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Strasbourg, 20 août 1940.

Harry n'avait guère tardé à s'abandonner aux bras de Morphée à son tour. Ses membres lourds lui suppliaient le repos et il finit par lâcher prise pour ne s'éveiller que de longues heures plus tard. Hagard, il remarqua la lumière vive du jour qui baignait la petite chambre à l'étage, comprenant qu'il venait de s'octroyer un sommeil bien mérité.

Il se redressa alors subitement, ignorant les courbatures de ses cuisses et de ses bras. Draco ! Comment se portait-il ? Il se souvenait de l'avoir vu s'effondrer au sol, Hermione se jetant à sa suite pour vérifier son état. Malgré la bonne volonté du Français, il n'avait pu résister bien longtemps et son amie l'avait envoyé se coucher sans même lui laisser le choix. Un ordre auquel il n'avait pas intérêt à désobéir.

Il se tira de la douce chaleur des draps défaits, abandonnant le lit à regret. Il luttait contre une profonde envie de s'allonger à nouveau et de laisser le néant l'envahir. Un néant dépourvu d'interrogations et de pensées douloureuses. À défaut d'exaucer ce souhait, il se vêtit rapidement, les mouvements fébriles quoi que l'expression de son évidente fatigue.

—Mione ? héla Harry, sortant de la pièce avec mille précautions.

Il traversa le couloir désert où plusieurs portes s'alignaient. Une demi-douzaine de chambres semblables à la sienne. L'esprit encore embrumé par l'épuisement, il ne songeait plus qu'à l'homme qu'il avait sauvé. Pas encore au baiser qu'ils avaient échangé, préférant garder ce détail pour une réflexion ultérieure. Celui-ci et tout ce qui s'apparentait à l'acte de trahison qu'il avait commis. Il savait pourtant pertinemment qu'Hermione devrait en avoir l'écho, tôt ou tard. Simplement ne pas y songer semblait représenter la solution la plus douce, la plus enviable.

—Harry ? Tu es déjà levé ? Je croyais t'avoir dit de te reposer, le sermonna la jeune femme, sortant de la petite cuisine, un gâteau à la couleur inquiétante entre les mains.

—Quelle heure est-il ? riposta Harry, se frottant frénétiquement le front où perçait les premiers signes d'une migraine.

—Un peu plus de dix-sept heures.

—Tu ne crois pas que ces dix heures de repos sont suffisantes ? railla le juif, un sourire qui se voulait léger au coin des lèvres.

—Non, contrairement à ce que tu peux penser. J'ai pu lire ta fatigue sur ton visage depuis l'extrémité du couloir alors ne crois pas une seconde me duper !

Elle déposa le gâteau sur la table, admirant son œuvre avant de fermer la porte derrière elle et de s'asseoir, invitant son ami à l'imiter. Une fois installés, Hermione étudia l'inquiétude qui le rongeait. Une sorte d'angoisse corrosive dont elle doutait de l'origine. Les sourcils froncés, elle s'enquit, d'une voix qu'elle espérait détachée :

—Comment tu te sens ?

—Bien, et parfaitement reposé, Mione.

—J'attendais une réponse sincère, pas celle destinée à me rassurer.

—Mione, qu'est-ce que ce... ce...

—C'est un gâteau, Harry. J'ai pensé que ça nous changerait du pain, tu ferais bien de goûter un morceau. Et maintenant, si tu le veux bien, tu vas arrêter de jouer à ce petit jeu. Tu sais très bien qu'il ne prend pas et que je ne te laisserai pas t'en sortir à si bon compte. Réponds-moi, j'ai besoin de savoir.

Harry déglutit péniblement, le regard soudain absorbé par l'œuvre de son amie. Aucune odeur de brûlé ne s'en dégageait, bien que la chose ne soit pas des plus appétissantes. Le jeune homme ferma les yeux un court instant avant de se reprendre, s'humectant les lèvres avec précaution pour répondre, de manière plus ou moins satisfaisante :

Cueillir les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant