête d'Anubis chargea immédiatement Yan. Il leva le kepesh et balaya l'air devant lui juste à temps. L'acier ripa contre le museau avec une gerbe d'étincelles.

Typhenn profita qu'il lui tourne le dos. Elle frappa une patte arrière. L'akhamé la trancha net. L'instant suivant, elle lui sautait sur le dos, plongeant le petit couteau dans son dos. La pierre craqua en millier de miettes. La bête s'effondra en monticule de sable noir.

Ils reprirent leurs souffles, s'attendant à ce que la créature renaisse de ses cendres, refusant de s'autoriser à respirer avant que le vent ne l'emporte en tourbillons.

— Qu'est-ce que c'est ? Tu l'as aussi volé aux méchants ? s'émerveilla Yan, comparant son kepesh cabossé à l'akhamé intact.

Typhenn ne pouvait pas dire avec certitude ce qu'était le présent de Nora. Elle le rangea à sa ceinture, mal à l'aise. La lame se couvrait d'inscription, devenant de plus en plus opaque. Rafe avait montré une certaine surprise lorsqu'il l'avait vu entre ses mains. Une nouvelle bosse déformait le métal comme un dernier avertissement qu'il serait bientôt un simple morceau de métal noir.

Elle haussa les épaules.

— Un cadeau.

Ils restèrent quelques instants à l'affut d'un mouvement. De quoi, ils ne pouvaient le dire. Peut-être une caravane de chameaux ou une patrouille romaine. L'oasis restait déserte. Le chien confirmait la présence du dieu et donc de Rafe. Ils ne pouvaient être loin.

— Tuas appris à te déplacer en silence, je crois.

— J'ai ça, si ça peut aider, avec un air penaud, il hocha la tête et sortit des pointes métalliques.

Ses sourcils se froncèrent en reconnaissant les gadgets rouges dans sa paume. Elle claqua la langue. Yan ne l'avait pas suivi sans son soutien.

Le soleil commençait à étirer les ombres sur le sable rouge à perte de vue. En bordure du désert, sous le soleil de plomb entre sable et ciel, ils se tenaient à l'entrée d'un four immense.

Une tension faisait presque vibrer l'air humide.

L'oasis ne pouvait pas être bien grande. Elle monta au sommet de la dune à la recherche d'un meilleur point de vue, à l'affut d'une forme familière. Typhenn essuya d'un revers de main avec un bandage de fortune la sueur qui lui coulait du front.

Un deuxième chien sortit du sable, un énorme point noir aux yeux d'or sur l'étendue rouge.

Elle recula. Son kepesh faisait pâle figure face à ses dents aiguisées. La dune se déroba sous ses pieds. Typhenn perdit l'équilibre et descendit d'un étage. Elle se retrouva le ventre, du sable chaud contre sa peau. Elle se retourna, et dévala la dune à grandes enjambées. En bas, elle roula dans les herbes,priant pour que Yan suive le plan.

La voix désincarnée de Rafe s'éleva, enrouée par l'effort.

Son sang battait si fort à ses tempes qu'elle ne parvenait pas à le situer.

— Tu penses que je suis seul. Que j'ai pu accomplir tout ce que j'ai fait de mes seules mains ? Ne sois pas naïve. Ouvre les yeux, Tina. Tu ne pourras pas nous échapper.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant