Assise sur une banquette noire non loin de ses camarades, Amélia observait avec lassitude la fenêtre du tram les emportant dans la mystérieuse base où le Professeur les attendait. Situé sous terre, ce train semblait rustique en comparaison de ceux qu'elle avait pu connaître à la surface. Des sièges sombres et inconfortables. Des lumières blanches faiblissantes. Une armature d'acier rugueuse et peu esthétique. Pour terminer le tout, voilà bien deux heures qu'ils étaient seuls dans cette courte cabine automatique continuant à sinuer dans des cavernes sombres où l'on devinait encore la roche des parois. Si habituée aux grandes lignes de sa cité, bien lisses et en plein air, Amélia avait bien du mal à se faire à cette environnement pour le moins vétuste.
Sur la maigre longueur que pouvait faire le transport, Seth faisait les cents pas. Quel impatient, celui-ci. Dante et Sélène semblaient parler à voix basse. La jeune fille repensa à leur curieux départ, on était venu les chercher sans même leur laisser dire au-revoir à Leen ou Aito. Cette rigueur de fer avait provoqué quelques heurts mais les quatre volontaires avaient fini par plier.
Ainsi, voilà trois jours qu'ils écumaient base après base afin de prendre diverses rames dans le but d'arriver à ce que le Professeur avait appelé le "Centre". Un complexe militaire et scientifique profondément enfouis sous les Alpes. Le peu d'escales réalisées par les quatre camarades ne s'étaient pas forcément bien passées. Un peu partout, les soldats avaient observé ces "volontaires" au programme Hellions avec défiance, mépris et parfois pitié. Loin de s'attarder sur ces militaires, ils avaient finalement empruntés leur dernier tram à la base de Cutter's Lane pour finalement échouer ici.
Sélène jeta un regard à Amélia, voulait-elle parler ? Peut-être mais difficile d'avoir une quelconque intimité dans cet endroit. Passant une main dans ses cheveux blonds, elle ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi elle avait accepté. Tous ensembles, ils avaient souhaité souffrir pour une cause plus profonde qu'eux-mêmes. Était-ce la bonne décision ? Si seulement elle avait pu parler avec Aito.
- Combien vous croyez qu'il y en a ? Demanda fugacement Dante.
- De quoi parles-tu ? Répondit sèchement Seth, toujours aussi impatient d'arriver.
- Des hellions. Vous croyez qu'ils sont combien au total ? Si ce programme est aussi controversé, ils ne doivent pas être bien nombreux.
- D'autant plus que le taux de survie des participants ne doit pas être très élevé, il faut le dire. Poursuivit Sélène, non sans arracher un nouveau regard dépité à Amélia.
- Nous le rappeler ne changera rien. Nous savons à quoi nous nous engageons. Mais si vous voulez mon avis, on risque de découvrir une toute autre partie de nous-même. Poursuivit Dante en observant ses compagnons. Seth s'arrêta.
- C'est à dire ? Répondit Sélène, piquée d'intérêt.
- Réfléchis. Qui te dis que tu demeureras le même après ces métamorphoses qu'ils vont nous faire subir ? Qu'est-ce qui nous permet d'affirmer que les hellions sont encore humains ?
- Je ne comprends pas... Bredouilla Amélia, de plus en plus inquiète. En définitive, la forte et vigoureuse petite blonde était apeurée par l'inconnu. Quelle ironie.
- Kain a été clair. Le corps humain possède des limites et je ne pense pas qu'il suffise de quelques injections pour les briser. De vous à moi. Je pense que les hellions ont une part de monstres en eux. Déclara Seth, bombant le torse et tentant d'apparaître sûr de lui.
- Probablement. Répondit Dante, il semblait y avoir déjà réfléchit.
- Impossible. On ne peut pas comparer les hellions aux Skryns. Je refuse cette réalité et cette comparaison. Peu importe comment ces soldats optimisés sont créés. Ils tuent nos ennemis et c'est suffisant. Grommela Sélène.
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Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...