Chapitre 58 : Elle détruisait tout...

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Cela faisait bien deux heures que Raquel et Sergio, ainsi que Mariví et la petite Ariana, étaient arrivés au restaurant. L'homme qui le gérait leur avait laissé une clé pour occuper une cabane en bois dans son terrain privé. Il faudrait un mandat pour que la police puisse entrer, cela laisserait donc forcément le temps à la petite famille de s'échapper discrètement. La cabane ressemblait plus à un taudis délabré qu'autre chose mais cela était suffisant. Le toit était raccommodé ici et là avec tantôt de la taule, tantôt des bâches en plastique bien souvent trouées et elles-mêmes réparées avec d'autres morceau de bâche. Le toit en lui même était en bois mais le temps avait fait son oeuvre inexorablement. Les murs n'étaient pas très isolés, il faisait donc assez froid à l'intérieur et les couvertures se trouvant à l'intérieur avaient du prendre un peu l'humidité car une odeur de renfermé s'en dégageaient. Raquel avait refusé de coucher Ariana dans une de ses couvertures et Sergio était bien d'accord là-dessus alors il avait donné le seul sweat qu'il avait pour envelopper la petite. Il n'en aurait pas grand besoin de toute façon car les températures de ce mois de juin se situaient en moyenne entre 25 et 34°C. Mariví s'occupait dans la salle à manger poussiéreuse et Ariana dormait, enveloppée dans le sweat où l'odeur de son père semblait l'avoir un peu rassurée, exténuée de leur trajet où dormir lui avait été quasiment impossible. De leur côté, Raquel et Sergio étaient allongés sur le lit, dans les bras l'un de l'autre. Nul ne parlait et seul le bruit du vent sifflant à travers les planches abîmées du toit répondait à leurs questions silencieuses. Raquel, blottie dans les bras de Sergio, regardait la pluie tombée à l'extérieur. Le crépitement des gouttes sur le toit avait toujours eu un effet thérapeutique sur elle, la berçant, la calmant au fur et à mesure que leur concert continuait. Mais cette fois-ci, même la pluie n'y parvint pas. Ses yeux embrumés parcourait le paysage qui s'offrait à elle à la fenêtre avec un mélange d'ennuis, de douleur, de désespoir et de souffrance. Elle ne voyait plus la beauté des choses, ignorant ce dont son coeur se serait réjouit avant, ce dernier hurlant en son fort intérieur, brisé sur le sol, plongé dans le noir. Sergio passait doucement la main dans les cheveux de Raquel, conscient de la douleur qu'elle ressentait sans savoir comment l'apaiser. Raquel ne dormait plus et quand elle y parvenait, son sommeil était hanté par de nombreux cauchemars. Elle se réveillait encore plus épuisée qu'avant, les yeux rouges d'avoir pleuré durant son sommeil, s'enfermant dans un mutisme qui la détruisait. Raquel s'infligeait cette souffrance, ne disait rein pour se punir elle-même. Elle aurait dû faire quelque chose. Elle aurait pu faire quelque chose. Tout était de sa faute. Son enfant avait failli mourir à la naissance à cause de ses choix irréfléchis puis une deuxième fois dans cette chambre d'hôtel car elle ne pouvait pas l'emmener à l'hôpital aux risques de se faire arrêter. Et maintenant, c'était sa première fille, son premier ange qui était partie, emmenant avec elle une jeune fille innocente qui avait eu le malheur de croiser leur route... Elle détruisait tout. Absolument tout. Elle sentait les doigts de Sergio passer dans ses cheveux à un rythme régulier et la seule question qu'elle avait en tête était : « Pourquoi m'aimes-tu encore alors que tu cours à ta perte en restant avec moi ? ». Son esprit s'embruma et elle sombra dans un sommeil sans rêve ce qui était pire que tout. C'était l'absence de vie. Le silence. Sergio sourit tendrement en la voyant endormie. Il remonta doucement la couverture sur elle en veillant à ne surtout pas la réveiller, sachant qu'elle manquait de sommeil. Il la regarda dormir, se demandant comment cette femme pouvait supporter autant de douleur dans sa vie, triste de penser qu'elle avait presque tout perdu maintenant. Il ne lui restait que sa mère qui perdait peu à peu ses souvenirs d'autrefois, sa fille qui semblait avoir hérité de la santé fragile de son père et lui, qui était recherché aux quatre coins du monde tout comme elle. Comment faisait-elle pour ne pas sombrer ? Une réponse illumina son esprit et il se sentit encore plus inutile. Bien sûr qu'elle sombrait. Bien sûr qu'elle souffrait. Simplement, elle ne laissait rien paraître, pensant sûrement spontanément que tout était de sa faute alors que rien ne l'était. Ses yeux brillèrent de larmes contenues. Il se sentait tellement impuissant. Il avait envie de crier, de tout casser puis de s'écrouler en pleurant, serrant cette femme qu'il aimait plus que sa propre vie contre lui pour la protéger des attaques de ce monde injuste. Ce monde qui prenait un malin plaisir à la tourmenter depuis si longtemps, s'amusant probablement de son désarroi, de sa détresse, de sa souffrance sans nom qu'elle traînait derrière elle, qu'elle portait sur ses épaules en tentant d'avancer malgré tout. Chaque nouveau coup la ralentissait un peu plus, rajoutant du poids à cette souffrance pesante. Sergio savait qu'un jour, le poids serait trop lourd. Il savait qu'un jour elle ne pourrait plus avancer avec ça. Il savait qu'on jour, Raquel s'effondrerait sous le fardeau de sa vie, stoppant son avancée pour ne plus jamais se relever. Il avait peur, terriblement peur que ce jour arrive et qu'il ne puisse être là pour la rattraper. Il voulait partager ce fardeau avec elle, l'aider, la soutenir mais Raquel était muette. Elle ne disait rien, se contentant toujours de fixer le vide d'un regard où toute once d'intérêts, de vie ou de sentiments avait disparu, ne laissant dans ce dernier qu'une profonde tristesse au fond d'un gouffre sans fond. Avec délicatesse il passa son pouce sur les contours des traits du visage de Raquel, observant, gravant dans sa mémoire chaque parcelle de sa peau, chaque millimètre carré de son visage et de son corps pour s'en souvenir à jamais. Il sentit une larme dévalée sa joue en pensant qu'il pourrait la perdre lui aussi. Il tourna la tête vers Ariana. Sa fille dormait paisiblement. Non il ne pouvait pas laisser Raquel comme ça. Il savait que si c'était le cas, il la perdrait à tout jamais et il était hors de question qu'elle parte dans ce pays où il ne pouvait plus la voir, plus la toucher, plus l'aimer, plus sentir sa présence devenue essentielle à son équilibre. C'est sur ces pensées qu'il s'endormit le coeur lourd, serrant, sans qu'il n'en est conscience, un peu plus Raquel contre lui.

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¡Hola mis ángeles!
Ça va ?
Moi je vais bien !

J'espère que ce chapitre vous a plu !
Bon il est triste mais bon....
Qu'en avez-vous pensé ?

Prenez soin de vous !
Je vous aime ❤️❤️❤️

¡Besos a todos! 💜

Petit AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant