Chapitre 5 - #21

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Amélia n'eut aucun mal à retrouver le chemin du portail rouillé et une fois qu'elle fut devant celui-ci, elle se résolut à tenter l'impossible. La grille demeurerait close quoi qu'elle fasse et pour une excellente raison : la peur. Elle y songeait depuis longtemps maintenant l'extérieur la terrifiait. Qu'était-elle devenue sinon l'hôte d'une entité étrangère ? Une humaine optimisée pour détruire. Qu'engendrerait-elle une fois de retour parmi les vivants ? Ces questions philosophiques aux réponses insolubles avaient fini par créer cette barrière en piteux état, à l'image du temps qu'elle avait mis à accepter ses propres questionnements.

Elle jeta la lanterne au sol, celle-ci se brisa et la flammèche disparue. Dans le noir complet la jeune femme avança la tête haute. Sans fermer ses yeux désormais aveugle elle prit les devants et partit à la rencontre des barreaux de métal toujours verrouillés. Amélia parvint à faire le vide, à abandonner ses interrogations et sa peur la plus primaire. Tout ceci n'était qu'un long rêve et rien ne la contraindrait à rester prisonnière de ses tourments. Elle n'avait été que trop retenue par ses émotions par le passé. Pas à pas, elle continua sur le sentier.

Elle marcha bien plus loin qu'elle ne l'aurait cru, elle ne trouva aucun obstacle sur sa route. Le portail décrépit était certainement derrière elle maintenant et l'étude obscur qu'elle contemplait était-elle destinée à se poursuivre indéfiniment ? Lorsqu'elle prit définitivement conscience qu'elle se trouvait derrière les portes autrefois scellées, elle sentit ses jambes se figer et elle s'enfonça dans le sol rugueux comme dans des sables mouvants. La sensation d'étirement et de déchirure qui accompagna cette descente lui arracha quelques grognements mais elle fut bien vite sous-terre.

Amélia tombait sans fin dans le gouffre qu'elle connaissait si bien mais il n'y avait plus ce fameux silence qu'elle chérissait tant. Autour d'elle, une cacophonie à peine descriptible faite de cris, de hurlements, de phrases indistinctes et de voix désordonnées faisait vriller ses tympans. Incapable de se concentrer, elle parvint tout de même à identifier le changement clair d'atmosphère qui avait envahi ce havre de paix. Ses cheveux virevoltaient, balayés par le vent qui émanait des tréfonds de l'abysse où elle glissait.

Soudain éprise d'une volonté de survie renouvelé, elle amorça un mouvement de balancier et pivota juste à temps pour retomber sur un sol froid, genou droit à terre. Elle loua ses réflexes et son anticipation, elle aurait pu se briser le dos sur un plancher aussi froid. Où se trouvait-elle ? L'endroit lui était vaguement familier, les dalles presque gelées couleur bleu nuit, l'environnement fait de multiples machines coniques, l'énorme "sablier" au loin. Elle se rappelait maintenant.

- Noth. Murmura-t-elle en même temps qu'Esath qui venait tout juste d'apparaître à côté d'elle, libérée de ses chaînes. Elles se dévisagèrent et se relevèrent.

- Que fait-on ici ? Demanda la demi-skryn visiblement perdu.

- Je pensais que tu pourrais me renseigner, c'est toi qui a investi mon inconscient. Rétorqua l'autre qui n'osait pas s'aventurer plus loin dans ce décor uniforme.

- C'est plus compliqué que ça. Nous ne sommes pas seules.

- Ici ? Tu sens quelque chose ?

- Ici et dans ta tête, au fond de toi, au cœur même de tes gènes. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas comme avec les autres. Cela explique sans doute notre situation.

- Sois plus claire.

- Pour être honnête... Esath se tût pour jeter un œil à Amélia. 

Qu'était-elle en train de faire ? Que ressentait-elle ? Elle eut soudain l'impression que ses pensées et ses émotions se confondaient avec celles de l'humaine à mesure qu'elle passait du temps avec elle. Elle reprit malgré tout.

Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant