Les lois d'Anubis - part5

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Yan se retourna, cherchant le soutien de Typhenn qui ignora sa remarque avec un rictus ennuyé, son attention entièrement absorbée par Ronan.

— Je n'ai jamais rien fait d'aussi glauque et dégouttant. Je suis le seul à qui cela pose un problème ? s'injuria le garçon.

Ronan déplaçait les bouquets un par un et commença à creuser au pied d'un arbre robuste. Il devait vérifier quelque chose, et ils avaient seulement besoin de savoir qu'il s'agissait d'une des victimes. Seulement après, il les conduirait en lieux sûrs, loin de son père, loin des autres. Typhenn l'observait, irritée qu'il la mette dans le même panier que Yan.

Dans le cimetière, seul le dôme éclairé s'élevait en géant dans la nuit. Se dressant tel un phare bleu et jaune au-dessus du sol noir.

— Tu nous as conduits ici pour nous prouver que tu ne respectes vraiment rien ni personne ? s'exclama Typhenn, plantant sa pelle dans la terre meuble.

La goutte venait de faire déborder le vase, non,le barrage.

Ils se tenaient, des pelles et des torches à la main, devant une tombe anonyme munie en tout et pour tout, d'une pierre polie d'un côté gravée et d'un petit corbeau.

À ce moment, elle voulait s'enfermer dans la voiture, tourner la clef dans le démarreur et foncer tout droit le dénoncer à la police. On ne devait pas déranger le repos des morts. S'il y avait une règle sacrée qu'aucun serviteur de Maât sain d'esprit n'enfreindrait volontairement, c'était celle-là.Ronan s'apprêtait à le faire une deuxième fois, même si la première fois, il n'avait fait que profiter de l'incidence d'un autre.

Lorsque Ronan avait ouvert le coffre devant la grille du cimetière, elle s'était attendue à voir un corps se tortiller dans l'espace spacieux du coffre. Il n'y avait que des pelles enroulées dans une couverture pour éviter de souiller la moquette de terre.

Il s'arrêta, s'accroupit et prit une poignée de terre meuble. La terre avait été récemment retournée. Cela expliquait la facilité de ses premiers coups de pelle.

Ronan se redressa, négligemment appuyé sur le manche, des gouttes des sueurs perlaient sur son front.

— Craindrais-tu d'avoir le cou brisé, athama ? se moqua Ronan, essuyant la terre sur son jean. Il n'y a plus personne pour te châtier.

Il viendra pour toi en premier,pensa-t-elle furieusement.

Typhenn remonta ses manches avec un soupir résigné, ne voulant pas lui donner raison. La mort ne la dérangeait pas, tant qu'elle restait aussi sèche que le papier. Les vers, au contraire, la dégoûtaient.

— Alors, c'est qui ? J'espère qu'il n'est pas trop moisi.

D'un seul geste, Ronan arracha sa pelle à la terre et se remit à creuser.

Il n'avait pris que deux pelles. Elle commençait à croire qu'il déterrait des corps tous les week-ends, pourpenser à l'avance qu'ils ne passeraient pas à trois dans la fosse. Typhenn tenait donc la torche. La deuxième pelle reposait entre les mains de Yan qui ne se montrait pas pressé de prendre son tour.

Typhenn regretta sa question lorsqu'il répondit,fixant le fond de son labeur :

— Essie.

Isis mère d'Horus. Ils déterraient sa petite sœur.

— Ronan si tu... Elle ne savait plus quoi dire, soudain trop consciente de l'herbe haute et humide qui trempait ses baskets. Comment n'avait-elle pas reconnu le bouquet de fleurs de papyrus en éclosion ? Et le sycomore à l'écart des tombes ? Une boule se formait dans sa gorge.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant