Chapitre 126 : D'une chute sur les pavés...

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L'escalier fait de marches de béton et de pavés qui ressortaient ici et là semblait tout simplement interminable.

- « C'est encore loin...? » râla Paula.

Sergio se retourna en souriant, visiblement amusé.

- « On y presque. » répondit-il.

- « Mais tu as déjà dit ça il y a cinq minutes ! » protesta la fillette d'un air outré.

- « En effet mais théoriquement parlant, on est plus près de la destination que tout à l'heure étant donné que nous avons avancé. » supposa Sergio.

- « C'est vrai mais on est toujours pas arrivé... Et j'ai mal aux pieds... » soupira Paula.

Raquel était devant, discutant avec Apsara à qui Paula avait laissé Niran sur sa demande. Sergio était resté derrière avec Paula et Mariví était entre les deux paires afin d'éviter qu'elle ne se perde ou qu'on la perde de vue. Raquel avait toujours peur que dans un moment d'oubli, elle panique et ne les reconnaisse plus, préférant partir en courant pour échapper à sa famille qui lui serait alors étrangère. Heureusement, ce n'était pas encore arrivé mais elle savait pertinemment que la maladie pouvait rapidement se dégrader comme stagner. Elle était imprévisible, comme un serpent sournois tapis dans les feuilles mortes, attendant que vous baissiez votre vigilance pour vous frapper d'un coup mortel. Soudainement, Paula trébucha sur le chemin, son pied butant dans un pavé plus haut que l'autre qu'elle n'avait pas vu, tombant sur les genoux.

- « Aïe... » gémit-elle.

Sergio s'arrêta aussitôt, l'aidant à se relever. Ses genoux étaient tout écorchés de par la chute et quelques perles de sang s'échappaient déjà des entailles.

- « Tu vas bien ? » s'inquiéta Sergio en s'agenouillant à sa hauteur.

À sa grande surprise, les yeux de Paula étaient embués de larmes. L'une d'elles coula d'ailleurs sur sa joue en silence. Paula l'essuya aussitôt d'un air rageur.

- « Oui oui... » dit-elle.

Elle se remit à marcher, Sergio la suivant, son esprit prit dans une réflexion intense. Elle mentait et il le savait. Il sût qu'il avait raison en la voyant grimacer en marchant, ses yeux vitreux prouvant qu'elle retenait ses larmes. Elle trébucha à nouveau mais cette fois-ci, Sergio la rattrapa.

- « Merci... » dit Paula d'une petite voix, se détournant pour continuer la route.

Il l'arrêta d'un geste.

- « Hé... Paula... Je vois bien que ça ne va pas... » dit Sergio, s'agenouillant à sa hauteur.

- « Si ça va. Je vais bien. J'ai pas mal. » répondit Paula d'une voix brusque, comme un affront, les yeux plantés dans ceux de Sergio, une colère sourde qu'il savait n'être qu'une façade brûlant dans les yeux de l'enfant.

- « Pourquoi mens-tu ? »

La question posée de Sergio sembla prendre Paula de cours. Mais il faut dire qu'il avait déjà vu Raquel avoir cette même réaction. Elles se ressemblaient beaucoup...
La colère qui brillait dans les yeux de la fillette vacilla un instant avant qu'elle ne détourne les yeux.

- « Ça te regarde pas... » répondit-elle après un silence.

Dubitatif, Sergio leva un sourcil et se releva. Il reprit sa marche tout comme Paula.

- « Tu sais que tu as le droit de pleurer et d'avoir mal. » dit-il simplement.

Un silence glaçant s'installa entre eux.

Petit AngeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant