Posant la main sur le côté de son fusil, Dante n'eut qu'à exercer une pression du doigt sur la bonne partie de leurs arme pour que le compartiment à munition coulisse. Il attrapa une petite boite carrée à l'arrière de sa tenue et l'inséra. Une autre pression du doigt et l'automatisme du fusil terminait la recharge, l'arme se fermant d'elle-même.
Le processus ne durait que quelques secondes... mais le moindre temps perdu était fatal face à un adversaire aussi rapide. Les soldats se remirent en position et reprirent leurs salves mais le skryn sauta en direction de la tour. Il s'écrasa, les pattes avant profondément incrusté sur les bords de la structure.
Sa gueule se referma sur la tête du soldat qui les avait accueilli, la sectionnant nette. Ses tentacules dorsales s'abattirent en direction de Aito et de Leen. Les deux amis eurent le réflexe de placer leurs fusils sur la trajectoire des appendices qui les brisèrent sans mal.
Dante pointa son arme en direction de la gueule béante du skryn, les mains tremblantes, il fit feu avec l'unique grenade qu'il possédait. La puissante détonation vrilla les oreilles du trio mais le monstre fut mis hors d'état de nuire et lâcha prise pour s'écraser en contrebas.
Leen tomba à genoux et hurla. Lui, se contenta de reprendre sa respiration. Il était comme oppressé, tiraillé. Il tremblait de tout son corps et ne pouvait s'arrêter. L'arme dans ses mains ne lui apportait aucun réconfort lorsqu'il regardait le cadavre sans tête appuyé contre le rebord de la tour. Ne supportant pas cette vision, il attrapa celui-ci et le jeta par-dessus bord.
- Cauchemar... on est dans un cauchemar... dis-moi qu'on rêve... ! Lenn était toujours à terre, les larmes roulant sur ses joues devant le spectacle immonde auquel elle avait réchappé de justesse.
Dante ne savait pas quoi lui dire, c'était bien la réalité. Celle du combat, et de la mort. La voix de Aito se durcit soudainement.
- Bon sang mais relèves-toi ! Tu veux finir comme eux ?! Alors relèves-toi ! Prends l'arme de ce pauvre bougre et remets-toi en position. Si la tour tombe, le camp sera foutu. Alors places-toi ! Cria-t-il en reprenant son poste, saisissant une arme sur un râtelier non loin.
Dante ne souhaitait pas que l'on brusque Leen mais si nul ne le faisait pas, son taux d'adrénaline redescendrait, elle abandonnerait définitivement tout espoir, signant son arrêt de mort et le leurs avec.
La méthode sembla fonctionner. Lentement, la jeune fille attrapa l'arme gluante du sang écarlate du trépassé puis se releva. Elle tenait à peine debout mais elle leva son fusil et le braqua vers les ruines face à eux. Il fallait tenir la position ou mourir. C'était cela, être soldat et elle s'y était engagée.
- Leen ! A droite ! Feu ! S'exclama soudainement Aito. Les fusils se mirent à chanter aussitôt en direction d'une bête à la peau orangée courant depuis le côté droit dans leur direction.
La distance séparant la tour de la créature empêchait une visée nette c'est pourquoi les trois recrues tiraient en prenant garde de ne rien gaspiller. Rapidement, la créature fut suffisamment proche pour tirer plus abondamment. Le sang bouillonnait dans les tripes de Leen qui s'était résignée à combattre jusqu'à la mort. Accompagnée des autres, ils parvinrent à tuer la bête qui s'écrasa au sol en répandant son sang noir et vicié.
Les recrues rechargèrent lorsque leurs visières s'illuminèrent. Ils recevaient une transmission du sergent Perces.
- État des lieux à la tour nord 2. Ordonna-t-il, Dante posa sa main sur le côté de son casque pour activer son micro par le contact de ses doigts.
- Sergent. Le soldat en poste est mort. Nous ne sommes plus que trois sergent. Dit-il sur un ton navré.
- Bien. Tenez la position, pas le temps de se reposer. Conclut-il, coupant la communication sans une once de désolation. C'était bien la guerre et il était inutile d'attendre une quelconque effusion d'émotion pour le moment.
Hochant la tête de concert, Dante, Aito et Leen recommencèrent à tirer sur un autre skryn qui tentait d'escalader un building plus loin. Il sauta vers la tour mais ne parvint qu'à précipiter son trépas, se retrouvant parfaitement exposer aux tirs.
L'adrénaline ne cessait de monter, Dante n'avait jamais ressenti ça de toute sa vie. La sensation lui plaisait, au final, il se sentait invincible. Il oubliait sa peine, sa peur. Il n'y avait que cette tour et son arme sur Terre.
Leen rechargea, les deux autres tenant en respect un nouvel assaillant monstrueux. Elle reprit ses salves par la suite, grinçant presque des dents pour éviter de s'exclamer.Elle pouvait enfin les tuer. Ces choses aberrantes qui lui avaient tant pris : sa famille, son foyer, son quotidien, ses amis, son avenir.
Elle se nourrissait de leur souffrance, les observant couiner et s'écraser au sol, gisant dans leur sang gluant et immonde. On entendit l'aéronef qui les avait amené jusqu'ici prendre les airs à nouveau. Leur unique moyen de retraite venait donc de les abandonner, surement pour transporter des blessés. Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter pour l'instant, de toute façon.
Une nouvelle communication atteint leurs casques.
- Changement de plan, recrues. On a reçu de nouveaux ordres. On quitte cet avant-poste et on se rend dans le centre de Noth. On a besoin de nous auprès des forces spéciales. Quittez votre poste, vous faites parti de l'équipe de soutien. Annonça le sergent Perces, le trio se regarda en relevant les armes.
- On avait pas ordre de rester défendre les postes ? Je pensais qu'on nous réserverait pour des tâches peu avancée. C'est notre première sortie, non ? Demanda Leen à ses amis, intriguée.
- C'est le but de notre venue... je ne comprends pas pourquoi on doit abandonner l'endroit. Ceci dis, on a eu nos ordres. Lui répondit Aito sans véritablement apporter de crédit à ce changement de tactique soudain.
Les trois compagnons descendirent de la cour pour se rendre auprès des recrues et soldats encore en vie. Au total, une troupe de cinquante personnes étaient présentes. Sur les trente initiés amenés avec eux, déjà six semblaient avoir péris.
Leen ressentit un profond malaise mais cela n'entamait en rien sa résolution à combattre l'envahisseur alien jusqu'au bout.
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Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...