Chapitre 3 - #19

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Seth longea les casiers en se dirigeant vers la sentinelle, matraque en main. Le garde s'assied, dos contre le mur et fixa son geôlier bientôt rejoint par sa complice. Rapidement, la conversation s'engagea.

- Tu vas nous amener là où vous gardez vos prisonniers et vos détenus. Là où vous avez enfermé nos compagnons. Dit-il, menaçant son prisonnier en allumant le bâton anti-personnel qui se mit à crépiter en son bout.

- Doit-on nécessairement en arriver là ? De quoi parlez-vous donc ? Répondit l'autre dont les yeux fixaient l'arme avec appréhension.

- Je n'ai pas le temps de jouer avec toi, et mon amie non plus. Conduis-nous là-bas et aucun mal ne te sera fait. Dans le cas inverse... Il ne finit pas sa phrase, à dessein.

- C'est de la folie, vous le savez ? Même si je vous y conduis, vous n'arriverez pas aux geôles.

- Donc tu confirmes qu'il y en a ? L'arrêta Amélia, approchant à son tour.

- Évidemment, vous croyez vraiment qu'un tel établissement en serait dépourvu ? Mais même si elles existent, qu'est-ce qui vous fait croire qu'on y enfermerait nos propres cobayes ? C'est du délire absolu.

- Silence. On ne t'a pas demandé de commenter. Tu sais y aller, tu connais les trajets des patrouilles. Tu vas nous conduire là-bas, rapidement. Poursuivit Seth, faisant signe à Amélia d'aller fouiller les casiers à la recherche de liens pour entraver leur prisonnier.

- Même si vous y parvenez, nous avons des protocoles de sécurité. Vous n'arriverez à rien et vous ne trouverez rien. Si vous acceptez d'arrêter maintenant, vous serez encore protégés par votre statut. Réfléchissez.

La sentinelle semblait inquiète, peut-être plus qu'elle ne l'aurait dû, ces bâtons anti-personnels n'étaient pas fait pour tuer. Seth n'en tint pas compte, il connaissait les risques et était prêt à les prendre mais il savait qu'ils n'impressionneraient pas grand monde avec un simple outil de dissuasion en guise d'arme. Amélia revint des casiers avec des câbles notoires et également un couteau typique des soldats impériaux. Le jeune homme fixa l'arme et fronça les sourcils.

- Où as-tu trouvé ça ? Dans les casiers ? Un tel matériel est autorisé ? Demanda-t-il, tant à Amélia qu'à leur prisonnier.

- Négatif, ce n'est pas autorisé. Nous ne devons porter aucune arme potentiellement létale. C'est la règle pour les cobayes. Interdiction de vous blesser. Répondit le garde avec un hochement de tête, il avait l'air surpris de voir l'objet.

- Peu importe, on va le prendre. Amélia, ligote ses mains dans son dos. Nous marcherons derrière, on aura l'impression qu'il se déplace normalement si on nous croise. Je vais prendre le couteau, je le manie mieux que toi.

La jeune femme n'y vit aucun inconvénient et s'exécuta sans broncher, ce qui étonna le garçon qui avait pour habitude de la voir prendre la tête lorsque les choses dérapaient. Rapidement et solidement menottée la sentinelle fut relevée. Les deux geôliers se placèrent derrière le garde, Amélia se plaça de sorte qu'on ne remarque pas le bâton glissé dans son pantalon. Seth, quand à lui, rangea le couteau quasiment au même endroit et le recouvrit avec son t-shirt. Ainsi formé, le trio débuta sa marche dans les couloirs.

Docile, le garde emprunta les chemins déserts et les voies d'accès les moins fréquentées à cette heure de la journée. Pas une fois il ne tenta de leur fausser compagnie ou de crier, il se montra presque cordial. Les deux camarades redoublaient de vigilance, cette attitude trahissait de bien sombres intentions car jamais un être humain normal n'aurait été aussi véhément à leur apporter une aide involontaire pour les mener dans un lieu censé être verrouillé au public. Il les menait à leur perte, ils le savaient. Était-ce sa confiance aveugle en les systèmes de défenses de la prison qui lui donnait cette volonté presque immoral de les aider ? Ils n'en savaient rien.

En moins d'un quart d'heure, le trio s'était frayée un chemin dans une pièce sécurisée qui servait de point de passage pour les sentinelles. On y trouvait des écrans de contrôles multiples, un bureau mais également trois accès à des ascenseurs sécurisés sans doute réservés au corps de défense du Centre. Lorsqu'ils furent à l'intérieur de l'un d'eux, le garde s'immobilisa devant un panneau de contrôle.

- Je vous répète que vous faites une erreur. C'est votre dernière chance de reculer. Une fois là-bas, vous aurez enfreint le règlement et vous aurez commis un délit répréhensible. Les règles énoncées et connues du Centre ne s'appliquent pas en bas. Vos amis ne s'y trouvent pas. Vous faites une erreur. Vous risquez de tout perdre.

Seth regarda Amélia. Il donna un sobre coup de genou dans le bas du dos de leur prisonnier et maugréa.

- On commence à avoir l'habitude de tout perdre, crois-moi. Fais-nous descendre, réduit la vitesse si possible. Tu vas clairement nous expliquer ce qu'on va affronter là-dessous.

- Comme vous le voudrez. Répondit l'autre, s'abaissant pour effectuer un scan oculaire.

Ceci fait, la console se déverrouilla  et un clavier numérique apparut avec un menu de sélection. Il indiqua à Amélia de choisir le niveau PN-00 puis la renseigna sur une ligne de code à entrer afin que l'ascenseur passe à une vitesse de descente inférieur. Une fois en route, la sentinelle exécuta l'ordre de Seth sans même qu'on le lui rappelle.

- La prison du Centre a été conçue pour être un lieu de transition en attendant le transfert vers les geôles de l'Empire. De fait, les lieux ne sont pas bien grand. Situé après le hall de contrôle, la structure ressemble fortement à une croix. Vous aurez  affaire à plusieurs sentinelles déployées dans les quatre couloirs de détentions. Plusieurs caméras filmeront vos mouvements et Jaëger sera informés de votre transgression. D'autres groupes viendront en renfort sous vingt minutes maximum. Même si vous parvenez à libérer vos amis en subtilisant les cartes magnétiques au poste de contrôle, vous ne pourrez pas repartir sans un garde pour vous accompagner. Votre tentative est vouée à l'échec.

Ces explications eurent, un instant, raison de la détermination de Seth. Si tout ceci était vrai alors leurs chances de victoire approchaient le zéro absolu. Cherchant le regard d'Amélia pour le soutenir, il la trouva pensive. Elle ne semblait pas préoccupée par ce qu'elle venait d'entendre mais par bien autre chose. Il lui fit un signe de la main. Elle se rapprocha et lui chuchota.

- Quelque chose ne va pas, Seth. Il nous a accompagné jusqu'ici sans rien dire. Il nous donne le plan complet. Il est trop... docile. Ses réactions n'ont rien de normale, c'est comme s'il venait de réciter un texte.

- Il n'y a que ça qui te dérange, compte-tenu de la situation ? Tu n'es pas inquiète ?

- Non. Parce qu'on nous a amené à cette situation... on nous a laissé des indices et on a voulu qu'on arrive là. J'en suis convaincue.

- Alors quoi ? Notre "assaut" sur la prison est forcément en passe de réussir, c'est ça que tu penses ?

- Évidemment, oui. C'est la seule option possible.

L'excès d'optimisme de sa camarade surprit le jeune homme qui se laissa convaincre assez facilement. Il avait besoin de croire que c'était possible, tout comme il avait besoin d'expliquer comment ils étaient parvenus à trouver les réponses à leurs questions et à établir un plan d'action fonctionnel aussi rapidement.


Hellions : partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant