Un éclair frappa les cieux, le flash imprécis illuminant les ruelles désolées d'une cité autrefois prospère et désormais réduite à l'état de ruines. Les sommets des grattes-ciels n'étaient plus représentés que par quelques débris fragilement maintenus debout par des architectures chancelantes. Dans les avenues, au milieu des décombres, on apercevait quelques cadavres métalliques de véhicules en tout genre aux apparences autrefois lisses, parfaites.
La pluie ne cessait de tomber, éteignant quelques fugaces brasiers encore présents en certains pôles incandescents de cette ville devenue nécropole. Au centre d'un large carrefour, deux silhouettes se distinguaient au milieu de corps noirâtres difformes et sans cohérences. Ces choses, plus proches d'animaux massifs que d'êtres humains avaient été abattues sans aucune pitié.
L'un des deux personnages était à genou, une femme aux longs cheveux blonds détrempés par la pluie. Enveloppée dans un manteau noir aux reliures argentés, elle tenait entre ses mains fébriles et ensanglantées un objet s'apparentant à un masque brisé. Noir, aux sobres inscriptions rougeâtre, il était fêlé en plusieurs points, notamment au niveau du verre droit.
Devant elle, debout, un jeune homme. Paré du même manteau qu'elle, son visage était dissimulé par une capuche. Seules quelques fugaces mèches argentées dépassaient du couvre-chef épousant parfaitement les contours du visage de son porteur au point de le faire apparaître tel un spectre dépourvu de faciès.
Si la jeune fille semblait en proie à quelques soubresauts dû à des sanglots, son comparse demeurait de marbre, ses mains placées dans les poches latérales de son atour. Un nouvel éclair tomba et quelques instants durant, le visage désolé de l'éplorée apparue. Crispée, sa face semblait autant emprunte de douleur que de rage.
On entendit un petit fracas lointain dû à l'écroulement d'une structure quelconque. Le garçon tourna doucement la tête puis revint à la scène devant lui. Il entrouvrit les lèvres pour tenter de poser quelques mots sur la scène mais en fut empêché par la voix douce mais glacée de sa camarade.
- Dis-moi quelque chose... Commença-t-elle par dire, avant de poursuivre sur un timbre de plus en plus assuré. Comment en est-on arrivé là ?
Il y eut un silence, la foudre fendit les cieux faisant apparaître un visage sévère, à l'oeil droit ambré et au large bandeau situé sur le haut de la face gauche. Les regards se croisèrent et les pensées, comme liées, s'échangèrent. La lumière s'éteignit. Un ton presque mielleux et trop conciliant répondit.
- Et toi ? Comment en es-tu arrivée là ? Demanda-t-il à son tour.
On entendit le masque endommagé se briser entre les doigts à l'apparence inoffensive. On put presque entendre les dents de l'intéressée grincer. Une minute passa et le calme s'instaura pour de bon. Blessée à la jambe droite, et à l'épaule gauche, la jeune femme se leva pourtant sans émettre de plaintes.
- Tout était si simple... avant. Souffla-t-elle, la mine basse. Elle prit une lente inspiration avant de débuter son récit.
La pluie redoubla alors de violence.
VOUS LISEZ
Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...