Le visage mortifié d'Amélia se cristallisa peu à peu en un savant mélange de frayeur et de rage. Elle attrapa fermement l'épaule de son compère, le secouant presque. Son timbre haussa d'un coup, attirant l'attention des étudiants de passage aux alentours.
- Quoi ? Cet imbécile veut vraiment s'engager ?! Cria-t-elle, tout d'abord avant de reprendre son calme en s'aperçevant que les regards s'étaient braqués sur elle. Il est complètement fou... Il faut être un vrai imbécile pour faire ça. Un suicidaire...
- Il ne s'est jamais caché. Son rêve, c'est de servir l'Humanité avec une arme à la main. Au vue de ses résultats médiocres, c'est encore le mieux qu'il puisse faire de sa vie. Répondit Aito avec un air dédaigneux.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ... ? Marmonna-t-elle, la tête basse.
- Que je ne vois pas ... et que je n'ai jamais vu l'intérêt de rejoindre l'Armée Impériale. Entre les soldats qui se la coulent douce dans les cités ... ceux que l'on envoie garder Horizon... et les sacrifiés envoyés en expédition dans les Terres Désolées. Franchement. Je ne vois pas l'utilitée de s'engager. Expliqua-t-il sincèrement. Sa voix était absolutiste.
Soudain. Il y eut une gifle. Un téléphone tomba à terre. Le visage lourd, Amélia s'était levée peu après avoir abattu sa main dans le visage de son compagnon. Les poings serrés, elle avait grincé des dents avant de murmurer quelque chose d'inaudible. Telle une furie, elle était partie sans demander son reste.
Ramassant son précieux smartphone intact et tirant un mouchoir de sa poche avec un air des plus calmes, le jeune homme observa son amie s'enfuir toujours plus loin. Il eut un petit soupir et commença à nettoyer son écran.
Un petit rictus prit sa joue à peine endolorie tandis qu'une sensation de mal-être le parcourait. Terminant son nettoyage, il descendit quelques marches pour laisser tomber son mouchoir dans une poubelle.
- Une erreur de ma part. Se murmura-t-il en glissant ses mains à ses poches. Peut-être n'aurait-il pas dû aborder le sujet de l'armée impériale aussi froidement devant elle. Après tout, elle y était particulièrement sensible et n'avait pas encore fait son deuil. Malgré les années.
Suffisamment loin, Amélia avait trouvé refuge aux pieds d'un grand arbre au coeur du parc. Dans un endroit relativement éloigné des autres groupes d'étudiants entrain de réviser. Elle se laissa tomber en arrière, à l'ombre de l'être de bois qui la protégeait de son feuillage des cruels rayons du soleil.
Seule. Elle ruminait les derniers propos d'Aito. Ils avaient résonné en elle comme une déchirure que rien ne saurait se refermer. Les yeux clos, elle tentait de faire le vide pour se purger des sensations malsaines qui parcouraient son esprit.
En définitive, elle se surprit à pardonner. Au fond, avait-il tord d'avoir une telle opinion ? Rares étaient ceux qui s'engageaient avec l'espoir de finir leurs jours tranquillement au sein d'un petit pavillon résidentiel semi-luxueux. La vie de soldat, si elle ne connaissait pas de fin prématurée, ne permettait pas une réinsertion sociale classique.
Quelques rumeurs prétendaient que l'Empereur avait aménagé une cité spécialement dédié aux anciens militaires et à leurs proches. Aucune preuve tangible n'avait été avancée mais il est vrai que d'aussi loin qu'elle se souvienne, Amélia n'avait jamais eu la "chance" de rencontrer un ancien soldat retraité. Même au sein de son quartier si calme.
Une vie de servitude, dévouée à l'Empire et aux citoyens. L'absence de reconnaissance et le danger d'une mort imminente si l'on était envoyé derrière Horizon. C'était tout se que promettait l'Armée Impériale ... en dehors des soldes colossales attribuées aux soldats revenant de missions.
Un étrange choix de carrière en définitive. Mais chacun était libre de son destin, au final. C'était tout ce qu'elle voulait retenir.
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Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...