Chapitre 4 - #18

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Amélia sentit le cliquetis infernal prendre fin, la table d'opération venait de s'immobiliser. Au-dessus d'elle une machine de cauchemar à l'apparence arachnoïde. Le métal qui la composait lui donnait un aspect brillant, presque envoûtant. A bien y regarder, on pouvait perdre son regard dans les reflets luisants de cette conception de haute précision en oubliant les terribles objets que comportaient ses bras mécaniques. Au sommet de cette araignée technologique se trouvait une sorte de grand réservoir où une substance noirâtre batifolait et se débattait presque.

Elle déglutit. Kain l'observa avec un air compatissant et vint poser sa main sur l'épaule de la jeune femme tandis que ses assistants la sanglaient solidement à la table d'opération. Fixée, elle sentit peu à peu son dos se mettre à nu. Une partie de la table semblait se rétracter sur elle-même donnant ainsi accès, par le dessous, à l'autre partie de son corps. On commença par lui piquer les bras avec les premières seringues pour leur injecter des fluides quelconques surement nécessaire aux opérations à venir. Elle ne sentit pas l'aiguille et se fut presque un soulagement. C'était déjà ça de pris.

- La première partie de ta transformation va débuter, Amélia. Nous allons placer les puces à nanites et paramétrer ton système nerveux. Ensuite, nous commencerons la symbiose. Nous ferons au plus vite et au mieux. Annonça le Professeur en faisant signe à ses compagnons de débuter, ceux-ci se placèrent de part et d'autres de la table armés de tablettes depuis lesquels ils contrôleraient l'araignée de métal. 

Amélia fut pris d'une terreur sourde lorsqu'elle vit la terrifiante machine aux bras mécaniques tomber lentement du plafond dans sa direction. Deux de ses pattes passèrent à l'arrière de la table pour venir au niveau de la trappe offrant vue sur sa nuque et son dos. Le carnage commença quand les premiers scalpels commencèrent à ouvrir ses chairs sans même qu'on la prévienne. Elle se mit à hurler. La douleur était insupportable, chaque centimètre de peau déchirée étaient un supplice comme elle n'en avait jamais enduré. Deux autres bras saisirent son cou et son front pour l'empêcher de bouger.

Des tubes descendirent à leurs tours et s'insérèrent dans ses bras, ses jambes et son dos. Une chaleur brûlante envahissait son corps. Dans le flot de larmes et de souffrances, elle put tout de même se rassurer. Il ne s'agissait pas du Venom, c'était trop "doux" pour l'être. Le seul réconfort de cette immonde processus était une petite brume glacial projetée sur les plaie béantes par cycle de quinze secondes. Lambeaux après lambeaux, les chairs furent retirées, les muscles remodelés et jusqu'à ses os modifiés. Amélia, les yeux brûlants, vit un autre bras de métal descendre en tenant en son bout une puce électronique possédant six pattes acérées.

Elle craignait ce qui allait se passer et aurait volontiers bouger si elle en avait été capable. Tout comme elle le pressentait, la puce fut posé sur le haut de sa colonne et les pattes forèrent cette dernière non sans lui arracher de nouveaux hurlements. Elle sentait parfaitement les petites foreuses de métal s'implante au sein de ses ossements en joignant son système nerveux. L'immonde procédé dura cinq longues minutes durant lesquelles elle se sentit défaillir et cru mourir. Elle tint cependant bon et refusa de se laisser aller.

Pourquoi ? Pourquoi devenir une hellion ? C'était une erreur. Plus rien ne comptait, elle appelait à l'aide. Son père, sa mère, son grand-père mais personne ne pouvait rien pour elle. Les articulations de métal et les sangles l'empêchaient de trouver la moindre échappatoire tandis que les cruels chirurgiens poursuivaient leur besogne sans remords. Contrairement à ce qu'aurait pensé Amélia, la puce désormais implantée ne lui procurait plus aucune douleur. Elle tenta de s'en réjouir avant d'être pris d'un horrible haut le cœur, manquant de vomir. Elle entendait son cœur battre au fond de sa poitrine. Elle avait choisi l'enfer. Elle l'endurerait.

Les pattes métalliques s'activèrent et descendirent toute sur son corps tel une araignée fondant sur sa proie. C'est alors que débuta la seconde partie du carnage. Une à une, les ramifications ouvrirent les bras, les jambes, poignets, ventre et cuisses de la jeune femme incapable de se défendre dans un déferlement de lames, de scalpels et de pinces. Elle hurlait, encore, encore et encore. Elle pleurait, ne savait plus où donner de la tête, ne savait plus où avoir mal. Elle remarqua à peine les tubes gorgés du liquide noir approcher. Ils furent plantés dans les membres ouverts.

Amélia sentit alors distinctement le Venom commencer à se répandre en elle. Quel effet cela faisait-il ? Elle avait la sensation d'être traversée par des dizaines d'aiguilles. Chacun de ses organes, de ses muscles. Chacune de ses cellules étaient mise à mal par la symbiose forcée. Elle avait l'impression de pouvoir ressentir jusqu'à la dislocation et la recomposition des milliards de fragments d'ADN que comportait son corps. Elle se mit à convulser, à cracher. L'immonde poison noir s'écoulait par tous ses orifices alors que la sensation se muait en une atroce impression de carbonisation interne.

Son rythme cardiaque s'emballa et ce n'était pas les points de sutures ni le début de reconstruction de ses chairs endolories qui allaient l'aider à s'en remettre. Elle bougeait et tentait d'appeler à l'aide mais aucun son ne sortit. Elle maudissait l'Empereur et la Terre entière. Elle ne pouvait rien faire hormis subir cette atroce mutilation. Solidement plantés dans chacun de ses membres, les tubes mécaniques déversaient leur mixture démoniaque sans s'arrêter. Cette abomination faisait l'effet d'un acide bouillant, rongeant chacune des parties de son corps.

Les chirurgiens s'affolèrent soudainement autour d'elle alors que ses yeux se révulsaient. Elle sentit le liquide parcourir sa colonne vertébrale et pénétrer jusque dans les tréfonds de son cerveau. Elle se sentit partir, sa conscience abandonnant son corps. Était-elle entrain de mourir ? Était-il venu le temps d'échouer et de rejoindre ses parents défunts ? Elle partait. Les petits "bips" de la machine s'affolait et elle put ouïr quelques mots prononcés sur un ton cybernétique. Jaëger.

- Professeur, nous la perdons. Elle n'y arrivera pas.

Un vide salvateur s'empara de l'esprit de la jeune fille et tout s'arrêta.

Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant