Chapitre 1 - #10

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Le nom de Seth ne cessait de résonner dans les gradins. Au milieu de cette foule en délire, la pauvre Amélia se sentait bien mal à l'aise. Leen s'était levée pour acclamer l'équipe victorieuse et hurlait à s'en déchirer les poumons.

Entourée d'étudiants tous plus fous les uns que les autres devant la victoire, la jeune fille aux cheveux blonds décida de s'éclipser vers la sortie des gradins en glissant un au-revoir rapide à son amie qui, visiblement, ne l'écoutait qu'à moitié.

Elle accéléra le pas jusqu'à se retrouver dehors à l'entrée du stade. L'effervescence s'entendait même à l'extérieur, elle soupira. Dégainant son smartphone de sa poche comme l'on tirerait une arme, elle commença à déambuler sans véritable but dans les rues de la cité.

- Agitation stérile et inutile... Gronda-t-elle alors qu'elle dépliait ses disques auditifs sur ses oreilles. Sélectionnant un morceau de musique calme, elle s'éloigna pas à pas. 

Amélia n'appréciait pas vraiment l'hystérie de ces soirées, ni l'ambiance qui régnait autour des joueurs. Un point de plus que l'équipe adverse... et alors ? Cela valait-il la peine de les traiter comme des surhommes ? Pas de son point de vue à elle.

Seuls les lampadaires placés au milieu de la ruelle éclairaient celle-ci de leur éclat. Le temps où des files de voitures incessantes coupaient les routes en deux étaient révolu depuis longtemps. Aujourd'hui, les routes se trouvaient en hauteur. Au sol, seuls les piétons avaient l'autorisation de marcher... C'était mieux ainsi, d'après Amélia.

Un petit vent vint cingler le visage de la jeune fille et faire virevolter sa chevelure. Un petit frisson la parcourut. Au détour d'une ruelle, elle aperçut soudainement une silhouette presque familière.

Celle-ci montait les marches du bâtiment donnant accès aux trains des surplombs. Dans le noir et faiblement éclairée, elle n'eut pas le temps de voir de qui il s'agissait. Intriguée, elle pressa le pas pour elle-même parvenir dans ce fameux bâtiment.

Elle fut rapidement dans l'un des tubes ascensionnels et se laissa porter jusqu'en haut. La cité était bien calme de nuit. D'ici, on apercevait la lumière dans les buildings, les ruelles illuminés de lampadaires et au loin l'effervescence du stade toujours aussi actif semblait-il.

Le smartphone de la jeune fille vibra, elle consulta ses actualités pour découvrir un message de Leen : "Je vais boire un verre avec l'équipe ! Peut-être Seth en vue ? ^.^ T'es où ?". Les doigts hésitants d'Amélia s'apprêtaient à répondre lorsqu'elle arriva à destination.

Ses yeux s'arrêtèrent sur une longue chevelure écarlate passant par dessus un long et épais manteau noir. Clignant des yeux, le cerveau d'Amélia ne mit pas longtemps à faire le rapprochement entre le mystérieux intervenant de l'université et cette crinière de feu rayonnante attendant paisiblement son transport.

Abandonnant toute idée de répondre à son amie qui serait probablement saoule d'ici quelques minutes, elle approcha lentement du quai et se mit à bonne distance de l'étranger tout en demeurant suffisamment proche pour l'observer "discrètement".

Faisant mine de pianoter sur son téléphone, elle jeta des regards furtifs à l'individu. Mains dans les poches et regard dans le vide, difficile de dire si des disques auditifs trônaient sur ses oreilles de par la présence de ses cheveux.

Étaient-ils aussi rouge de nature ? Une coloration ? Pourquoi avait-il donc ce petit sourire étrange sur le visage ? Un sourire en coin, à peine perceptible et difficile à catégoriser. Qui était-il pour faire un cours aussi précis tout en étant aussi jeune ?

Elle vit les lèvres de l'étranger bouger et abaissa machinalement sa musique pensant qu'il s'adressait à elle. Pourtant, une fois celle-ci à son minimum, elle n'entendit rien. Avait-il tenté de lui parler ? 

Une nouvelle brise de vent souffla soulevant les longues mèches rouges. Sa tenue noire le rendait presque malfaisant et pour autant, aucun danger ne semblait émaner de son visage aux airs si doux.

Plissant les yeux, elle vit ses iris abandonner le vide pour se diriger vers elle. Inclinant la tête, il la fixa un instant qui parut durer une éternité.

- Bonsoir. Dit-il, simplement, de sa voix suave et taquine.

Prise au dépourvu, elle ne sut quoi répondre. Ses lèvres s'entrouvrirent avec hésitation et lorsque les premiers mots lui vinrent, le train arriva à quai dans un vacarme assourdissant. Elle se rendit soudain compte de sa gêne en sentant une chaleur câline envahir ses joues.

Il détourna le regard et entra dans la rame. Elle resta là, quelques secondes, entre l'incompréhension et la timidité puis décida finalement d'entrer à son tour dans la rame. Elle trouva un siège relativement caché dans un recoin du train, elle s'y blottit et attendit la fermeture des portes pour remonter le son de sa musique. Elle souffla de soulagement.

Une question commença à l'envahir et la travailla jusqu'à son retour chez elle. Aurait-elle dû lui parler ?


Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant