Chapitre 74 : Nuit étoilée...

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Il était aux alentours de minuit. Anaya se retourna une énième fois dans son lit en râlant. Impossible de trouver le sommeil... Mariví protesta dans son sommeil, signe que l'insomnie de sa compagne de chambre la gênait. Anaya soupira et décida de sortir dehors pour prendre l'air. Elle sortit du lit en silence et mit un short pour ne pas sortir en culotte et T-shirt oversize noir dehors. Sur la pointe des pieds, elle se dirigea vers la porte. La lumière de la Lune lui permettait d'entr'apercevoir les obstacles les plus volumineux seulement, les fenêtres et leurs rideaux occultant la majeure partie de la lumière qui aurait pu l'éclairer. Seulement, les pieds de table ne sont pas bien gros... Son petit doigt de pied rencontra l'un d'eux assez violemment. Anaya se mordit aussitôt la lèvre pour ne pas crier, ses yeux s'humidifiant sous le coup de la douleur. Boitant légèrement, Anaya parvient cependant à atteindre la porte. Elle l'ouvrit, sortit puis la referma.

- « Oh putain sa mère ce que ça fait mal ! » lâcha-t-elle à voix basse pour ne pas réveiller tout l'hôtel.

Silencieusement, son petit doigt de pied la faisant toujours souffrir, Anaya descendit les escaliers. Il n'y avait personne dans les couloirs ni même dans le hall ce qui lui donnait l'impression d'être seule au monde. Elle aimait le silence que la nuit apportait avec elle. À pas de velours, elle quitta l'hôtel, traversa le parking pour gagner un petit bosquet qu'elle avait remarqué en arrivant il y a quelques heures déjà. Dehors, la Lune éclairait parfaitement l'environnement qui l'entourait si bien qu'elle y voyait comme en plein jour. Elle aperçut l'arbre au tronc courbé qu'elle avait vu. Avec aisance, elle s'en approcha puis choisit de s'assoir sur le tronc de ce dernier qui était parallèle au sol avant de remonter vers le ciel, permettant à trois personnes de s'installer les unes à côté des autres sans problème. Anaya choisit de se mettre à droite, là où le tronc remontait. Elle grimpa sur quelques branches basses pour pouvoir s'assoir plus aisément puis entoura la partie qui voulait atteindre le ciel étoilé d'un bras, se maintenant ainsi pour ne pas tomber. Elle balança avec calme ses jambes d'avant en arrière, savourant avec délice la fraîcheur de la nuit et son délicat parfum mêlé à celui des fleurs qui embaumaient l'air malgré leurs pétales fermées. Elle leva les yeux vers le ciel, admirant à travers le trou que les feuilles laissaient l'unique constellation qu'elle pouvait y voir. Il s'agissait des Pléiades. Un minuscule regroupement d'étoiles formant une casserole si petite dans le ciel qu'il était difficile de la voir avec les lumières artificielles de la ville. Ici, la lumière n'était que naturelle. La ville était trop éloignée et la forêt environnante bloquait tous les possibles rayons lumineux de cette dernière qui pourraient venir troubler la paix de ce lieu. Elle se prit à rêvasser en fixant ainsi les étoiles. Elles étaient comme des gardiennes ancestrales des vies fragiles des humains qui vivaient sous elles, les éclairant de leur lumière du passé qui les faisait rêver, espérer plus que n'importe quoi d'autres. Fascinée par leurs lueurs bienfaitrices, Anaya les observa, remarquant des étoiles avant invisibles à ses yeux du fait de la pollution lumineuse de la ville. Elles étaient semblables à des petites pierres précieuses accrochées à la surface d'une toile sombre et pourtant si lumineuse dans cette nuit qui semblait sans fin. Elle sourit, les yeux brillants, miroirs de ces veilleuses nocturnes aux milles couleurs. La brise souleva ses cheveux, les parfumant avec les odeurs tropicales de l'environnement verdoyant à présent bleu sombre qui l'entourait. Elle était comme seule au monde, assise ici, sur cette arbre dont la vie pulsait sous l'écorce solide qui l'entourait telle une carapace, le protégeant des attaques imaginaires de prédateurs inexistants durant cette paix, cette accalmie dans une vie. Le monde semblait s'être arrêter pour contempler la beauté du ciel de cette fin du mois de juin. Le temps semblait avoir arrêter sa course folle, au moins pendant un instant pour admirer cette vison du paradis qui s'offrait aux yeux du monde endormi. Seuls les rares chanceux encore debout, ceux qui résistaient au sommeil qui souhaitait les emporter loin de leurs corps dans ce monde parallèle qu'était celui des rêves, avaient la chance d'apercevoir cette beauté du monde, ce trésor du monde que trop d'êtres semblaient oublier. Dans la fraîcheur de cette nuit thaïlandaise, propice aux rêves, Anaya se sentait en paix.

Petit AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant