Chapitre 1 - #20

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Le skryn, tel un prédateur devant une proie blessée, continua sa lente approche, menaçant. La bête ne prit même pas le soin d'être prudente, elle se savait supérieure et faisait presque durer le plaisir. Soudainement, les tentacules malsains de son dos se redressèrent et se braquèrent dans la direction d'Amélia.

Même avec toute la volonté du monde, la jeune fille savait qu'elle ne pourrait pas s'enfuir si proche d'une créature capable de prouesses physiques interdites à un être humain. Le monstre gronda, ses pas se faisant un peu plus rapides.

Quelle façon pitoyable de mourir pour une femme qui se destinait à quelque chose de bien plus grand. L'effroi l'emplit tandis qu'elle observait la mort ramper devant elle, prête à lécher jusqu'à la dernière goutte de son sang. Alors que tout espoir la quittait, des coups de feu d'une intensité, d'une puissance et d'une ampleur qui lui étaient inconnus retentirent.

Elle sursauta à chacune des décharges, posant ses mains sur ses oreilles. Elle prit quelques instants à se rendre compte que les détonations provenaient du haut du bâtiment contre lequel elle était appuyée.

Le skryn qui s'apprêtait à la massacrer recula subitement, perforé par des éclats argentés. Ces derniers, semblables à des impacts de balles, avaient laissés de cruelles plaies béantes désormais suintantes d'un liquide noirâtre, dans la peau du monstre. Les tirs se poursuivaient, le skryn reculait et Amélia se recroquevilla, comme pour éviter d'être touchée par un éclat perdu.

Le vacarme l'empêchait de comprendre la situation autant qu'elle l'aurait souhaité. Elle ne trouva pas la force de regarder au-dessus et se contenta d'attendre, s'accrochant au maigre espoir qu'on venait de lui offrir.

Dans un dernier effort, l'aberration se jeta sur elle comme pour en finir avant de trépasser. Elle fut paralysée de terreur et de peur. Cette aide inespérée lui avait redonné le goût de croire en la vie. Elle ne souhaitait pas disparaître, pas ici. Elle cria, hurla à s'en déchirer les poumons devant la gueule acérée prête à la dévorer.

Aussitôt, une lame traversa le crâne du monstre à la verticale et le cloua au sol. Devant ses yeux larmoyants, un individu tomba brusquement depuis les hauteurs, main droite sur la garde de l'épée qui venait de tuer la monstruosité. Elle ne vit pas grand chose, à part un grand manteau couleur noir aux reliures argentés dont le dos était frappé d'un symbole surprenant. Un aigle posé sur deux lames entrain de se croiser.

L'individu extirpa sa lame de la tête du skryn désormais inanimé. Une arme bien étrange de par sa simplicité. Il s'agissait d'une épée comme on en aurait trouvé il y a des siècles de ça au sein d'une Asie traditionnaliste. Un pommeau sobre et foncé orné d'une lanière très légèrement dorée suivi d'une lame si parfaite et affutée qu'elle reflétait presque son environnement, tel un miroir.

Amélia constata, durant ce qui lui sembla durer une fraction de seconde, que l'étrange épée crépitait d'une lumière couleur or se promenant à sa surface tels de petits éclairs. L'instant suivant, il n'y avait plus rien. Avait-elle rêvé ? Le soulagement du sauvetage combiné aux blessures avaient raison des sens de la jeune fille qui ne parvenait pas à distinguer tous les détails de la scène. Réalité et délire commençaient à se confondre.

L'étranger se retourna et c'est un visage froid balafré par une cicatrice à la joue gauche qui la détailla. Cet homme, qui venait d'abattre le monstre, lui apparut presque aussi terrifiant avec son grand manteau, ses longs cheveux noirs quelques peu hirsutes, son début de barbe mal rasée et surtout ses yeux d'un gris argenté si profond qu'on aurait pu s'y perdre.

Trop occupée à admirer et craindre son sauveur, la jeune fille ne parvint pas à remettre ses idées en ordre et ne chercha pas davantage à comprendre ce qui venait de se passer, tant la scène défiait la logique.

L'individu, qui devait être âgé au bas mot d'une vingtaine d'années bien avancée, rengaina sa lame dans son dos. Pas de fourreau mais la lame tint malgré tout, probablement grâce à un système magnétique, Amélia n'en savait rien. Il posa un genou à terre et prit la jeune fille dans ses bras. Loin d'avoir la force de se débattre, elle se laissa faire sans chercher à comprendre davantage la situation.

- Tu es en sécurité. Lui murmura-t-il alors qu'une lumière aveuglante se fixait sur eux.

Il se releva avec la pauvre Amélia dans les bras. Épuisée, elle vit dans les airs ce qui semblait être un appareil volant pourvu de deux ailes portant chacune une hélice tournée vers le haut.

Le bruit de l'engin et le vent créé par son approche achevèrent la jeune fille qui ferma ses yeux et tomba dans une profonde inconscience...

Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant