Amélia prit le temps de relever le moindre détail suspect concernant les deux hellions qui venaient de les rejoindre mais elle n'en trouva aucun. Devenait-elle paranoïaque ? Sans hausser le ton, Seth gratifia les nouveaux venus d'un hochement de tête. Le garçon à la coiffure gris-argentée se gratta l'arrière de la nuque en les observant, elle put s'arrêter sur son cas. Ses cheveux n'avaient pas la teinte grisée des anciens sur le déclin, non. Ils irradiaient avec une brillance étrange, comme si ils avaient subis une décoloration semi-naturelle sans rien perdre de leur superbe.
- Est-ce l'appréhension qui vous empêche de répondre. C'est normal, au fond. Nous n'attendions plus que vous. Dit-il, avec un air qui se voulait jovial sans l'être véritablement.
- Nous étions attendus ? Demanda Seth en se plaçant devant son groupe pour faire face au jeune homme qu'il dominait de quelques centimètres.
- Exactement. Avec vous quatre, nous avons atteint les cinquante cobayes. Les examens vont pouvoir commencer.
- Cinquante ? Il n'y a pas que nous, alors ? Poursuivit Amélia, interloquée. En définitive, le professeur Kain avait donc pris soin de battre au rappel l'ensemble des camps de recrues de l'Empire. Il avait dû prendre un certain temps pour tous les convaincre de venir.
- Vous ne pensiez tout de même pas être des cas à part ? Ceci étant dit, j'en oublie mes obligations et mes manières. Je me nomme Allen. Il tendit la main en direction de Seth qui prit un instant pour réfléchir avant de la lui serrer.
- Melody. Poursuivit l'autre hellion en leur adressant un clin d'œil.
Le groupe se présenta à sa tour, durant cet échange de politesses, Amélia ne put s'empêcher de s'interroger. Elle voyait ces soldats optimisés comme des êtres plutôt renfermés, dans la droite lignée de Ren. Elle n'aurait pas pensé pouvoir être en bons termes avec certains d'entre eux. Ils paraissaient normaux de prime abord et sans leurs armures, on les aurait presque confondu avec des étudiants normaux. Quel âge pouvaient-ils avoir ? La réponse n'était pas primordiale pour le moment.
- Pourquoi parles-tu de "cobayes" ? Dante fixa Allen.
- Ne le prends pas mal. C'est comme ça que nous nommons les postulants, ici. Il faut que vous sachiez qu'une grande partie des nôtres va vous éviter tant que vous ne serez pas devenus des hellions. N'y voyez rien de personnel mais on évite de s'attacher à des cobayes qui peuvent potentiellement mourir au cours des expérimentations du Professeur.
- En quoi ça consiste, exactement ? Insista Seth, tentant de s'imposer face à son interlocuteur.
- Nous n'avons pas le droit d'en parler, cela va à l'encontre des directives du Professeur. Si vous prenez peur, les pourcentages de survie diminuent. Nous ne devons en aucun cas favoriser une quelconque angoisse, vous n'êtes déjà pas bien rassurés, vu vos têtes. Répondit Allen, l'air détaché. Il fixait Seth sans le défier, un trop plein de confiance assumé dans son regard couleur sapin.
Effectivement, cet endroit était morbide et ni la culture du secret ni la promesse d'expériences douloureuses n'étaient là pour favoriser une quelconque détente. Les hellions ne semblaient pas traumatisés, ce qui troubla Amélia, compte-tenu du fait qu'ils avaient sans doute vécus bon nombres de choses traumatisantes. Les quatre compagnons échangèrent des regards inquiets. Kain leur avait bien vendu le projet et il était impossible de faire machine arrière. Ils avaient accepté et devaient désormais le payer. Amélia se souvint du terme "boucherie". Quelles genres d'atrocités allait-on leur infliger ?
- Si je peux me permettre un conseil, évitez les hellions de l'Escouade Spectre si vous en croisez. On les reconnait assez bien à leurs airs étranges et à leurs accoutrements noirs. L'image de Ren traversa l'esprit d'Amélia. La jeune fille ne put s'empêcher de répondre à Allen avec vivacité.
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Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...