Chapitre 130 : Une branche pour deux vies.

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Cet après-midi plage avait très reposant pour tout le monde. Paula avait fini par se réveiller d'ailleurs. Elle se souvenait de comment elle avait appelé Sergio avant de s'endormir et continuait à présent à le faire sous les yeux de sa mère, heureuse à un tel point que son cœur pourrait exploser en voyant sa fille s'habituer à sa nouvelle vie aussi rapidement. Jouant sur le sable avec quelques coquillages, Apsara regardait sa sœur s'amuser. Elle, elle essayait de faire un collier de coquillage avec un morceau de fil qui avait décidé de quitter ses vêtements au bon moment. Elle limait les coquillages sur une pierre jusqu'à obtenir un trou suffisamment grand pour y passer le fil. Elle faisait à chaque coquillage passé, un noeud pour le retenir, afin d'éviter qu'ils ne se retrouvent tous au milieu et encombrent le fil fragile par leur poids. Le soleil se couchait à l'horizon. Il devait être aux alentours de 18h45. Voir peut-être même 19h00 car ils venaient d'entrer dans le mois de juillet. Les coquillages s'enfilaient doucement, ses doigts agiles ayant l'habitude d'en faire il y a bien longtemps avec sa mère et sa petite sœur. En les enfilant un à un, Apsara réfléchissait. Pouvait-elle, elle aussi, appeler Raquel et Sergio papa et maman comme le faisait Paula et comme le ferait probablement plus tard Ariana ? Elle l'ignorait. Raquel sembla remarquer qu'elle était pensive car elle signala à Sergio qu'elle revenait et se dirigea vers elle.

- « Tout va bien Apsara ? Tu sembles bien pensive... » lui demanda Raquel en s'agenouillant près d'elle.

- « Oui oui. Ça va. » répondit rapidement Apsara.

Peut-être trop rapidement car Raquel fronça les sourcils et s'assit près d'elle.

- « Je vois bien que non ma puce... Que se passe-t-il ? » lui redemanda-t-elle avec douceur.

- « C'est rien... C'est juste... C'est ridicule... »

- « Dis-moi... » l'incita Raquel d'un sourire.

- « Je... C'est juste que je vois Paula vous appeler papa et maman et je me demandais si je pouvais faire pareil. » répondit si rapidement Apsara qu'il fallut un instant à Raquel pour tout traiter.

Un instant qui était rempli d'un silence qu'Apsara prit pour un non. Elle se leva brusquement et partit en courant, abandonnant son collier de coquillages dans le sable.

- « Apsara ! Attends ! » s'écria Raquel.

Sergio ouvrit la bouche pour lui demander ce qu'il se passait mais elle lui fit signe de rester ici et partit en courant derrière Apsara. Elle entra dans la forêt où était rentrée sa fille, cherchant la silhouette frêle de celle-ci entre les arbres. Elle n'était nul part. Soudain, elle entendit un petit reniflement au dessus d'elle et leva la tête. Là, accrochée au tronc d'un arbre et d'une branche, Apsara pleurait.

- « Hé... Mon ange... Ne pleures pas... » murmura Raquel d'une voix apaisante.

- « Je sais que vous m'aimez pas... De toute façon vous avez raison... Je porte malheur depuis toute petite... » répondit Apsara en détournant la tête, signe qu'elle ne voulait pas l'écouter.

Raquel soupira, sentant la détresse de son enfant. Elle s'approcha de l'arbre, observant le tronc pour comprendre comment sa fille avait bien pu monter. Finalement, elle posa son pied sur une racine et monta assez rapidement dans l'arbre. C'était plus simple que de monter dans les arbres européens... Ceux d'Asie avaient bien souvent le tronc noueux et c'était bien plus facile de monter. Elle parvint à la hauteur d'Apsara qui recula.

- « Écartes-toi de moi... Tu vas tomber et tu vas mourir sinon... Et ce sera ma faute... » balbutia Apsara en reculant davantage sur la branche.

Celle-ci était assez fine. Trop fine. Alors qu'elle reculait à nouveau, la branche sur laquelle Apsara était assise craqua et se brisa. L'enfant se sentit tomber et cria. Raquel parvint à la rattraper d'une main, l'autre étant accrochée au tronc.

Petit AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant