Chapitre 48 : La Fille qui apportait la Mort.

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Où était-elle ? Elle rampa dans l'obscurité. Était-elle morte ? Une vague de soulagement la submergea. Elle ne craignait pas la mort. Elle l'accompagnait depuis si longtemps qu'elle était comme une vieille amie. Elle la suivait partout, tuant ceux qui l'approchait. « Enfant maudite » lui criait-on dans la rue. Elle avait vu mourir sa mère. Elle avait vu mourir son père. Elle avait vu mourir sa soeur. Elle avait vu mourir ses amis. Elle était la cause de tout. Chaque personne qui l'approchait finissait par mourir. On l'appelait si souvent la fille de la Mort qu'elle ne réagissait même plus. Elle se souvenait d'une vieille histoire que lui avait raconté sa mère quand elle était très jeune.

Dans un lointain passé, la Mort avait eu une fille. Elle était belle comme le jour et souriait si souvent que les humains ne craignaient plus la Mort. Ils l'appelaient à eux dans l'espoir de voir cette merveille. La Mort aimait profondément sa fille. Les dieux, furieux que l'ordre du monde est été bouleversé, ordonnèrent à leur messager de faire parvenir un message aux humains. Il était possible de ramener un être aimé à la vie en prenant ce que la Mort avait de plus précieux. Les humains, cupides et mauvais, tendirent un piège à la Mort et lui arrachèrent sa fille, la tuant sous ses yeux. Inconsolable et folle de rage, la Mort brandit sa faux, tuant le village entier. Elle condamna les hommes à errer sans but, le bonheur leur échappant toujours. La Mort devint froide et sans couleur, son cœur brisé ne se répara jamais, l'empêchant de ressentir le moindre sentiment. On raconte qu'un jour viendra ou la Fille de la Mort renaîtra et ce jour-là, la Mort sourira, permettant au monde de retrouver ses couleurs d'antan.

Si belle histoire... Dans son village, être traitée de Fille de la Mort était l'une des pires insultes existant... Cela signifiait que partout où tu passais, les gens mourraient, le bonheur disparaissait. C'était la vérité. Partout où elle allait, tous les gens qu'elle avait rencontré finissait pas mourir, balayant la joie des cœurs... Soudain, elle sentit qu'on la secouait. Luttant pour parvenir à n'ouvrir ne serait-ce que d'un millimètre l'un de ses yeux. Une voix lointaine l'appelait. Dans l'obscurité de son esprit, Apsara tenta de s'y raccrocher aussi fort qu'elle pouvait, tentant par tous les moyens d'échapper à cette voix qui la poursuivait depuis des années.

« Ta faute... C'est ta faute... » murmurait-elle en boucle, ne la laissant jamais en paix, la poursuivant dans ses rêves, dans ses cauchemars, dans chacun de ses mouvements, dans chacune de ses paroles.

Elle savait que c'était de sa faute... Elle aurait dû faire quelque chose, courir, hurler, appeler au secours mais non. Non au lieu de ça elle s'était enfuie lâchement... Laissant le cadavre de sa petite soeur dans cette ruelle sale et sans lumière. Elle n'y était jamais retournée... Elle ne l'avait plus jamais revu... Non sa petite soeur n'avait jamais été enlevé par ces hommes qui l'avaient prise elle... Elle était morte par l'incompétence de sa soeur... Et à chaque fois que les hommes qui l'avaient enlevé la battait, la frappait, l'insultait ou la violait, Apsara se punissait, se disant qu'elle l'avait mérité, trouvant encore que c'était une punition trop douce pour ce qu'elle avait fait... Le poids de sa culpabilité la suivait partout, la détruisant peu à peu tandis qu'elle faisait semblant d'aller bien... Elle avait tenté tant de fois de rejoindre la Mort mais à chaque fois elle se disait que c'était trop simple de s'enfuir ainsi, qu'elle devait payer pour ce qu'elle avait fait. Tout était à cause d'elle. On le lui avait suffisamment répété et elle le pensait elle-même. Le nom de Fille de la Mort lui allait parfaitement... Elle avait tenté de ne plus fréquenter personne, de toutes ses forces, mais c'était impossible... Elle avait fini par s'attacher à Banjit, à Aranya, à Pisut et à tous les autres... Elle avait espéré que peut-être eux ne seraient pas touchées par sa malédiction... Mais comme les autres ils étaient morts... Aranya, sa meilleure amie, était morte dans ses bras... Pendant tout ce temps-là où elle agonisait dans la souffrance, Apsara pleurait, la culpabilité lui transperçant le coeur de part en part... Elle lisait dans les yeux de son amie sa peur, son effroi de sentir la Mort venir, pénétrant chacun de ses membres en y répandant le froid... Pour chaque larme et supplication que son amie soufflait, Apsara se détestait un peu plus... Elle avait hurlé au ciel sa douleur, son désarroi de perdre son amie. Les mêmes regards de dégout, de haine... Les mêmes messes basses... Les mêmes conseils...

« Ne t'approche pas d'elle... »
« La Fille de la Mort a encore frappé... »
« Je t'interdis de l'approcher ! »

Et tant d'autres encore...

Apsara n'avait jamais oublié le dernier regard que son amie lui avait lancé... Un regard de peur, de haine et de dégout mêlés... Comme si elle avait compris que c'était de sa faute si elle souffrait... Apsara s'était promis de ne plus approcher personne, de ne plus s'attacher à personne pour ne plus que des gens souffrent par sa faute... Elle avait réussi au début... Elle avait chassé Pisut en lui donnant ce qu'il lui fallait pour retourner en Thaïlande retrouver sa famille. Elle avait passé tant de mois seule qu'elle s'était presque fait au fait de vivre seule et détestée pour toujours... Presque... Dans ce bus... Quand cette petite fille l'avait regardé... Elle n'avait pas pu s'en empêcher... Et maintenant elle était entre la vie et la mort... Par sa faute... Encore... Mais malgré ça... Elle les aimait si fort... Son coeur ne s'était plus senti aussi léger depuis si longtemps... Mais s'ils apprenaient qui elle était... Ils feraient comme les autres... Ils la rejèteraient... Et en même temps, elle ne leur en voudrait pas bien qu'elle savait qu'après tout ce qu'ils lui avaient dit, promis, que vu à quel point elle tenait à eux, son coeur ne s'en relèverait sûrement pas cette fois-ci... Mais qui voudrait de la fille qui apporte la Mort avec elle...?

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¡Hola mis ángeles!
¿Cómo estáis?
Moi ça va

Avant toutes choses, je tenais à préciser que cette légende de la Fille de la Mort est inventée de toutes pièces et n'existe absolument pas dans la culture thaïlandaise, vietnamienne ou laotienne. Elle vient de ma propre imagination car je n'en ai trouvé aucune qui pouvait être utiliser ici. Par compte durant mes recherches j'ai appris que Apsara était aussi un nom commun (« apsara ») et qu'elles sont des nymphes célestes. J'en apprends tous les jours avec cette fanfiction 😂

Sinon j'espère que ce chapitre vous a plu !
Qu'en avez-vous pensé ?
Que pensez-vous de l'histoire et du passé d'Apsara ?

Prenez soin de vous !
Je vous aime ❤️❤️❤️

¡Besos a todos! 💜

Petit AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant