Chapitre 2 - #11

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Les bips incessant de l'IA intégrée à sa combinaison et les flash réguliers envoyés par son casque finirent par tirer le jeune homme de sa torpeur. Quelques instants suffirent à ses yeux pour s'ouvrir et, à l'aide des paramètres indiqués en trois dimensions dans son masque, de comprendre ô combien la situation était désespéré. Allongé sur le dos, il fixa le plafond pour découvrir qu'un gouffre impressionnant fait de gravats, de murs et autres reliquats de stations de trams le séparait de la sortie.

Tout autour de lui, Seth aperçut les débris enflammés de l'aéronef et la maigre carcasse de celui-ci, brisée, quelques mètres plus loin. Son armure l'avait visiblement protégé du plus gros des chocs, les estimations de fractures semblaient faibles, c'était une bonne chose. Le jeune homme prit le temps de retrouver la pleine possession de ses moyens et se redressa. Instinctivement, il chercha ses compagnons du regard pour ne découvrir que des cadavres.

Certains malheureux s'étaient empallés sur des débris, d'autres avaient succombés sur le coup et les derniers avaient été broyés par les gravats. Trouvant une arme au sol, le garçon se mit en route pour détailler la carcasse de l'appareil. Un craquement sur la droite et l'apparition d'une forme de vie sur son scanner le fit se tourner, arme au poing. Émergèrent alors, depuis une pile de débris, Amélia et Sélène dont il reconnut assez rapidement les uniformes.

D'un signe de tête entendu, les fusils s'abaissèrent et les filles approchèrent. Sélène semblait étrangement calme, à en croire le rythme cardiaque affiché par la visière de Seth. Celui d'Amélia était, en revanche, bien plus élevé. Elle avait du mal à rester calme et cela pouvait se comprendre sans la moindre peine.

- Est-ce que vous allez bien ? Demanda-t-il, inquiet.

- On survivra, pas la peine de s'en faire. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? On a survécu de justesse... j'ai eu de la chance de me trouver à l'avant. Répondit Sélène, pivotant pour vérifier l'état des lieux.

- Amélia ? Lança Seth en claquant des doigts.

- Oui... oui, ça ira, je pense. Rien de cassée. J'ai eu très peur. Je n'ai pas compris comment nous en sommes arrivés là. Où sommes-nous ?

- Je dirai ... que nous avons attéris dans un réseau de tram souterrain désaffecté. Répondit le jeune homme, tournant à 180° en allumant les petites lampes disposés sur ses épaulières.

- Assez profondément, donc... comment peut-on remonter ? Poursuivit-elle, rapidement coupée par Sélène.

- Compliqué. On ne va pas pouvoir le faire avant de trouver une station... pour peu qu'il y en ait encore une de viable avec un ascenseur actif. Nous devons marcher et prier que tout cela ne soit qu'un cauchemar. Si les skryns ont investis ces tunnels alors nous sommes déjà morts.

- Je ne veux pas entendre ça. Gronda Seth, sévère.

- Nous allons nous en tirer, savez-vous si d'autres ont survécus ? Depuis combien de temps êtes-vous revenues à vous ? Les interrogea le jeune homme qui approchait de la carlingue de l'appareil accidenté.

- Une bonne dizaine de minutes, je dirai. J'ai mis du temps pour trouver Amélia puis nous avons repérés du mouvement et t'avons découvert. Je ne crois pas que nous soyions les seuls survivants, il manque des corps. Ceci étant, les autres semblent déjà partis. Répondit Sélène, cherchant des traces de pas sur le sol qui s'apparentait à une sorte de sable noirâtre.



Seth posa sa main sur l'aéronef ou du moins, ce qu'il en restait. Celui-ci, en morceaux, possédait encore un cockpit relativement intact ainsi que le flanc droit. Les doigts du jeune homme passèrent dans de larges fissures qui laissaient supposer que le métal avait fondu. Des impacts d'acide corrosif dont l'origine était bien connu. Les skryns avaient donc décidé d'abattre leur navette et s'ils avaient été touchés, les autres le seraient surement à leur tour. Il grinça des dents.

Lui qui était si pressé de faire ses preuves en tant que leader n'en aurait peut-être même pas l'occasion. Combien des leurs s'étaient déjà faits tués ? Et combien reviendraient jamais à la base ? Dante allait-il bien ? Et Aito ? Et Leen ? Les questions s'enchainaient et il prit le temps de ralentir son rythme cardiaque pour ne pas céder à la panique.

Amélia approcha derrière lui et il vit sa main parcourir les sillons à la suite de la sienne. La jeune fille si fragile de l'université avait évolué mais son aspect physiquement demeurait le même. Il possédait un étrange sentiment protecteur à son égard, sentiment qu'il ne pouvait pas s'expliquer. Il tourna la tête et la regarda, malgré la visière, il tenta d'apercevoir les yeux de son interlocutrice.

- Je suis certain que nous allons nous en tirer. S'il y a des survivants, nous aurons des traces et donc nous pourrons les retrouver. Ne désespère pas, s'il te plaît. Lui lança-t-il.

- Ca recommence comme avant, Seth. Je me sens vulnérable et à la merci de ces choses. J'ai beau avoir une arme dans mon dos, je suis une pauvre chose fragile au milieu d'une cage remplit d'être bien trop forts pour moi.

- Tu tenais ce discours-là lors des premiers duels en arène, tu te souviens ? Tu me disais que tu n'y arriverais pas, que tu n'avais pas la force. Souviens-toi des heures passées à s'entrainer, à supporter les injections de compléments alimentaires et à muscler ton corps. Tu te rappels ?

- Oui... Balbutia-t-elle, la mine basse. Il passa la main sous son menton et releva son regard.

- Ici, c'est la même chose. A Sion, tu étais faible mais maintenant, tu es forte. Tu deviendras la prédatrice dans cette jungle grandeur nature. J'en suis convaincu.

- Si seulement j'avais déjà vu une jungle... je me le représenterai surement mieux. Il émit un petit rire et hocha la tête.

- Hep ! Venez donc voir par ici ! Cria Sélène.


Les deux compagnons se suivirent et arrivèrent tout près de leur camarade qui se trouvait devant une sorte gouffre semblant s'enfoncer toujours plus loin dans les entrailles de la cité. Peu éclairé, le couleur avait cependant pour particularité d'être praticable à pieds en raison d'une pente douce. Tous les trams n'offraient pas cette chance, Sélène désigna des traces de pas au sol.

Sans même prononcer un mot, le trio se comprit et c'est ensemble qu'ils allumèrent les torches intégrées à leurs armures pour s'enfoncer dans la pénombre. Seth, en tête de file, choisit d'ouvrir la marche pour être le premier à contempler les ténèbres.

Si des monstres étaient cachés dans les entrailles de Noth alors il voulait être le premier à les voir...


Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant