Chapitre 4 - #11

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Sélène n'en revenait pas tant cela paraissait surréaliste. Une base militaire d'entraînement souterraine située en plein cœur de l'Empire avait été détruite ? Passé le choc, les premières questions lui vinrent et elle répondit à Amélia, troublée.

- Tu es certaine ? Comment vous l'avez su ? C'est ça l'agitation ? Comment c'est possible ? C'est un coup des skryns ? C'est mauvais...

- On attend encore des précisions. Les informations que l'on a sont très partielles. Balbutia la blonde, visiblement plus touchée que sa compère.

- Tu vas me faire croire qu'IMN en parle ?

- Non, évidemment. Les tablettes qu'on nous a fourni ont accès à certains canaux privés directement lié au Centre. C'est sur un de ces canaux que l'on a vu un rapport vidéo qui témoignait justement de la catastrophe. On attend les images de l'escouade dépêchée sur place. Viens.

Amélia fit signe à Sélène de l'accompagner, ensemble, elles se dirigèrent vers l'attroupement. Seth se tenait au milieu des autres initiés, assit, son appareil posée sur la table devant lui. Ils attendaient le prochain rapport, la prochaine vidéo. La tension suscité par les découvertes imminentes qui leur seraient bientôt rapportées pourraient changer le cours de la guerre qui s'amorçait. 

Si Cutter's Lane avait été détruite par les skryns, cela signifiait que ces animaux étaient parvenus à creuser sous terre au-delà des boucliers prévus à cet effet ce qui semblait impossible. Néanmoins, et Sélène le savait, si une telle chose était confirmée alors le cœur de l'Humanité serait probablement détruit d'ici quelques heures ou quelques jours. Grand maximum. Elle serra les dents.

D'aussi loin qu'elle se souvienne, les cours qu'elle avait pu suivre avaient achevé de la convaincre de l'étanchéité d'Horizon et de l'efficacité des barrières soniques souterraines. Les skryns étaient-ils parvenus à s'adapter ou l'Humanité s'était-elle trop reposée sur ses acquis. Le visage paniquée d'Amélia, et des autres, ne l'aidait en rien à rationaliser la situation. Un petit bip se fit entendre sur la tablette : une notification.

En deux clics, Seth afficha la nouvelle vidéo et la lança. On y voyait un homme, slalomant péniblement entre des débris. L'absence quasi-totale de lumière rendait difficile toute reconnaissance des lieux mais la forme générale laissait supposé qu'il marchait dans les restes des dortoirs des recrues. Une lampe, posée sur la caméra, permettait à l'individu vêtu d'une armure de protections grisée de se voir devant lui.

- Comme vous pouvez le constater, c'est tout ce qu'il reste de Cutter's Lane. Nous sommes bloqués à ce niveau, les autres ont été submergé. Il n'y a plus rien ici. Vraiment rien. Décrivait le caméraman tout en filmant son compagnon.

Celui-ci retira de la poussière accumulée sur un mur pour rendre visible une plaque sur le mur indiquant le niveau, et mentionnant bien le nom de la base.

- Il y a comme une cendre étrange dans l'air, je ne sais pas si c'est visible à l'écran. Je vais économiser la caméra pour éviter que ça ne s'insinue dans les rouages. Poursuivit-il.

- On a encore rien trouvé en terme de cadavres. Continua l'autre en se tournant vers la caméra. On est les premiers sur les lieux, apparemment. L'armée n'a encore envoyé personne.

Les deux hommes poursuivirent leur route tout en filmant, en direct. Là où les autres attendaient avec impatience que quelque chose bouge ou qu'un corps soit découvert, Sélène s'attardait davantage sur les dégâts en eux-même. La base était faite de métaux divers et ses tunnels étaient fins. Elle déduisit rapidement qu'aucun skryn n'avait attaqué.

On ne voyait aucunes lacérations sur les murs et encore moins de traces de déformations dû à la présence d'êtres aux dimensions gigantesques. Il était tout simplement impossible que cette tragédie soit l'œuvre des monstres qui avaient détruit sa ville natale. Les débris, qui semblaient provenir d'un effondrement partiel des lieux, semblaient raconter une autre histoire.

- Amélia. Que dis-tu de tout ça ? Demanda-t-elle à mi-voix en tournant sa tête vers sa camarade.

- A bien réfléchir, ça ne peut pas être l'œuvre des skryns. Cela ne leur ressemble pas.

- Je pensais exactement à la même chose. C'est en accord avec l'état des lieux mais aussi avec l'absence de cadavres. Ils ne s'embarrassent jamais des corps et ne laissent que des lambeaux.

- Oui, également.

La retransmission se poursuivait et les deux hommes de terrain du Centre parvinrent à forcer une porte menant aux restes d'une salle d'entraînement. Au milieu des gravats, ils parvinrent à distinguer un corps. Approchant, l'individu filmé s'agenouilla et on constata à la lumière de la caméra que ce qu'il restait de cet être humain était méconnaissable.

Il semblait avoir été carbonisé, sa peau noire cendreuse laissait à peine apparaître les traits de son visage. Ses yeux avaient laissé place à des orbites vides et on ne distinguait plus ses lèvres. Allongé sur le dos, son corps était cristallisé dans une expression d'ultime terreur, les bras relevés et les mains implorantes.

Lorsque le soldat tenta de toucher l'une de ses mains, celle-ci partie aussitôt en cendres. Ce détail alerta Amélia qui le releva immédiatement à son amie.

- Sélène. Son corps a été entièrement carbonisé, ce n'est pas qu'une apparence externe. Il a été brûlé jusque dans ses organes. Il n'y a qu'une chaleur intense qui soit capable de produire un tel effet sur le corps humain.

- Alors la cendre en suspension dans l'air... ça serait ça... les restes de tout ceux qui sont morts...

Au même instant, les deux hommes en direct en arrivaient à cette inévitable conclusion. Cutter's Lane avait été attaqué par quelque chose et cette mystérieuse entité, ou armée, était parvenue à détruire l'endroit en réduisant ses opposants en poussières. Au sens propre. Soldat, recrue, et personnel de maintenance. Tous avaient été tué.

La vidéo se poursuivit quelques minutes encore mais se voyant acculés par divers cul-de-sac, les soldats décidèrent de stopper le flux afin de sortir plus facilement des décombres. C'est bouche-bée que l'attroupement se dispersa en divers coins de la salle commune. Amélia et Sélène partirent de leur côté, s'asseyant face à face dans deux sièges tout proche de la machine à café.

- Les skryns n'ont pas fait ça. On le sait toutes les deux. Indiqua Sélène, buvant enfin une large gorgée de sa boisson.

- En les écartant de la problématique, il n'y a pas beaucoup d'options possibles. Il y a la thèse accidentelle ou la piste d'une nouvelle arme développée par les Rebelles. Ils auraient trouvé Cutter's Lane et y aurait testé du matériel de pointe. Cela ne paraît pas si stupide que ça. Avança la blonde en prenant ses airs scientifiques.

- Et il y a la possibilité qu'il s'agisse d'un hellion. Amélia tiqua et rétorqua immédiatement.

- Qu'est-ce que tu insinues exactement ? Les hellions sont quasiment tous contrôlés depuis le Centre. Ce serait une grave atteinte envers le pouvoir de l'Empereur. Je ne vois pas Kain faire une chose pareille.

- Qui te dit que Kain les contrôle tous ?

- Mon instinct scientifique. Un génie pareil calcule dix coups avant tout le monde... il est impossible qu'un seul des hellions échappe à son contrôle. D'ailleurs, on ne parle pas de tuer un skryn ici mais de s'en prendre à une base militaire tout seul avec une force démesurée. Il n'y a guère qu'un monstre qui soit capable de faire ça. Un monstre...

Amélia cessa de penser quelques instants et se souvint subitement de Noth. Elle se rappela la pièce étrange où elle était arrivée. Elle se rappela précisément, pour la première fois, de l'apparence cauchemardesque de la chose qu'elle y avait vu. Cette créature humanoïde qu'aucune recherche n'avait jamais mentionné. La jeune fille eut une absence et Sélène le remarqua.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je viens de me rappeler précisément d'un détail que j'avais chassé de ma mémoire. A propos de Noth. Cette information est peut-être capitale pour la suite...

- Comment ça ? Qu'est-ce que tu me chantes ?

- Je dois parler à Kain. Maintenant.

La détermination et la force transmises par Amélia à travers sa dernière phrase séchèrent toute volonté de répliquer chez sa camarade. Sélène s'interrogea. Avait-elle déjà vu aussi déterminé ?

Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant