Chapitre 3 - #6

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Lorsqu'elle fut mise au courant de la situation, Amélia se mordit la lèvre inférieure. Elle n'en voulait pas à Dante de ne pas avoir pu intervenir, il n'aurait rien pu faire de toute façon. Voilà bien dix minutes que les portes étaient closes et que l'on avait toujours aucune nouvelle de Seth. Il fallait s'attendre à ce qu'on ne leur en donne pas. Ceci étant dit, elle ne doutait pas de la survie de son comparse étant donné l'avancement des techniques médicales du Centre.

Un sentiment de peur l'envahissait cependant, le récit des atrocités commises par une brute sans cervelle rattaché aux Spectres la terrorisait. Pour la première fois, elle envisageait la possibilité que le pouvoir de la métamorphose soit utilisé à de mauvais escient. Que pouvait-elle bien faire, ou dire, si l'on considérait l'écart gargantuesque qui semblait séparer ces quasi-monstres du commun des mortels ?

- Il n'a pas hésité. C'était insoutenable. Il n'éprouvait ni remords, ni peur, ni pitié. J'ai cru que Seth allait mourir sous mes yeux. Je n'ai pas pu bouger et c'est ça qui me rend fou de rage. Grogna Dante, les poings serrés. C'était la première fois qu'Amélia le voyait aussi affecté par quelque chose.

- Tu n'aurais rien pu faire de plus. Je pense que tu as pris la bonne décision même si elle te paraît lâche. Sans ça, j'aurai deux amis en soins intensifs au lieu d'un. Au demeurant, tu en as appris beaucoup avec cette expérience.

- Ce que j'ai appris n'est pas vital et ne valait pas que Seth soit malmené comme il l'a été. Tout cela ne fait que confirmer ce que Allen nous a dit. Il haussa les épaules, détournant le regard.

- Je crois au contraire, que cette découverte est capitale. Maintenant, nous savons qu'il n'a pas menti... et nous pouvons esquisser l'envie de lui faire plus pleinement confiance. Pour Seth, j'ai toute confiance en sa volonté et en ses capacités à se remettre de ce genre de blessures.

Amélia posa la main sur le bras de Dante qui hocha la tête sans vraiment la regarder, elle faisait son possible pour le convaincre autant qu'elle souhaitait se convaincre elle-même. La jeune femme passa une bonne vingtaine de minutes aux côtés de son compagnon, tentant par tous les moyens de le faire quitter le couloir où il attendait obstinément des nouvelles de Seth. Comprenant qu'elle n'y parviendrait pas, elle le salua et pris la direction de sa chambre. Elle ne souhaitait pas rester dans ce couloir anxiogène à attendre la moindre information, si elle devait savoir quelque chose, Jaëger lui dirait tout.

Elle fut surprise de trouver devant sa porte une Sélène bien déterminée, bras croisés et l'attendant de pied ferme. Quelque chose ne tournait visiblement pas rond dans son attitude et une fois à portée, la voix quelque peu autoritaire de la brune s'éleva.

- Tu en as mis du temps. Tu as vu Dante ? Il te cherchait. Seth a eu des ennuis. Maugréa-t-elle.

- Je viens de l'infirmerie, je sais tout. C'est ... indescriptible.

- Crois-tu toujours que nous deviendrons ainsi, nous aussi ? Demanda-t-elle ensuite, sèchement.

- Tu as des doutes sur notre capacité à résister au Centre ? Nous avons pris la décision de venir tous les quatre. Répondit Amélia, passant sa main sur son bras gauche.

- Je ne suis pas certaine de vouloir devenir une psychopathe en puissance, Amélia. J'ai un mauvais pressentiment depuis que nous sommes arrivés ici. Sélène s'approcha du bord et s'accouda à la rampe donnant sur le vide central. Amélia l'y rejoint.

- Je comprends bien et je pense que je ressens la même chose que toi. Mais je doute que nous puissions partir, désormais.

- Effectivement. On nous a parlé d'intégration à un projet secret mais il est peu probable que nous puissions nous évader ou même demander une autre affectation. Nous allons devoir nous débrouiller seuls. Mais ça je le savais déjà. Nous le savons tous déjà.

Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant