La marque des reines - part3

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— Seth.

Yan articula un quoi muet accompagné d'une grimace. Finalement, il connaissait ce nom tristement célèbre.Seth, le pendant égyptien du célèbre Loki, en pire. Seth, lui, ne se faisait pas châtier, seulement humilier.

L'escalier continuait de monter, mais Ronan les poussa dans une porte étroite sur un palier.

À l'intérieur, des rideaux et un tapis bordeaux renvoyaient une lumière orange dans toute la pièce. La couleur semblait ajoutée uniquement pour créer un peu de chaleur. Typhenn se sentait presque chez elle. De grandes étagères métalliques encadraient un tableau comme une armée de gardes du corps. Des livres soigneusement empilés occupaient tous les murs. À l'écart des étagères, toutes sortes de fioles mijotaient sur un meuble massif pourvu d'un nombre incalculable de tiroirs étiquetés.

Ronan les avait manipulés pour les attirer droit chez lui. Il n'y avait que les Vaugren pour battirent leur maison avec accès sur une porte du temple !

— Les sages savent-ils que tu te sers de ce fléau pour garder ta maison ? demanda Typhenn en inspectant l'intérieur. Elle passa un doigt sur le premier meuble qui lui passait sous la main. Son doigt laissa une marque, où un instant plus tôt, il n'y avait pas un grain de poussière.

Ronan se délestait de ses armes sans se préoccuper d'eux, les déposant sur un sofa, puis se défit de sa veste couverte de terre qu'il jeta par-dessus. Il secoua ses cheveux. La poussière tomba comme une pluie de sable sur le tapis.Elle collait aussi à sa peau et palissait son teint mat. La marque de Seth à son cou en ressortait d'autant plus.

Typhenn se dirigea vers la porte, décidée à monter jusqu'en haut de l'escalier et à sortir par la grande porte. Elle n'avait pas encore atteint la clenche que la voix de Ronan l'interrompit :

— À ta place, je ne ferais pas ça.

Elle ne l'écouta pas. Sans se retourner, elle intima à Yan de suivre le mouvement.

— Athama ! Qu'arrivera-t-il si je révèle ton petit secret ? Tu ne seras certainement pas la seule à tomber.

Son venin lui piquait la peau.

Qu'Apophis emporte ce serviteur du chaos ! Typhenn planta ses talons dans le sol si soudainement que Yan la percuta. Elle passa ses options en revue à toute vitesse. Ronan pratiquait la magie druidique. Elle pourrait le dénoncer, sauf qu'encore une fois, tout ce qu'elle pourrait dire serait sa parole contre celle du petit protégé du clan. Sans compter qu'Andraste lui tomberait dessus avant qu'elle révèle le secret de son fils.

Des bouteilles d'eau en main Ronan les invita à s'assoir. Il en lança une à Yan et posa les autres sur la table basse en prenant possession du sofa, gardant ses deux glaives à portée de mains. Des plaids épais étaient pliés en quatre sur l'un des accoudoirs, indiquant que Ronan passait la plupart de son temps libre à réfléchir et dormir ici. Il répandit un nuage de poussière, d'os et de terre sur les coussins. Les mains jointes sur ses genoux.

Typhenn repoussa Yan sans ménagement. Elle ne bougea pas de sa place, la sortie dans son dos, et un sofa entre elle et Ronan.

Il prit une longue gorgée avant de commencer.

— Tu n'es pas aussi écervelée que ton comportement pourrait le faire croire, athama. Le garçon nous est lié d'une certaine manière. Si je m'aventure un peu, je dirai même qu'il a un lien avec les meurtres en série. Donc je répète ma question, qui est ce Yan ? demanda Ronan comme si le garçon ne se tenait pas dans la pièce.

Yan hésita, puis ouvrit les rideaux. Depuis que le bleu du ciel ne lui servait plus de toit, le garçon ne tenait pas en place et respirait mal.

À travers la petite fenêtre rectangulaire collée au plafond, il observa avec envie la rue prise dans une fine couche de dentelle scintillante. Un effet provoqué par la barrière druidique qui entourait la maison. Typhenn n'en avait jamais vu d'aussi visible et puissante. Rafe n'avait pas exagéré.

S'il pensait que la faire chanter en menaçant sa famille ne lui donnait aucune envie de coopérer, il se trompait.Elle retiendrait chaque aveu le plus longtemps possible.

Les mains posées sur ses hanches, elle prit Ronan de haut et rétorqua :

— Puisque tu as l'air si malin, pourquoi ne me le dis-tu pas ?

— Je ne suis pas comme vous, répondit Yan à sa place. Alors Yan lui résuma rapidement qu'il avait survécu à des assassins qui avaient massacré toute sa famille.

Son manque de travail d'équipe exaspéra Typhenn. La façon dont Ronan obtenait toujours ce qu'il voulait l'agaçait. Si Ronan voulait interroger Yan, il avait son interrogatoire. Elle refusait d'accorder sa confiance à un serviteur du chaos avec deux machettes attachées dans le dos.

Ronan, méfiant, se pencha davantage en avant. Il lui demanda comment un gamin avait pu survivre à des hommes qui ne laissaient que cendres dans leurs sillages.

Yan secoua la tête. Il n'aurait pas pu expliquer comment il était parvenu à ramper hors de la maison alors que le monde s'effondrait autour de lui. Le garçon se replia sur lui-même, incapable de supporter ses souvenirs. Cependant, il força quelques mots de plus.

— Je ne sais pas, mais ce symbole je l'ai déjà vu. Un des assassins portait le même, accroché à une chaîne en or. Je l'ai déjà montré à Typhenn, ça n'a mené à rien,termina Yan.

Yan indiquait un papyrus avec un hiéroglyphe modernisé encadré sur le mur. Typhenn se dévissa le cou pour voir le nœud d'Isis et de Nepthys, protectrice d'Osiris qui l'avait conduit au club de Rafe puis à Typhenn.

Elle remua, mal à l'aise.

— Tu sais ce qu'est le nœud d'Isis ?(Yan secoua la tête.) Il s'agit du symbole des gardiennes d'Osiris. Le Tit est un des symboles qui nous représente.Si ce que tu dis est vrai, alors un des nôtres nous traque comme des bêtes, conclut sombrement Ronan. On pouvait voir les rouages de ses pensées tourner dans ses yeux marron et bleu.

Il soupçonnait des veilleurs de tuer leur propre clan. L'idée d'un tel fratricide la révulsait. Elle avait refusé de permettre cette simple pensée de l'effleurer. Ronan ne paraissait pas surpris. Ce doute creusait un chemin dans son esprit depuis un moment. Typhenn ouvrit la bouche pour le contredire, car plus personne ne portait le Tit depuis que les serviteurs d'Isis avaient disparu.

Soudain, Yan et Ronan se tournèrent vers la porte dans un mouvement quasi identique.

— Quoi ? demanda Typhenn, un frisson glacé dans le dos, supposant que les spectres avaient franchi les protections de Ronan et investi la maison. Elle ne se sentait pas prête à affronter les morts une deuxième fois.

La porte d'AkerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant