Enfin captivée, Amélia laissa ses yeux vagabonder sur l'écran jusqu'à ce que la structure apparaisse en trois dimensions au-dessus du conférencier, dans des proportions relativement colossales.
La Chose mesurait plusieurs centaines de mètres de haut pour vingt kilomètres de diamètre. En ses points cardinaux s'élevaient quatre grandes tiges tentaculaires à l'épaisseur surréaliste. Agissant comme des sortes d'excroissances, elles surplombaient de plusieurs centaines de mètres le haut de la structure et se recourbaient en leurs bouts vers le centre de la Chose.
Cette sorte de tumeur, de parasite ou dieu sait quoi, était une aberration à la surface bulbeuse et suintante. La représentation holographique semblait rendre le tout presque plus harmonieux qu'il n'aurait dû l'être. Ce non-sens même, cette aberrante monstruosité s'élevait comme un bouton purulent à la surface de la Terre.
La jeune fille fut stupéfaite. Cette Chose dont l'aspect repoussant n'évoquait rien de connu lui laissa comme une imperceptible sensation de frayeur.
- Bien occupé à perfectionner ses armes pour tuer les Skryns, l'Homme a négligé l'étude du point d'impact du second météore. Ce n'est que dix ans après le lancement de la guerre, que l'on mobilisa des satellites militaires au-dessus du cratère pour découvrir cette structure gargantuesque.
Sur l'épiderme de cette immondice inqualifiable, des points se mirent à clignoter en orange. Les yeux des étudiants se fixèrent sur ceux-ci pour enfin admettre qu'ils avaient la forme de gueules béantes acérées de dents.
L'animation se mit en route et tous ces immondes gouffres se mirent à cracher de façon périodique ce qui semblait être de petites boules orangés, muqueuses, glaireuses, et immondes.
- Comment les Skryns ont-ils contaminé les Amériques ? D'où venaient les projectiles ? Vous avez la réponse sous les yeux. Expliqua le jeune homme, sur un ton des plus sérieux. L'évolution. Des prédateurs capable de s'adapter au terrain. Un système complexe et hiérarchisé de modifications génétiques en série capables de donner ces cracheurs de spores.
Dans l'assistance, les regards se croisaient et la terreur se lisait sur un nombre croissant de visages. Amélia avait bien du mal à rester en place. Si elle trouvait fantastique cette prouesse de l'évolution, la perspective d'une espèce colonisatrice aux systèmes d'invasions dignes des plus grandes avancées technologique était effrayante au possible.
- Cette ... tumeur muqueuse n'est rien d'autres qu'un organisme vivant ou semi-vivant. Qui peut bien le savoir ? Nous ignorons encore beaucoup à son sujet. Mais nous avons estimé la population Skryn bordant la Chose à huit millions d'individus. A l'époque.
Nouvelle vague moribonde et glaciale dans l'assistance. Huit millions ? La perspective était ahurissante en sachant que deux millions avaient suffit à prendre l'Asie dans sa quasi-totalité.
Les dents d'Amélia grinçaient à mesure que les révélations s'enchainaient. Elle, qui pensait assister à un cours banal, se voyait contrainte d'apprendre des données glaçantes de la part d'un conférencier à peine plus vieux qu'elle.
Était-ce de la rage contre les Skryns qu'elle ressentait ? Ou de la jalousie à l'encontre du jeune homme ? Elle n'en savait trop rien elle-même.
Une main fébrile se leva dans les hauteurs de l'amphithéâtre, le conférencier s'arrêta et indiqua au curieux de prendre la parole.
- J'ai entendu dire qu'on avait encore l'arme nucléaire à l'époque. Pourquoi ne pas l'avoir utilisé ? La question était légitime et le conférencier s'en amusa, un fin sourire en coin se dessina sur son visage.
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Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...