Hellions : partie 1

Chapitre 2 - #5

La tension était brutalement redescendue au sein de la pièce après le discours de Seth. Malgré les vives inquiétudes et les discussions encore animées autour de la guerre qui se profilait, un calme relatif était enfin parvenu à s'instaurer. Passant entre ses camarades afin de prendre de leurs nouvelles, le jeune homme tentait par tous les moyens de leur redonner confiance.

Il comprenait leur peine, leur rage, leur effroi mais ne pouvait se permettre de les laisser succomber à une frénésie de terreur. La terrible sensation de perdre son foyer, ils la connaissaient tous. Leur escouade, entière, avait été formé à partir des engagés volontaires de Sion. Ils partageaient une cohésion, une souffrance.

C'est bien dans l'espoir de souder l'ensemble de ses pairs autour de cette idée que Seth passait souvent des heures à vagabonder entre les différents groupes de recrues aux quatre coins de la base. Rien ne lui était plus précieux que la création d'une unité.

Son équipe de jeu d'autrefois n'avait jamais été aussi performante qu'à partir de l'instant où tout ses membres avaient été galvanisé derrière un même objectif, faisant corps pour atteindre un but. Certes, combattre des skryns n'étaient pas comparables à un match de Qanthum. Mais le principe demeurait le même, pour lui.

Il s'arrêta quelques instants devant l'écran que certains des initiés continuaient de regarder, anxieux. Seth sentit une main frapper son dos amicalement et ne fut pas surpris de voir son compère Dante apparaître à son côté.

- Joli discours que tu nous as fait là, ça a un peu calmé le monde. Tu ne crains pas les espoirs retombent à mesure que les jours passent ? Dit-il, simplement.

- Tu connais mes méthodes, je ne laisserai personne derrière ni au bord de la rupture. Même si je dois prendre sur mes courtes nuits. On ne peut pas se permettre de se perdre ou de s'éparpiller car nous irons tous au combat, quoi qu'il en coûte. Répondit l'intéressé avec la fermeté que son ami de toujours lui connaissait.

- Les années ne te changent pas. Tu deviens plus fort et  tu es plus habile dans le choix de tes mots mais le fond est toujours le même. Tout donner et ne rien regretter. Dante haussa les épaules avec un demi-sourire.

- C'est le seul moyen de ne rien regretter, nous ne devons pas oublier que nous avons une revanche à prendre sur ces monstres... sur ces choses abjectes... Sa voix semblait s'éteindre à mesure qu'il prononçait les dernières syllabes et Dante le remarqua.

- Ta voix chancelle, mon frère. Tu ne t'es toujours pas remis, n'est-ce pas ? Lorsque nous nous sommes enfuis du train en ruines.

- Tu as peut-être raison, camarade. Cette chose qui nous a poursuivi... son air malsain... son corps sans cohérence... ses hurlements de bêtes sauvages qu'aucun mot ne saurait décrire... Seth regarda ses mains prises de tremblement.

- C'est vrai. Mais nous avons fini par nous échapper. C'est le plus important. Dante resserra sa mâchoire pour demeurer interdit quelques instants, la tête basse.

- Nous ne savons toujours pas pourquoi il a abandonné la poursuite... je nous voyais déjà mort lorsqu'il a commencé à nous pourchasser.

- Moi de même mais le plus important, c'est qu'on s'en soit tiré. Un point, c'est tout. Nous ne sommes pas encore prêt à leur faire face... Tant que tes mains trembleront à la simple pensée de revoir l'une de ces horreurs ou que je serai incapable de me concentrer correctement... alors nous ne serons pas efficaces au front.

Seth hocha la tête, prit une grande inspiration et chassa l'image monstrueuse de la créature de son esprit. Il devait passer au-dessus de l'effroi que suscitait les skryns, si il était incapable de montrer l'exemple, alors il ne pourrait assurer son rôle de leader