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Munich, 14 août 1943.

Draco était enfermé dans sa chambre depuis près d'une heure.

Il fuyait autant la pression de l'ensemble de sa famille que la présence dévorante de Pansy. Tout bien considéré, peut-être même qu'il fuyait les dernières directives d'Hermione et la gravité insondable de son parrain. Il ne souhaitait voir personne.

Il se préparait ou, du moins, il en donnait l'illusion. Ses mains effleuraient ses cheveux pour y plaquer des mèches indociles imaginaires. Cette pensée l'amena directement à songer à Harry. Harry et ses boucles légères, mais indomptables, Harry et ses cheveux à l'exacte opposée des siens. Draco se reprit en plaquant encore davantage les siens contre son crâne. Le résultat était parfait, il l'était déjà avant qu'il ne mette un pied dans la pièce qui jouxtait sa chambre et qui lui servait de salle de bain personnelle. Pourtant, il s'obstinait à trouver des excuses pour ne pas quitter ce cocon rassurant, la bulle de ses tourmentes toujours moins terrifiante que l'imprévisible réalité.

Le bal aurait lieu le soir même et Draco perdait d'ores et déjà le contrôle des événements. Malgré le plan minutieusement élaboré par Severus, l'inattendu ne manquerait pas d'y inscrire sa marque. L'Allemand craignait cela plus que tout. Il mourait d'envie de se joindre à Hermione et de vérifier avant tout autre la santé d'Harry. Il s'efforçait de considérer uniquement cette solution, il refusait d'émettre l'hypothèse inverse tandis que sa conscience le lui répétait, inlassablement. Et si Nott s'était débarrassé de ses prisonniers ? Draco avait beau y réfléchir, il ne parvenait pas à imaginer un scénario où leur maître-chanteur libérait ses prisonniers et mettait un terme à ce jeu abject de son propre chef. Et si c'était parce que Nott n'avait jamais prévu de leur rendre ce qu'il leur avait injustement volé ?

Draco avisa ses yeux fatigués. Sa mère lui en avait fait la remarque à son arrivée en gare de Munich et son fils n'avait pu prétendre une forme égale. Il avait prétexté une charge de travail particulièrement importante ces dernières semaines sans prendre la peine de détailler ce qu'il venait tout juste d'inventer. Il avait également présenté Hermione comme sa femme de ménage, ce à quoi Narcissa n'avait rien dit. Sans doute se doutait-elle de quelque chose, trop vive d'esprit pour prêter foi à ce grossier mensonge. Elle s'inquiétait pour sa progéniture, cela ne faisait pas l'ombre d'un doute.

— Draco ?

Les yeux de l'intéressé roulèrent dans leurs orbites. Pansy avait fini par céder à son impatience chronique et à venir chercher par elle-même son époux. Par deux fois, elle avait fait déplacer une servante et un majordome pour s'en charger à sa place.

— Je suis bientôt prêt, Pansy.

— Puis-je t'aider ?

Manifestement, et aussi étonnant cela puisse paraître, elle ne paraissait pas oser pénétrer dans l'antre. Cela ne durerait qu'un temps, Draco le savait, mais ne put s'empêcher de se montrer surpris devant ce respect inhabituel de son intimité.

— Je comprends que tu veuilles être parfait aux yeux du monde, après tout, la plupart ne t'a pas revu depuis ton départ, mais nous le serons, que tu te mettes en retard ou non.

Draco pinça les lèvres et manqua de répliquer une remarque acerbe sur le temps que pouvait réserver son épouse à sa mise en beauté. La plupart des femmes de la haute société allemande adoptait une attitude identique, trop occupées à s'attifer devant la glace pour penser un seul instant à la guerre. Pansy pénétra dans la pièce, lassée d'attendre des réponses que son mari n'avait pas cœur à lui donner. Son corps ondula dans la fine toile de soie, ce tissu finement brodé qui devait coûter une fortune et qui moulait gracieusement les formes féminines de la bourgeoise. Un sourire approbateur franchit les lèvres et Draco ne sut déterminer si elle était satisfaite de le voir la détailler de la sorte ou si le soin qu'il avait apporté à son apparence la comblait. Elle déposa un baiser sur sa joue en un battement de cil.

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant