C'est dans un cri de terreur qu'Amélia se redressa en sursaut, tremblante et couverte de sueur. L'adolescente passa sa main sur son front et prit le temps de se ressaisir en serrant ses draps contre elle, collant son dos au mur. Face à son lit émana peu à peu une fine couche bleuté d'où naquit un hologramme. Il représentait d'une femme aux cheveux noirs coupés approximativement au carré. D'une voix synthétique, elle s'adressa à la jeune fille à peine remise de ses émotions.
- Encore un cauchemar ? Voulez-vous que je fasse venir quelques calmants ? Interrogea-t-elle, l'autre hoche négativement la tête.
- Non, merci Minh. J'ai un peu de mal à m'habituer... ces cauchemars ont l'air bien trop réel pour moi.
- Le traitement initiatique occasionne souvent ce genre d'effets. Les substances que nous vous injections peuvent dégradées la perception de certains de vos neurones et engendrées des inconstances lors de vos rêveries.
- J'en suis bien consciente. Tu peux y aller, je n'ai pas besoin de toi cette fois-ci. La crise est déjà passée.
- A votre service.
Sur ces quelques mots, l'IA disparut en laissant Amélia livrée à elle-même, elle prit sa tête entre ses mains et tenta de se rappeler l'objet de sa terreur mais comme à chaque fois, elle en fut incapable. Elle ne se rappelait que de vagues souvenirs brouillons où ténèbres, flammes, cris, douleurs et hurlements s'entremêlaient. Un carnage, peut-être ou une scène particulièrement anxiogène. Voilà bientôt deux semaines que les injections préparatoires avaient commencé, amenant leur lot de cauchemars et d'irritations. Sachant qu'il lui serait impossible de retrouver un semblant de sommeil, elle attrapa quelques affaires et sortit.
De nuit, les lumières des longs couloirs rouges et dorées étaient abaissées à leur minimum donnant à l'ensemble un ton oscillant entre le sinistre et l'intime. Les chambres étaient dispersées en divers embranchements du Centre, terminé les interminables rangées de portes et les petites pièces exiguës. Chacun d'entre eux pouvait désormais profiter d'un confort total et d'un espace à part réparti sur l'un des trois étages composant cette structure luxueuse. Quelques autres cobayes les avaient rejoint depuis leur arrivée et seuls quelques rares hellions avaient pris la peine de les croiser.
Ces derniers demeuraient méfiants et distants. Avaient-ils peur de s'attacher à eux ou ne considéraient-ils tout simplement pas utile de perdre du temps avec des morts en sursis ? Kain avait été catégorique sur leurs chances de survie mais Amélia était prête à prendre le risque. Ce lieu représentait tout ce qu'elle pensait ne jamais revoir et elle se devait de tenter le tout pour le tout afin que chacun puisse un jour jouir de ce luxe sans restriction de ressources. Enveloppée dans un peignoir couleur cendre, elle descendit un large escalier en spirale pour revenir dans les couloirs principaux. Après trois minutes de marche solitaire, elle put enfin pousser sobrement la porte de la salle centrale éclairée à l'aide de bougies et de faibles lampes.
Elle se dirigea vers les étagères de livres quasi-infinies et effleura les dos des différents ouvrages qui s'étendaient devant elle. Elle était absorbée, à nouveau. Elle sentit comme un courant d'air froid et pivota, alerte. A l'autre bout de la pièce, près de la cheminée artificielle où brûlait quelques sobres bûches, se dressait une ombre. Elle peina à reconnaître l'individu au début mais, se rapprochant, elle put discerner un bandeau couvrant une partie de sa face et déduisit rapidement qui venait lui rendre visite. Elle n'hésita pas et vint, alors, s'asseoir dans l'un des somptueux sièges disposés face aux flammes tout près de son "invité".
Amélia avait perdu ses appréhensions depuis son arrivée ici et le début des injections. Elle se sentait comme lié à ces hellions qui la fascinait toujours autant. C'est sur un ton de voix assuré qu'elle s'adressa à ce jeune homme aux cheveux d'argent.
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Hellions : partie 1
Science FictionUn monde parfait. Un quotidien idyllique. Une jeune fille insouciante. Une tragédie. A une époque où la technologie frôle le fantastique et où les normes segmentent la société selon un équilibrage presque parfait, certains se plairaient à dire que l...