Les deux complices attendirent une heure du matin pour passer à l'action. A pas de loups, ils émergèrent de l'ascenseur et traversèrent les couloirs avec un air faussement décontracté. A cette heure, ils ne croisèrent effectivement aucun garde comme Sélène l'avait prévu. Caché derrière un pan de mur, Dante observa le hall principal. La luminosité y avait été fortement abaissé, une unique sentinelle avait été placé derrière le bureau principal face à l'entrée du Centre. L'accès à l'élévateur du poste de contrôle ne semblait pas gardé et de là où il était, le jeune homme parvint clairement à distingué les faibles lumières des ordinateurs derrière les vitres.
- Alors ? Murmura Sélène.
- Tu avais vu juste jusqu'ici. Un seul garde. Personne ne semble en activité dans le poste.
- Parfait. Il va nous falloir un passe pour entrer, j'imagine. La sentinelle de nuit devrait en avoir une. Mais j'ai également repéré qu'un lot de cartes d'accès était dissimulé dans le bureau. Ce serait peut-être plus simple d'aller se servir. Non ?
- Peut-être. Mais il va falloir distraire notre importun suffisamment longtemps pour qu'un de nous aille récupérer un passe. Tu as une idée ? Nous sommes dans une base militaire, je doute que les tactiques habituelles fonctionnent.
- J'approuve. Hormis pour une urgence, il ne se déplacera pas.
- Je crois me souvenir que plusieurs gardes sont sortis d'une salle située un peu plus loin. Remarqua Dante, faisant un signe distrait en direction de la droite en pointant le croisement du couloir situé un peu plus loin.
- Mais encore ?
- Je mets ma main au feu qu'il s'agit d'un réfectoire ou d'un vestiaire. Si je trouve de quoi y déclencher un incendie, il s'y précipitera lorsque je crierai. Tu auras un petit laps de temps pour aller récupérer les cartes. Caches-toi sur la partie gauche du tunnel, là-bas. Il ne te verra pas s'il tourne dans l'autre sens.
Sélène eut un bref sourire à l'égard de son compagnon, celui-ci le lui rendit. Dante ignorait pourquoi mais cette sensation de danger le grisait. Il se pourrait qu'il fasse la plus grosse erreur de sa vie mais étonnamment, il était prêt à la réaliser avec sérénité. Les choses devaient bouger et se mettre en danger pour les faire avancer ne l'ennuyait pas outre mesure.
- Je vais te faire confiance, Dante. J'aurai préféré m'occuper de ça mais si tu te crois capable alors allons-y.
Les deux compères marchèrent jusqu'au fameux croisement où leurs chemins se séparèrent. Dante poursuivit sur plusieurs mètres. Étrangement, les portes qu'il pouvait observer à sa droite ou à sa gauche arboraient toutes un petit voyant rouge au-dessus du module permettant d'insérer un passe. Étaient-elles verrouillé à cause de la nuit ? Sans vraiment s'y attarder, il parvint à destination et constata qu'un voyant vert ornait l'entrée de la fameuse pièce d'où avaient émergés des surveillants. Il posa sa main sur le cadrant tactile permettant aux détenteurs de puces intra-cutané d'ouvrir les portes sans badges. Après un subtile déclic, elle coulissa de côté et Dante put entrer.
Il ignorait s'il devait être étonné ou non. En un sens, avoir accès à cet endroit paraissait logique car il n'y avait logiquement rien de confidentiel ici. D'un autre côté, il était un simple cobaye et il était bien loin de son périmètre attendu. Le fait que son badge puisse ouvrir cette pièce voulait-il signifier que les futurs hellions avaient des privilèges ? Ou cela donnait-il du crédit à la théorie de Sélène ? Dans un cas, comme dans l'autre, il faudrait aller dans la salle de contrôle surplombant le hall pour en savoir plus.
L'endroit se présentait comme un vestiaire tout à fait banal possédant des bancs en son centre, des casiers sur les côtés et au fond de la salle, un passage menant sans doute à des douches. Dante fut surpris par l'étonnante propreté immaculé du lieu. Vu l'importance du Centre, et compte-tenu de la grandeur de la pièce, au moins une cinquantaine de personnes devaient quotidiennement passer ici alors comment se faisait-il qu'il n'y ait aucune trace nul part ? Le service de propreté devait être diablement efficace car au souvenir qu'il avait des vestiaires de Qanthum, où se croisaient moitié moins de monde, cet endroit aurait dû être en moins bon état.
Dante émit un petit soupire, marchant à pas lent. Il aurait préféré que ce lieu soit une cuisine ou réfectoire, il était difficile de provoquer un incendie dans un vestiaire. S'approchant des casiers, il tenta d'en ouvrir et y parvient sans mal, il ne semblait pas verrouillé. A l'intérieur, il ne trouva qu'un tas de linge soigneusement plié, un uniforme de rechange et quelques babioles sans intérêts. Refermant celui-ci, il se déporta un peu plus loin et en ouvrit un autre.
La stupeur s'empara de lui lorsqu'il se rendit compte que le contenu et le rangement de cette nouvelle case était en tout point identique à celle qu'il avait précédemment observé. Pris d'une sorte de frénésie, il ouvrit successivement divers autres contenants en trouvant toujours le même schéma de rangement et les mêmes affaires. Qu'est-ce que tout cela signifiant ? Les étiquettes sur les portes indiquaient pourtant des noms différents. Alors pourquoi tous ces casiers paraissaient-ils si terriblement identiques ? Décidant de fouiller un peu plus en profondeur, Dante parvint à trouver ce qui s'assimilait à un briquet dont l'utilité lui échappait.
Le jeune homme repéra un détecteur de fumée dans l'angle ouest de la salle et décida de placer sous ce dernier un tas de linges dans lequel il fourra d'épaisses feuilles de papier trouvées par chance dans les casiers. Tout en fignolant sa préparation, il songeait avec appréhension à la suite des événements mais également à la facilité déconcertante qu'il avait eu à mettre en place son stratagème. Que signifiait ces cases toutes identiques ? Pourquoi avait-il l'impression qu'il suivait un chemin logique placé ici pour lui et Sélène ?
Il mit le feu aux papiers et attendit. Après s'être assuré que la fumée dégagée serait suffisante, il sortit en trombe du vestiaire et prit la direction opposée du couloir afin de s'abriter non loin des ascenseurs. Tout reposerait sur Sélène maintenant et il ne pourrait pas la rejoindre avant que le garde ait pénétrer à l'intérieur de la pièce.
Avait-on anticipé leurs actions ou sa camarade était-elle dans le vrai ? Tout ceci était-il un test ?
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Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...