Chapitre 2 - #23

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Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Amélia put sentir la douceur des draps la recouvrant des pieds au cou. Ses souvenirs, encore flous, n'étaient pas suffisamment ordonnés pour lui permettre d'être catégorique sur ce qu'il s'était passé. Doucement, elle tenta de se relever et pris lentement conscience du lieu où elle était : sa chambre, dans la base.

Parvenant à s'asseoir sur son lit, la jeune femme observa les divers bandages lui parcourant les bras, les jambes et même le buste. Les androïdes médicaux avaient réalisés un superbe travail. Qu'était-il advenu de ses compagnons ? Combien était encore en vie ? Amorphe,  elle observa le lit de sa colocataire avec des yeux peinés. Elle entendit frapper à la porte.

- Entrez. Dit-elle en replaçant ses cheveux et en prenant soin d'ajuster convenablement son haut, assez fin. Sélène entra, l'air pressée, arrachant un sourire étonné à sa partenaire.

- Amélia. Tu es debout... tant mieux. Dante, Seth, Leen et Aito sont à l'infirmerie. Tu peux te lever ? Il vaut mieux les voir avant que les soins recommencent et qu'on nous bloque l'accès. Un soulagement étreignit la jeune fille mais elle hocha négativement la tête.

Sélène approcha et aida sa paire à enfiler quelques vêtements plus convenable. Elle plaça ensuite l'un des bras de son amie derrière son cou, l'aidant à marcher. Doucement, les deux compères avancèrent au milieu du couloir commun, désormais vide. 

Quelle terrible sensation, Amélia en aurait pleurée si ses yeux en étaient capables. Dire que quelques heures auparavant, l'endroit était encore plein de vie et de recrues prêtes à servir l'Empereur. Il ne restait plus de cette ferveur et de cette joie qu'une antre vidée de sa substance.

- Les choses sont plus compliquées que prévues... Hein ? On a été trop idéaliste. Lança la brune devant la sordide conclusion la tragédie qui venait de se produire.

- Sélène. Est-ce qu'on a fait le bon choix ? L'interrogea faiblement Amélia, avançant petit à petit vers l'ascenseur.

- Pourquoi cette question ? Elle la sentit se raidir, non pas de tristesse mais de rage.

- Deux fois. Ca fait deux fois que je vois des gens mourir sans rien pouvoir faire. Ils nous ont tout pris, encore... J'ai dû être sauvée alors que je voulais aider. C'est pitoyable ! Cria-t-elle en s'arrêtant, son amie la regarda, désolée.

Que pouvait-elle bien répondre ? Leur utilité avait été toute limitée. Dans la grotte, dans l'installation. La troupe avait été tué sans qu'ils ne puissent rien faire.

- C'est un triste constat de notre situation... Répondit simplement sa camarade.

- Au moins... on est en vie et les autres aussi. Tant que je vous ai tous... je pense que je peux me réjouir...

Elles arrivèrent à l'ascenseur et entrèrent à l'intérieur. D'un mouvement de main sur l'écran tactile à l'intérieur, Amélia choisit de descendre à l'infirmerie. Dans quel état pouvait se trouver ses amis ? Elle craignait pour leurs intégrités physiques. Seraient-ils mutilés ? Paralysés ? Cette mission avait été un véritable fiasco, les recrues n'étaient pas prêtes au final. 

Trois mois d'entraînements n'avaient pas suffit et ils avaient fait les frais de la réalité cruelle du front. Leur tube s'immobilisa et la porte s'ouvrit sur une grande salle d'attente blanche au fond de laquelle se trouvait une porte circulaire. Devant celle-ci, un bureau des plus banals. Une infirmière était entrain d'écrire un rapport sur un écran holographique. Lorsqu'elle les aperçut, elle cessa son travail et la projection disparu.

- Que puis-je pour vous ? Demanda-t-elle avec un grand sourire inapproprié.

- Nous venons voir les recrues Seth, Dante, Aito et Leen. Je n'ai pas leurs matricules mais vu le peu de survivants que vous avez... je pense que vous allez nous renseigner. Répondit Sélène, glaciale. Leur interlocutrice se leva, tapota sa blouse et vint posa sa main sur l'écran situé sur le côté de la porte. Elle coulissa.

Les jeunes femmes suivirent leur guide dans un couloir similaire à celui des chambres communes à la différence que les murs y étaient bien plus lisses et que la puissance des néons avait été diminué, donnant au tout un aspect tamisé. Elles s'arrêtèrent devant une autre porte et l'infirmière leur fit un signe de tête.

- C'est ici. Nous les avons mis ensemble car nous pensions... que c'était la meilleure chose à faire après ce qu'ils ont dû vivre. Le sang d'Amélia sembla geler, la crainte l'étreignit et sans attendre elle appuya sur l'écran de contrôle pour entrer. Dans la chambre, quatre lits séparés en deux colonnes où semblaient dormir les rescapés.

Sélène amena Amélia auprès de Seth, on avait mis les blessés en robe de chambre surement après que les robots se soient occupés de leurs plaies. Le visage du jeune homme avait été relativement épargné mais ses bras, disposés par-dessus la couverture, étaient maculés de bandages. Amélia aurait souhaité regarder l'état de son corps mais à en juger par les formes visibles, elle ne semblait pas avoir été amputé. C'était déjà ça de pris.

Les autres, qu'ils n'avaient pas pu croiser durant leur mission, semblaient dormir plus paisiblement et possédaient moins de séquelles que prévu. Les deux amies se recueillaient et louaient le ciel que leurs compagnons soient encore de ce monde. Un humanoïde robotique entra. Il salua les deux arrivants d'un hochement de tête. Amélia l'interpella immédiatement.

- Comment vont-ils ? Demanda-t-elle, haussant le ton par inquiétude.

- Leurs états sont stables, mademoiselle. Nous avons fait de notre mieux. 

- Et leurs blessures ? Poursuivit Sélène. L'androïde approcha de Seth en premier lieu.

- Fractures multiples dû aux chutes. Cette jeune personne a perdu beaucoup de sang et a souffert le martyr avant d'être soulagé par nos anesthésiants. Si ses jours ne sont pas en danger, elle va devoir rester au repos. 

- Les autres possèdent des lésions corporelles nombreuses mais peu importantes. 

- Combien de survivants au sein de l'escouade ? L'androïde se tourna vers elle.

- Deux cent cinquante recrues sont parties au front. Quinze sont revenues, et dix sont en passe de nous rejoindre pour un total de vingt-cinq survivants. La voix cybernétique neutre donna un air dramatique à cette estimation. Les pertes avaient été bien plus lourdes qu'elles ne l'auraient dû.

- C'est... le bilan définitif ? Balbutia la jeune fille.

- Oui, mademoiselle. C'est définitif. L'humanoïde se retourna prêt à sortir lorsque Sélène l'interrompit.

- Attends. Une question, une dernière. Aito, Dante, Leen. Comment sont-ils revenus ?

- D'après ce que je sais, leur aéronef a atteint sa destination. Ils ont tenté de rejoindre l'objectif des forces spéciales mais ont été attaqué en chemin. Ils ont été sauvé par un soldat des forces spéciales puis ramenés aux aéronefs. Elle hocha la tête et remercia le robot, le laissant repartir.

Un blanc s'instaura. Amélia et Sélène s'observaient mutuellement, se détaillaient. Leurs respirations semblaient fusionner et leurs esprits se connecter. Le peu de survivants devait sans doute sa vie aux forces spéciales. Ils avaient suffisamment vus de prouesses sur le terrain pour être désormais certains que ces humains possédaient un don particulier. 

Sur le chemin du retour, elles gardèrent le silence jusqu'à ce qu'au bout du couloir menant à sa chambre, elles remarquent un homme au manteau noir et aux longs cheveux rouges. Que venait-il faire ici ? Était-il venu prendre des nouvelles de la jeune fille qu'il avait sauvé ?

Abandonnant alors le soutien de son ami, Amélia se mit à courir malgré la douleur et haussa le ton comme une forcenée, dans l'espoir que le concerné s'arrête.

- Ren ! Attendez ! Hurla-t-elle et il s'arrêta.

Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant