Chapitre 17 - Le sang pour le sang

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— Titus ? Tu devrais être en sécurité avec Lise. Qu'est-ce que tu fais ici ? Typhenn se mordit la joue, honteuse de sa propre stupidité. Titus ne se cacherait jamais pendant que son frère se battait.

Une douleur refoulée traversa l'expression sereine de son cousin. Elle disparut aussi vite qu'elle était apparue, l'écrasant dans le puits de sa conscience, avec toutes les autres qu'il ne parvenait pas à maîtriser.

—  Non. Il hésita puis ajouta, je devais te trouver, Tin.

Elle voulut lui demander pourquoi. Elle se trouvait chez les druides, comme le voulait Rafe. Ensemble, ils pourraient agir. Titus reprit la parole, s'adressant à quelqu'un d'autre, il porta sa voix au-delà des arbres :

—  Je ne suis pas armé !

Titus leva les mains, bien en évidence au-dessus de sa tête.

La voix de Ronan, un grondement dur, roula entre les arbres. Elle portait l'envie refoulée de laisser parler ses lames.

—  Cela m'arrange.

Ronan déboula à son tour entre les arbres, ses épées au clair et le souffle court. Il avait dû le traquer à travers la forêt depuis le temple. Du sang le couvrait d'éclaboussures sombres de la tête aux pieds. Il y en avait trop pour qu'il ne s'agisse que du sien. Une vilaine plaie suintait sous sa manche droite déchirée. La lame inconnue dans sa main droite gouttait sur l'humus. Sa courbe plus longue que son akhamé lui donnait un air de vaurien.

— À genoux, athama.

Titus s'exécuta lentement, sans geste brusque.

Typhenn vint se placer entre eux, le défiant de son unique épée.

Ronan avisa son propre glaive pointé vers lui avec un rictus mauvais. Athama.

—  Il faut qu'on parle, déclara Typhenn.

— On parlera plus tard, décréta Ronan, il se détourne vers Titus qui gardait les mains levées.

Typhenn pointa son arme sur son cœur, sachant qu'il pourrait dévier la pointe et la transpercer en une fraction de seconde. Deux glaives contre un, elle était désavantagée.

—  Je veux des réponses maintenant ! Je veux savoir comment un mur impénétrable a pu être brisé à deux reprises : au temple et chez moi. Je veux savoir pourquoi tu as caché tes akhamés sur une de ces bestioles. Et je veux savoir ce que ton père manigance, car c'est impossible que tu ne saches rien !

—  Tu insinues quoi ?

Ronan baissa ses épées. Il n'en demeurait pas moins menaçant.

— Il y a une quinzaine d'années, Andraste t'a déposé au fort pour la première fois. Il a volé Orlène et manipulé mes parents. Les rôdeurs utilisent des armes à feu, tu ne trouves pas ça étrange ?Où ont-ils pu se les procurer à ton avis ?

Ronan plissa les yeux. Il garda le silence, décidé à avoir cette conversation plus tard. Parfait, elle n'avait pas besoin de lui pour continuer.

—  Dans un de tes sous-sols, par exemple ? Ne me prends pas pour une idiote. Tu sais très bien ce que j'insinue. À deux reprises, tu étais présent avant que les murs tombent. C'est toi qui as saboté la barrière autour du temple alors que tu prétendais poursuivre les jumeaux.

Ronan fit mine de s'approcher de Titus, mais elle se plaça entre eux une fois de plus. La pointe traversa sa chemise désormais marron. Ronan produisit un effort monumental pour desserrer les dents.

— Et j'ai mieux. Cette histoire comme quoi tu aurais tué Kieran. C'est que du vent l'accusa Typhenn.

—  Demande donc à ton cher cousin ce qu'il fait ici.

Elle savait pour quoi. Ils s'étaient servis d'elle comme appât pour arrêter les Vaugren et les conduire devant les Chepesou.

— J'ai un message.

De surprise, Typhenn se tourna vers son cousin.

—  On se demande de qui, ajouta Ronan dans un murmure sarcastique.

Titus ne bougeait pas d'un pouce.

—  Tu insinues quoi, là ? Typhenn pâlit tant qu'elle pourrait faire rougir la lune de jalousie. Quand la situation s'était-elle retournée ? Elle brandissait toujours l'akhamé, pourtant elle se sentait démunie. C'est quoi ce message ?

Comme une horrible scène parfaitement répétée, des druides sortirent des arbres, les encerclant. Typhenn voulut s'interposer entre eux et son cousin. Ronan écarta ses tentatives du plat de sa lame. Elle évita la botte qui aurait pu la désarmer d'un bond en arrière, ce qui l'éloigna de son cousin.Acculée, elle montra les dents.

—  Il te le dira plus tard, décréta-t-il encore une fois. Typhenn se demandait si ce n'était pas sa phrase préférée.

Il se tourna vers Titus qui se laissait ligoter par les druides sans quitter Typhenn des yeux jusqu'au moment où on le poussa en avant.

— Orlène a lâché les ondins hors du lac pour repousser vos chiens, prie pour que ton frère leur échappe en un seul morceau.

Lorsque Titus eut disparu entre les druides, Ronan lui arracha l'akhamé des mains. Elle le laissa faire. Perdre son énergie maintenant ne l'aiderait pas.

— Je vais essayer d'oublier que tu as rompu notre accord en me mentant.Quant à ton raisonnement biaisé, on en parlera au fort. Pour l'instant, je veux savoir pourquoi tu n'es pas déjà en sécurité alors que tu es partie avec Merle ? pesta Ronan plus qu'il ne demanda.

De près, il avait une forte odeur de fer, de sueur et de brûlé qui émanait de lui. Sous toute sa crasse impossible de dire si le sang coulait d'une blessure.

— Merle était affaibli, et nous étions suivis. Il fallait les éloigner.

S'il la crut, elle n'aurait pu le dire. Ses fichus yeux vairons se contredisaient. Dans tous les cas, il finit par acquiescer, lui intimant d'avancer. Lorsqu'elle ne coopéra pas immédiatement, il ajouta:

— Ne me force pas à te faire obéir, athama. Je sais quelles sont tes côtes cassées et où sont tes points de suture.

À bout d'option, elle ravala sa pique sanglante pour la deuxième fois. Ronan venait de clairement déclarer la fin de leur alliance.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant